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Lancement du nouveau media Omerta : découvrir avant de juger

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7 novembre 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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Lancement du nouveau media Omerta : découvrir avant de juger

Temps de lecture : 5 minutes

Régis Le Sommier va prochainement lancer avec une équipe de journalistes, de caméramen et de producteurs un média d’enquêtes et de documentaires en ligne. Avant même le début de son activité annoncé pour le 16 novembre, Omerta a fait l’objet d’une critique en règle de la part du journal Libération. Et si l’on attendait de découvrir ce média avant de le juger et de le critiquer ?

Enquêtes de terrain et documentaires

Dans le secteur des médias, ces dernières années ont été mar­quées par la pro­gres­sion de l’information bon marché, avec des arti­cles trop sou­vent rédigés à la hâte par des intel­los pré­caires à par­tir de dépêch­es d’agences de presse. Les raisons en sont mul­ti­ples : baisse du lec­torat, irrup­tion de médias en ligne, appari­tion de jour­naux gra­tu­its, hausse du coût de pro­duc­tion des jour­naux, etc.

Dans ces con­di­tions, le lance­ment d’un média privé qui annonce sans ambages faire de son cœur de méti­er des enquêtes de ter­rain et des doc­u­men­taires est une bonne nou­velle. Sur le site du média en ligne, Régis Le Som­mi­er affiche les objec­tifs qu’il assigne à Omer­ta et à la trentaine de jour­nal­istes, caméra­men et pro­duc­teurs qui tra­vailleront avec lui : « don­ner du temps à ses jour­nal­istes d’enquêter, à moyen et à long terme, sur des thé­ma­tiques au cen­tre du débat pub­lic ».

Un journaliste aux solides références

L’OJIM a fait un por­trait de Régis Le Som­mi­er qui passe en revue les dif­férents médias aux­quels il a col­laboré : Paris match, où il a été directeur adjoint et RT France, jusqu’à l’arrêt récent de sa dif­fu­sion en Europe sur déci­sion de la com­mis­sion européenne. Il inter­vient régulière­ment sur Europe 1 et CNews depuis 2021, en par­ti­c­uli­er pour com­menter l’actualité inter­na­tionale. Régis Le Som­mi­er a obtenu deux prix, le grand prix de la presse inter­na­tionale en 2017 décerné par l’association de la presse étrangère et en 2018 le prix de la meilleure enquête jour­nal­is­tique décerné par le syn­di­cat des édi­teurs de la presse mag­a­zine et de Relais. Le directeur de la rédac­tion d’Omer­ta a donc de solides références qui lais­sent présager des enquêtes dignes d’intérêt.

Accointance avec la Russie ?

Régis Le Som­mi­er s’est exprimé en févri­er de cette année sur son activ­ité pro­fes­sion­nelle au sein de RT France : « Je n’aurais jamais accep­té de me prêter à un organ­isme de pro­pa­gande quel­conque ».

La lib­erté édi­to­ri­ale des jour­nal­istes sur des médias financés par des Etats est un vaste sujet. Au fil des années, deux médias financés par le gou­verne­ment russe, RT France et Sput­nik, ont su grâce à une cou­ver­ture non con­formiste de l’actualité trou­ver un large pub­lic en France. Des jour­nal­istes tal­entueux pas par­ti­c­ulière­ment con­nus pour avoir des liens avec la Russie y ont tra­vail­lé, à l’instar de Frédéric Tad­dei. A con­trario, l’émission Com­plé­ment d’enquêtes dif­fusée sur France 2 le 27 octo­bre accrédite une autre thèse. Lors du reportage, des tweets attribués à la direc­trice de RT France à des­ti­na­tion des jour­nal­istes de la chaine sont présen­tés, dont la teneur vis­erait à influ­encer leur présen­ta­tion de l’intervention armée de la Russie en Ukraine, en févri­er 2022. Une ver­sion des faits dont on aurait aimé avoir une ver­sion con­tra­dic­toire de la part de la prin­ci­pale intéressée et con­naitre l’impact réel sur la ligne édi­to­ri­ale du média. Dans le même ordre d’idées, un récent arti­cle de Libéra­tion fait ses choux gras sur une pré­ten­due accoin­tance d’Omer­ta avec la Russie.

La soirée au Grand Rex annulée…

Le 13 octo­bre, le quo­ti­di­en a con­sacré au nou­veau média un arti­cle dont le titre est tout en sub­til­ité : « Omer­ta», un nou­veau média pro-russe dans la guerre de l’information » avec un cha­peau tout aus­si sub­til « Fan de Pou­tine ». L’élément cen­tral de l’article est le fait que l’unique action­naire serait « un cer­tain Charles d’Anjou (…) L’homme a un passé flou, bar­b­otant lui aus­si dans les sphères rus­sophiles ». Le fait que l’adresse d’immatriculation de la SAS Omer­ta média soit la même que celle d’un autre média, Livre noir, est égale­ment lour­de­ment souligné. Au micro d’André Bercoff sur Sud Radio le 28 octo­bre, Régis Le Som­mi­er a réa­gi à cet arti­cle de façon cinglante : « Libéra­tion ferait bien se rap­pel­er que son fon­da­teur, Serge July, a vénéré Mao Zedong, respon­s­able de plus de 50 mil­lions de morts ». Tou­jours est-il que le directeur de la rédac­tion d’Omer­ta attribue à l’article de Libéra­tion la déci­sion de la direc­tion du Grand Rex d’annuler la soirée de lance­ment du média qui y était prévue le 16 novem­bre, événe­ment qui aura lieu finale­ment au Théâtre du gym­nase à Paris.

Autre savon­nage de planche, l’essayiste Gré­go­ry Roose annonçait le 13 octo­bre sur son site que « Twit­ter (…) n’apprécie vis­i­ble­ment pas que ses util­isa­teurs s’abonnent au compte @Omerta_officiel : depuis ce matin, chaque abon­nement est sys­té­ma­tique­ment annulé par la plate­forme. De nom­breux util­isa­teurs, dont je fais par­tie, ont sig­nalé ce dys­fonc­tion­nement qui, selon la for­mule con­sacrée, est très cer­taine­ment indépen­dant de leur volon­té ». Une pra­tique qui sem­ble avoir été aban­don­née depuis.

Un modèle économique à confirmer

Il fau­dra voir sur pièces la robustesse des enquêtes et des reportages et la ligne édi­to­ri­ale du média. Omer­ta pour­rait trou­ver un pub­lic lassé des arti­cles écrits à la va-vite à par­tir de dépêch­es for­matées de l’AFP et autres agences de presse. La via­bil­ité économique de ce média payant sera égale­ment à observ­er avec atten­tion. La récente dis­pari­tion du média Fild posi­tion­né sur le même créneau mon­tre que la ligne de crête est étroite.