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Les médias au secours de France Inter, Patrick Cohen et Thomas Legrand

22 septembre 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Les médias au secours de France Inter, Patrick Cohen et Thomas Legrand

Temps de lecture : 5 minutes

Les médias au secours de France Inter, Patrick Cohen et Thomas Legrand

En juil­let 2025, Thomas Legrand et Patrick Cohen, jour­nal­istes à France Inter, pre­naient un café avec Pierre Jou­vet et Luc Broussy, dirigeants du Par­ti social­iste. Un chanceux indis­cret se trou­vait à prox­im­ité et avait filmé la scène. À la faveur de la ren­trée, L’Incorrect a dif­fusé une par­tie de l’enregistrement. L’opinion publique s’enflamme, et les médias défend­ent leurs confrères.

Pas touche à la vie privée

Les médias sont assez cou­tu­miers d’enquêtes sur les per­son­nal­ités de droite, que ce soit en exhumant leurs réseaux soci­aux, leurs rela­tions intimes peu ortho­dox­es ou leurs proches poten­tielle­ment gênants. En revanche, quand L’Incorrect pub­lie une dis­cus­sion ayant eu lieu dans un espace pub­lic, le crime sem­ble proche du har­cèle­ment. En effet, l’un des axes de défense de Patrick Cohen est que la vidéo con­stitue un « vol de con­ser­va­tion privée ». La Tri­bune Dimanche et BFMTV relaient ain­si son pro­jet de porter plainte, à la fois con­tre L’In­cor­rect, et poten­tielle­ment con­tre tous ceux qui ont partagé la vidéo sur les réseaux soci­aux. Médi­a­part évoque une « vidéo pirate », ce qui ne manque pas de sel pour un jour­nal sup­posé d’investigation.

Voir aus­si : Thomas Legrand, portrait

« Circulez, c’est l’extrême droite »

L’une des défens­es les plus sim­ples est naturelle­ment de pré­cis­er que L’Incorrect est un « média d’extrême droite » (BFMTV), de façon à l’ostraciser. Médi­a­part détaille longue­ment l’affaire, affir­mant que « les effets de cette bombe médi­ati­co-poli­tique sont savam­ment ampli­fiés par les jour­nal­istes du groupe Bolloré ».

Après avoir accusé plusieurs fois l’extrême droite de se saisir de l’affaire, le jour­nal pré­cise qu’il « n’y a pas que l’extrême droite ». Et de citer Jérémie Patri­er-Lei­tus, député Hori­zons, et Jean-Luc Mélen­chon. La tac­tique est sim­ple. Mon­tr­er que la vidéo a été dif­fusée par l’extrême droite et qu’elle intéresse l’extrême droite, et qu’à ce titre, elle n’est digne que de tomber dans l’oubli. Les médias sont passés maîtres dans cet art d’évoquer l’extrême droite pour éviter de débat­tre du fond d’un con­tenu ou d’un argument.

Rachida Dati contre le service public, Goliath contre David

Le point le plus repris de la con­ver­sa­tion est l’évocation de Rachi­da Dati. La min­istre de la Cul­ture – démis­sion­naire depuis la démis­sion de François Bay­rou – brigue la mairie de Paris. Or, Thomas Legrand affirme dans la vidéo : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick [Cohen] et moi. » De quoi faire crain­dre des émis­sions de pro­pa­gande tournées dans le but d’influencer les élec­tions. Rachi­da Dati a donc demandé à France Inter de réa­gir, ce qui, pour Médi­a­part, relève de l’« inter­ven­tion­nisme sur le ser­vice pub­lic » de la part d’une min­istre « qui s’est fait une spé­cial­ité de men­ac­er les jour­nal­istes du ser­vice public ».

Des relations entre journalistes et politiques

Il est évi­dent que les jour­nal­istes ne sont pas neu­tres. Ils ne le sont ni quand ils choi­sis­sent leur sujet, ni quand ils choi­sis­sent leurs sources, ni quand ils choi­sis­sent leur angle, ni quand ils choi­sis­sent leurs mots, ni même quand ils choi­sis­sent leur image d’illustration. Il est évi­dent aus­si que, pour faire leur tra­vail, ils ont besoin des numéros de télé­phone de nom­breuses per­son­nal­ités poli­tiques, de les appel­er, voire d’échanger avec elles plus longue­ment, autour d’un verre par exemple.

Il ne s’agit pas de reprocher à Thomas Legrand et Patrick Cohen d’avoir des sym­pa­thies pour les idées de gauche, de con­naître Pierre Jou­vet et Luc Broussy ou de pren­dre un café avec eux. Ce qui leur est reproché, c’est bien d’évoquer ce qu’ils font pour influ­encer la cam­pagne munic­i­pale parisi­enne et au-delà de pré­par­er la can­di­da­ture de Raphaël Glucks­mann.

De plus, l’affaire est une nou­velle preuve de la par­tial­ité du ser­vice pub­lic. Or, comme son nom l’indique, le ser­vice pub­lic est payé par nos impôts, ce qui veut dire que les électeurs de Rachi­da Dati paient des jour­nal­istes qui veil­lent à sabor­der sa cam­pagne et à favoris­er la cam­pagne du com­pagnon de Léa Salamé. Cela fait peut-être rire les­dits jour­nal­istes, pas for­cé­ment les électeurs. Sans oubli­er qu’un tel sabor­de­ment est illé­gal, puisque l’audiovisuel pub­lic doit assur­er l’égalité de traite­ment des par­tis poli­tiques et des courants de pensée.

Voir aus­si : Raphaël Glucks­mann, portrait

Dur de défendre l’indéfendable

La vidéo existe, elle choque, l’attaquer n’est pas si sim­ple, et toutes les armes des médias sont bien impuis­santes. Thomas Legrand lui-même s’emploie à sa pro­pre défense dans un arti­cle dif­fusé chez Libéra­tion, où il écrit ceci. « Quand on est jour­nal­iste poli­tique, toutes les sit­u­a­tions, de prox­im­ité et de dis­tance, tant qu’elles sont hon­nête­ment négo­ciées, sont envis­age­ables. Sauf, bien sûr, des rela­tions trop per­son­nelles. » On sup­pose dès lors que Thomas Legrand dés­ap­prou­ve les rela­tions plus que per­son­nelles entre Léa Salamé, sa con­sœur présen­ta­trice du 20h de France 2, et Raphaël Glucks­mann, eurodéputé social­iste et acces­soire­ment favori poli­tique de Thomas Legrand. Il dénonce égale­ment la méth­ode « trumpi­enne » de Rachi­da Dati qui con­siste à « men­ac­er, men­tir, semer la con­fu­sion, pour décrédi­bilis­er tous les con­tre-pou­voirs, insti­tu­tion­nels ou non insti­tu­tion­nels ». Soit peu ou prou ce que font les médias qui men­a­cent de porter plainte quand on dif­fuse ce qui ne leur plaît pas, affir­ment qu’une vic­time de fran­co­cide était raciste, mélan­gent les prénoms, les âges et les nationalités.

Voir aus­si : Affaire Cohen-Legrand : on vous racon­te les couliss­es de la polémique

Adélaïde Motte

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