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Aisne Nouvelle : le retour du grand méchant loup

24 mars 2015

Temps de lecture : 3 minutes
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Aisne Nouvelle : le retour du grand méchant loup

Temps de lecture : 3 minutes

L’Aisne Nouvelle est une paisible filiale du groupe La Voix du Nord (Rossel). Ce journal qui paraît quatre fois la semaine dans le département du même nom, et dont la DFP atteint péniblement les 17 200 exemplaires, n’est habitué ni des grandes envolées lyriques, ni des engagements tonitruants.

Mais voilà, au deux­ième tout des élec­tions départe­men­tales de dimanche prochain, l’Aisne peut devenir le pre­mier départe­ment français tenu par le FN, qui y a lit­térale­ment lam­iné les autres par­tis au pre­mier tour de l’élec­tion. Au cœur de cette France des oubliés et de la désin­dus­tri­al­i­sa­tion, le FN a d’ailleurs pris un can­ton dès le pre­mier tour, à Vic-sur-Aisne.

Aisne Nouvelle : le retour du grand méchant loup

Jusqu’au code couleur employé en une du site, assez… particulier.

L’heure était donc suff­isam­ment grave pour que Samir Hed­dar, rédac­teur en chef du jour­nal, se fende d’un édi­to vibrant pour exhort­er les autres par­tis à s’u­nir con­tre la peste brune. Au dia­ble la neu­tral­ité, aux orties l’ob­jec­tiv­ité, c’est car­ré­ment le grand méchant loup qui est aux portes de l’Aisne. Et notre jour­nal­iste devient stratège poli­tique : “l’UMP, le PS, le PC et le Front de gauche n’ont qu’une seule ques­tion à se pos­er : faut-il laiss­er entre les mains du par­ti de Marine Le Pen l’action sociale, les col­lèges, les routes, les sports et l’économie ?

Ce serait très grave en effet de per­me­t­tre une alter­nance poli­tique démoc­ra­tique avec le FN, “sauf à con­sid­ér­er que le Front nation­al est un par­ti comme les autres”, ce que Samir Hed­dar évac­ue de suite. Il veut con­va­in­cre ses lecteurs qu’il “reste des dif­férences fon­da­men­tales entre la droite et la gauche française, à plus forte rai­son quand il s’agit de poli­tiques de prox­im­ité” tout en exhor­tant quelques lignes plus loin les par­tis préc­ités à s’u­nir con­tre le FN : “Si les social­istes et la droite française doivent se ressem­bler, c’est sur le partage des valeurs répub­li­caines et le rejet des idées pop­ulistes.” Plus loin il insiste : “les par­tis répub­li­cains ont quelques jours pour s’entendre”.

Car le FN n’est pas qu’un dan­ger pour la République, c’est aus­si un loup pour l’Aisne : “Les Axon­ais ont telle­ment peur du lende­main qu’ils sont prêts à voir si le loup peut les guider plus effi­cace­ment que le berg­er”. Sans grande sub­til­ité, le vote FN est relié à la peur des cam­pagnes, alors que la crise économique, sociale, sécu­ri­taire très grave que tra­verse ce départe­ment pro­gres­sive­ment trans­for­mé — y com­pris par la réforme régionale — en ban­lieue très éloignée de Paris et de Lille n’est ni vue ni com­prise par le jour­nal­iste. Jour­nal­iste dont on se demande si l’habi­tude de pren­dre ses lecteurs pour des mou­tons n’est pas venue à force de les tondre.