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FAZ et Die Welt : l’Allemagne fête bruyamment sa désunion à Dresde

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7 octobre 2016

Temps de lecture : 4 minutes
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FAZ et Die Welt : l’Allemagne fête bruyamment sa désunion à Dresde

Temps de lecture : 4 minutes

Le divorce entre les peuples et les gouvernants ne cesse de s’étendre à toute l’Europe de l’Ouest. À l’instar de ce que son collègue français, François Hollande, a pu expérimenter à plusieurs reprises lors des fêtes du 14 juillet, c’est une mauvaise surprise qui attendait la chancelière allemande Angela Merkel (CDU, Union Social-Démocrate), le président de la RFA Joachim Gauck (SPD) et le maire de Dresde Dirk Hilbert (CDU), à l’occasion de la célébration du Tag der deutschen Einheit (jour de l’unité allemande) à Dresde.

Leur arrivée a en effet été saluée par une foule houleuse, qual­i­fiée de Pöbel (« pop­u­lace ») par le monde politi­co-médi­a­tique, laque­lle a sif­flé ses dirigeants, a vocif­éré des slo­gans hos­tiles et des injures (Volksver­räter = traîtres et Haut ab! = dégagez !), et a bran­di des pan­car­tes Merkel muss weg « Merkel dehors »). La présence d’un homme de couleur aurait été saluée par des cris de singe et des appels au ren­voi. Une des femmes poli­tiques qui accom­pa­g­nait la chancelière a même fon­du en larmes.

La présence de Lutz Bach­mann, le très médi­a­tique fon­da­teur du mou­ve­ment anti-islam PEGIDA, qui a dû récem­ment s’exiler en Espagne du fait des nom­breuses actions judi­ci­aires lancées à l’encontre de son mou­ve­ment, a été remar­quée par­mi les man­i­fes­tants. Le fait que l’Allemagne renoue avec l’existence de dis­si­dents et d’exilés poli­tiques comme aux temps des dic­tatures nation­al-social­iste et com­mu­niste per­met de dire que l’affirmation du prési­dent du Bun­destag (par­lement fédéral), Nor­bert Lam­mert (CDU), en ver­tu de laque­lle « Jamais la démoc­ra­tie ne s’est aus­si bien portée en Alle­magne » (Frank­furter All­ge­meine Zeitung (FAZ), 03/10/2016), est une con­tre-vérité. La démoc­ra­tie a en effet souf­fert ces dernières années des assauts com­binés de l’idéologie mul­ti­cul­turelle (« mul­ti­kul­ti » en alle­mand), et du trans­fert de prérog­a­tives régali­ennes vers la Com­mis­sion Européenne non-élue, sorte de coup d’État con­tre la Grundge­setz (loi fon­da­men­tale alle­mande). Le trans­fert de prérog­a­tives con­sti­tu­tion­nelles du pou­voir lég­is­latif vers un organe non élu n’a en effet en rien été un fait poli­tique­ment anodin ; c’est tech­nique­ment, toutes choses étant égales par ailleurs, bel et bien ce qui s’était déjà passé lors de la pro­mul­ga­tion de la fameuse Gesetz zur Aufhe­bung der Not von Volk und Reich du 24 mars 1933 (loi de préven­tion de la détresse du peu­ple et du Reich), par laque­lle le chance­li­er du Reich Adolf Hitler se trans­férait à lui-même les prérog­a­tives du Reich­stag, ouvrant ain­si la voie – avec d’autres mesures lég­isla­tives — à l’instauration de la dic­tature nazie. Des faits soulignés par le par­ti démoc­rate, libéral, euroscep­tique et islam­oscep­tique AfD, dont les cri­tiques ont été bien accueil­lies par­mi une par­tie crois­sante des électeurs allemands.

La chancelière s’est mon­trée plutôt vexée et a appelé « au respect réciproque et au dia­logue » en soulig­nant « Je souhaite per­son­nelle­ment que nous résolvions ces prob­lèmes ensem­ble, dans le respect réciproque et l’acceptation d’opinions poli­tiques très diver­gentes, et que nous trou­vions de bonnes solu­tions ». Un ren­voi clas­sique au con­sen­sus, mais qui pour le coup son­nait creux.

L’allocution du min­istre-prési­dent de l’état fédéral de Saxe, Stanis­law Tillich (CDU), dans lequel celui-ci a souligné « éprou­ver de la honte que des gens puis­sent appel­er à la haine et la vio­lence », ce qui serait « méprisant pour l’humanité et pro­fondé­ment antipa­tri­o­tique », mon­tre que le dia­logue de sourds est bien loin d’avoir pris fin.

Pas moins d’une douzaine de man­i­fes­ta­tions étaient prévues à l’occasion d’une fête nationale placée sous le signe de la plus haute sur­veil­lance, 2600 fonc­tion­naires de police ayant été mobil­isés pour l’occasion. Depuis l’extrême-gauche islamo-gauchiste à PEGIDA et à l’organisation récem­ment créée Fes­tung Europa « Forter­esse Europe », la désunion alle­mande s’est étalée au grand jour dans la rue comme jamais. Des mosquées et des postes de police avaient fait l’objet d’attaques incen­di­aires ciblées quelques jours auparavant.

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Sources :

Crédit pho­to : Fred Jaug­stet­ter via Wikimé­dia (cc)