Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Fusion Rossel-IPM : une concentration vitale pour la presse francophone belge

29 juin 2025

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Fusion Rossel-IPM : une concentration vitale pour la presse francophone belge

Fusion Rossel-IPM : une concentration vitale pour la presse francophone belge

Temps de lecture : 4 minutes

Les groupes Rossel et IPM unissent leurs forces pour créer un géant de la presse francophone en Belgique.

Annon­cée le 23 juin 2025, cette fusion était ren­du néces­saire par un marché de la presse réduit. Ensem­ble les deux groupes visent à répon­dre aux défis du numérique et à mutu­alis­er une par­tie des moyens dans un secteur en crise.

Protocole d’accord

Le 23 juin 2025, les groupes de presse belges Rossel et IPM ont signé un pro­to­cole de fusion, offi­cial­isant l’absorption des activ­ités de presse écrite d’IPM par Rossel, avec l’entrée de la famille Le Hodey à 10 % dans le cap­i­tal de ce dernier. Soumise à l’approbation de l’Autorité belge de la con­cur­rence, cette opéra­tion regroupe des titres emblé­ma­tiques comme Le Soir (Rossel), La Libre Bel­gique, La DH/Les Sports et L’Avenir (IPM). Face à un marché fran­coph­o­ne belge restreint – moins de 4 mil­lions de lecteurs poten­tiels – et à la chute des ventes papi­er (-3 % en 2024 selon le CIM), cette fusion est présen­tée comme un rem­part con­tre des dif­fi­cultés économiques ana­logues à celles vécues en France et s’apparente à véri­ta­ble mariage de raison.

La presse francophone sous pression

La presse belge fran­coph­o­ne tra­verse une crise struc­turelle. La fin de la con­ces­sion Bpost pour la dis­tri­b­u­tion des jour­naux en 2024 a amputé le secteur de 100 mil­lions d’euros, tan­dis que les GAFAM captent 70 % des revenus pub­lic­i­taires numériques. Mal­gré une audi­ence dig­i­tale représen­tant 70 % des lecteurs, les revenus du papi­er domi­nent encore (70 %). Cette tran­si­tion numérique inachevée, cou­plée à l’émergence de l’intelligence arti­fi­cielle – comme les AI Overviews de Google – men­ace la via­bil­ité des médias. Rossel, avec un chiffre d’affaires de 646 mil­lions d’euros, et IPM, plus frag­ile avec 168 mil­lions, mutu­alisent leurs ressources pour inve­stir dans des plate­formes numériques et vis­er 400 000 abon­nés dig­i­taux, con­tre 150 000 aujourd’hui.

Une ambition transfrontalière

Rossel, déjà implan­té en France via des titres régionaux comme La Voix du Nord, Paris-Nor­mandie et L’Union, ambi­tionne de créer un grand média fran­coph­o­ne. Des dis­cus­sions avec le groupe EBRA (Le Dauphiné libéré, Le Pro­grès) pour des parte­nar­i­ats indus­triels témoignent de cette volon­té d’expansion. La fusion Rossel-IPM vise à ren­forcer l’attractivité pub­lic­i­taire et à dévelop­per une plate­forme com­mune, sorte de « Net­flix de la presse », pour con­cur­rencer les géants numériques. Cette stratégie trans­frontal­ière pour­rait redéfinir le paysage médi­a­tique francophone.

Les défis du pluralisme et de l’emploi

Organ­isé en trois pôles – Le Soir, IPM Presse (La Libre, La DH), et un pôle région­al à Namur (Sud Info, L’Avenir) –, le nou­veau groupe promet de préserv­er l’indépendance édi­to­ri­ale via des chartes spé­ci­fiques. Cepen­dant, l’Association des jour­nal­istes pro­fes­sion­nels (AJP) et les syn­di­cats craig­nent une uni­formi­sa­tion des con­tenus et des sup­pres­sions de postes, notam­ment dans les ser­vices admin­is­trat­ifs et rédac­tion­nels. Comme en France avec le regroupe­ment des titres de la presse régionale, il y aura néces­saire­ment une volon­té de mutu­alis­er une par­tie de l’activité.

Une presse politiquement correcte

Avec 94 % de l’audience fran­coph­o­ne belge, le risque de qua­si-mono­pole inquiète néan­moins dans un paysage médi­a­tique déjà très homogène. La Libre réputée cen­triste et Le Soir de cen­tre gauche ne dif­fèrent pas grande­ment et s’accordent dans leur sou­tien à l’Union européenne et une cri­tique sou­vent acerbe (et jalouse ?) de leurs voisins français. Sans compter un véri­ta­ble cor­don san­i­taire isolant toute  pen­sée un peu critique.

Même si Rossel argue que la con­cur­rence réelle vient des Gafam et des médias en ligne inter­na­tionaux. Cette fusion, si elle ren­force la presse belge, ne garan­tit pas une infor­ma­tion diver­si­fiée, les jour­nal­istes belges fran­coph­o­nes étant de manière qua­si unanime encore plus à gauche que leurs homo­logues français.

Rodolphe Cha­la­mel

Voir aus­si : Rossel, info­gra­phie

Mots-clefs : ,

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés