Après avoir qualifié à tort d’antisémite Joseph Martin, candidat RN en 2024 dans le Morbihan, deux journalistes de Libération (Maxime Macé, Pierre Plottu) ont été mis en examen, ainsi que leur directeur de publication et la Ligue des droits de l’homme (LDH) ; cette mise en examen fait suite à une plainte pour diffamation. Fdesouche avait levé le lièvre et le RN, qui avait d’abord lâché son candidat, l’avait finalement réhabilité.
Accusation de négationnisme
L’affaire démarre en juin 2024. Libération exhume un tweet attribué à Joseph Martin, interprété comme « négationniste ». L’emballement médiatique suit et le RN retire son soutien dans l’urgence. Dans les jours qui suivent, Fdesouche documente le contexte réel de la publication et conteste l’accusation. Plusieurs médias nuancent. Le RN réinvestit finalement Joseph Martin mais ce dernier n’est pas réhabilité par la presse qui avait jeté son nom en pâture. Un an plus tard, la procédure pénale vise les auteurs et relaie l’allégation initiale.
De l’emballement à la mise en examen
Selon le JDD, deux journalistes de Libération, leur directeur de publication et la Ligue des droits de l’homme ont été mis en examen pour diffamation. La plainte, portée par Me Gilles-William Goldnadel au nom de Joseph Martin, dénonce une atteinte grave à l’honneur et des conséquences électorales directes. L’article incriminé n’avait pas été retiré ni suivi d’excuses publiques, point central du grief.
Cette mise en examen n’est pas une condamnation, mais elle matérialise des indices suffisants de participation aux faits allégués.
Elle ouvre la voie à un débat contradictoire sur la vérification des sources, la bonne foi et l’intérêt légitime d’informer. Ici, la chaîne de reprise : de Libération à d’autres titres, amplifie l’enjeu de diligence, surtout en période électorale.
Le rôle déclencheur des contre-enquêtes
Dès le 20–23 juin 2024, Fdesouche publie des éléments et recadrages, contraignant plusieurs médias à relativiser l’accusation. Le JDD, TF1 Info, Le Point et Le Monde signalent la réhabilitation du candidat. L’épisode illustre l’utilité, et les limites, d’un écosystème de vérification : il peut corriger vite, mais arrive après l’onde de choc. Ici, sans le travail du site de « revue de presse » et d’investigation Fdesouche, l’affaire n’aurait probablement pas pu émerger.
Ici, le correctif est venu d’un site souvent honni par la presse mainstream, mais décisif pour l’établissement des faits. Rappelons qu’en 2022, Fdesouche avait également été victime d’une fausse information de la part du journal Le Monde.
Responsabilités éditoriales et dommage politique
Le préjudice invoqué est double : réputationnel et électoral. L’affaire rappelle que la liberté d’expression journalistique s’accompagne d’obligations de prudence, surtout lorsqu’une qualification infamante comme l’antisémitisme est en jeu.
Article non modifié ni retiré
Le 22 octobre, alors que ses deux porte-plume ont été mis en examen, le journal ultrasubventionné n’avait toujours pas retiré ou modifié son article au titre très militant : « Antisémitisme : le RN retire son soutien à l’un de ses candidats après un tweet déterré par “Libé” ».
Reste donc à voir si ce maintien pénalisera Libé alors que le profil très militant des deux journalistes est connu de tous, Maxime Macé étant même passé par le site d’extrême gauche StreetPress spécialisé dans la délation et le fichage… À l’inverse des réflexes de meute, la jurisprudence protège la critique de bonne foi si elle s’appuie sur une base factuelle sérieuse.
C’est précisément ce qui sera discuté devant le juge. Sur le plan politique, le RN est accusé par certains d’avoir fauté par précipitation en lâchant trop vite son candidat, avant de corriger le tir.
Le coût, lui, reste pour la « victime » initiale, sommée de prouver son innocence dans l’arène médiatique et surtout de vivre avec des articles à charge et très peu de modifications ou alors très timides.
Voir aussi : Pierre Plottu, portrait
Rodolphe Chalamel


















