Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Affaire Fillon : quand le Parti des médias pratique un hold-up démocratique

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

21 juillet 2017

Temps de lecture : 14 minutes
Accueil | Dossiers | Affaire Fillon : quand le Parti des médias pratique un hold-up démocratique

Affaire Fillon : quand le Parti des médias pratique un hold-up démocratique

Temps de lecture : 14 minutes

[Red­if­fu­sions esti­vales 2017 – arti­cle pub­lié ini­tiale­ment le 10/03/2017]

Après le Brexit, la victoire de Donald Trump, et l’élection-surprise de François Fillon aux primaires de la droite, les médias occidentaux paniquent et révèlent d’une manière toujours plus flagrante leur fonction de purs propagandistes du système libéral-libertaire, quitte à interférer comme jamais dans le processus démocratique, tentant, par des leviers tout à fait indifférents au débat d’idées, de propulser Macron d’un côté et de détruire Fillon de l’autre.

Nous l’avions étudié dans un dossier spé­cial de l’OJIM : l’élection de François Fil­lon, à l’automne dernier, aux pri­maires de la droite, représen­tait un nou­veau cam­ou­flet à l’encontre de médias français qui avaient dans leur majorité fait cam­pagne pour Alain Jup­pé depuis qu’ils avaient pris la mesure de la fail­lite irrémé­di­a­ble du PS. Nous ne pou­vions imag­in­er, alors, que ces médias dom­i­nants ne s’avoueraient pas vain­cus pour autant, mais qu’ils met­traient tout en œuvre pour faire élire quoi qu’il en soit Alain Jup­pé, que celui-ci s’appelle Alain Jup­pé ou… Emmanuel Macron. Ces élec­tions prési­den­tielles de 2017, plus rocam­bo­lesques et absur­des que jamais, où aucun débat d’idées ou véri­ta­ble con­fronta­tion de pro­grammes n’ont encore pu avoir lieu à peine deux mois avant le scrutin, dans la décom­po­si­tion des par­tis de gou­verne­ment et de l’agora pré­sumée du débat pub­lic, fait néan­moins émerg­er pour la pre­mière fois la cohérence sous-jacente de tout un sys­tème sous la ban­nière d’une même idéolo­gie à l’emprise trans­ver­sale, l’idéologie libérale-lib­er­taire. Si le sys­tème démoc­ra­tique mod­erne est fondé sur la règle, édic­tée par Mon­tesquieu, de la sépa­ra­tion des pou­voirs : judi­ci­aire, lég­is­latif et exé­cu­tif, auquel on peut adjoin­dre le qua­trième pou­voir – médi­a­tique, la dérive pro­gres­sive de nos démoc­ra­ties occi­den­tales a finale­ment vu s’organiser, de manière sans doute plus ou moins volon­taire, une col­lu­sion inédite pour un nou­veau genre, sub­til, trav­es­ti, sophis­tiqué, de tyran­nie, où tous les pou­voirs, s’ils ne sont fon­dus ensem­ble, s’articulent néan­moins ensem­ble, autour d’un pro­gramme à la fois unique et indiscutable.

Un totalitarisme soft

L’exécutif, depuis au moins une ving­taine d’années, comme l’a élo­quem­ment démon­tré le philosophe Jean-Claude Michéa, n’est jamais issu que d’une alter­nance de façade qui n’oscille qu’entre la mise en œuvre des deux pans du même pro­gramme. Soit la droite est aux affaires, et elle pié­tine les intérêts de la nation pour se con­sacr­er exclu­sive­ment à des réformes libérales. Soit la gauche est aux affaires, et elle fait oubli­er son aban­don du peu­ple et des ques­tions sociales en faisant pro­gress­er en grandes pom­pes le libéral­isme des mœurs (ce fut la loi Taubi­ra du « Mariage pour tous » lors du dernier quin­quen­nat), qui est le revers inéluctable d’un libéral­isme économique qu’elle sou­tient de la même manière que la droite (loi Macron). À côté de cet exé­cu­tif dont la légitim­ité plébisc­i­taire est donc dev­enue tout à fait illu­soire, le lég­is­latif a été mis sous tutelle des instances de Brux­elles, et donc d’une tech­nocratie non élue qui ne vise qu’à met­tre en œuvre de manière homogène et sur tout le con­ti­nent le même pro­gramme libéral-lib­er­taire. L’indépendance du judi­ci­aire, après un scan­dale comme celui du « Mur des cons », dans les bureaux du syn­di­cat de la Mag­i­s­tra­ture, ne peut que paraître tout à fait improb­a­ble. Sa con­for­mité à l’idéologie libérale-lib­er­taire rég­nante est telle qu’on peut, dans les couloirs, se lâch­er con­tre ses opposants avec la vir­u­lence la plus décom­plexée, sans ris­quer de heurter qui que ce soit de la mai­son. Cette idéolo­gie est celle, encore, qui est divul­guée avec une force de frappe iné­galée par les médias dom­i­nants, le qua­trième pou­voir ayant acquis une puis­sance tout à fait inédite à notre époque, et alors que son rôle est passé d’une action cri­tique à une action essen­tielle­ment pre­scrip­tive (« voilà ce qu’il est de bon ton de penser sur tel ou tel sujet »).

Une guerre ouverte

Le con­stat est donc sim­ple : tous les pou­voirs ne sont pas con­cen­trés dans les mains de la même per­son­ne, mais ils sont con­cen­trés dans les mains d’un seul sys­tème idéologique, dual mais cohérent, struc­turé, au-dessus des par­tis de gou­verne­ment devenus de sim­ples exé­cu­tants de son pro­gramme, au-dessus des patries dev­enues de sim­ples ter­ri­toires où exercer un tel pro­gramme, au-dessus des peu­ples, sim­ple matéri­au humain inter­change­able à dis­po­si­tion d’un même pro­gramme, entretenus dans un sim­u­lacre de sou­veraineté, méprisés voire pure­ment et sim­ple­ment haïs. Ces derniers, glob­ale­ment récal­ci­trants à tous les paramètres de mise en œuvre du pro­gramme libéral-lib­er­taire, notam­ment à celui qui prévoit leur dis­so­lu­tion par l’immigration mas­sive, sont con­di­tion­nés par tous les moyens, directs ou indi­rects, jusque dans leurs feuil­letons du soir, soumis à un chan­tage moral inique et per­ma­nent, abais­sés dans leur pro­pre estime afin de bris­er leurs réflex­es, sym­bol­ique­ment exclus de l’humanité au cas où ils se rebel­lent trop ouverte­ment. Et depuis qu’a com­mencé d’enfler en Europe comme en Amérique une vague dite « pop­uliste », c’est-à-dire s’insurgeant au nom des intérêts de cette plèbe immonde, la guerre est ouverte, tous les moyens sont per­mis, et la pein­ture de démoc­ra­tie cos­mé­tique s’effrite pour laiss­er de mieux en mieux voir l’acier du pilon.

François Fillon contre Amel Jucron

L’élection de François Fil­lon aux pri­maires de la droite, dont le résul­tat sem­blait pour beau­coup d’observateurs, alors, se con­fon­dre déjà avec celui de la prési­den­tielle, a donc pris à revers le Par­ti des médias. On aurait pu croire néan­moins qu’il en reste là, d’autant que Fil­lon n’en demeu­rait pas moins un libéral pur jus, réformiste, européiste, mon­di­al­iste, qua­si thatch­érien. Oui, mais d’un autre côté, sur le plan des mœurs, il mon­trait en revanche très claire­ment un réaligne­ment sur les valeurs orig­inelles de la droite pro­mu à la fois par un mou­ve­ment comme « Sens com­mun » issu de la Manif pour tous, que par la ten­dance « dex­tr­o­gyre » des opin­ions occi­den­tales. Idem sur le plan géopoli­tique, en prô­nant un rap­proche­ment avec la Russie et l’élaboration d’un monde mul­ti­po­laire, il se démar­quait franche­ment de la doxa mon­di­al­iste. En somme, à la syn­thèse libérale-lib­er­taire, Fil­lon ten­tait d’opposer une alter­na­tive libérale-iden­ti­taire, dont la per­ti­nence, ou même la pos­si­bil­ité, peut paraître très dis­cutable. Quoi qu’il en soit, cette prise de dis­tance par rap­port au pro­gramme offi­cieux s’avéra intolérable pour le sys­tème, au point qu’il déci­da de con­tester ce pre­mier résul­tat des urnes en détru­isant méthodique­ment le can­di­dat Fil­lon, tout en propul­sant un nou­veau Jup­pé, moins libéral-lib­er­taire que lib­er­taire-libéral, encore plus fan­toche que le précé­dent, hys­térique là où l’autre était rébar­batif, juvénile voire imma­ture, là où l’autre était à demi sénile, illu­miné, là où l’autre était sopori­fique, sans pro­gramme parce qu’appliquant pré­cisant Le Pro­gramme quand l’autre pré­tendait encore qu’il s’agissait du sien : Emmanuel Macron.

Une mécanique de haute précision

Cette col­lu­sion de pou­voirs rede­venus indi­vis per­met au sys­tème de déploy­er, avec un remar­quable tem­po, dans une sai­sis­sante har­monie, et avec l’efficacité d’une broyeuse, sa stratégie mul­ti­modale d’élimination du can­di­dat Fil­lon au prof­it du zom­bie hyper­ac­t­if. Tous les rouages s’enclenchent mutuelle­ment afin qu’aucune fric­tion ne vienne per­turber la machine en rai­son d’un choix imprévu au niveau de l’exécutif. Autre­fois, la dic­tature, c’était du gros rouge qui tâche et de la coerci­tion man­i­feste. Aujourd’hui, au XXIe siè­cle, loin des temps prim­i­tifs, la tyran­nie s’exerce comme une mécanique de haute pré­ci­sion. Le Canard enchaîné se déchaîne et mène la con­tre-offen­sive du sys­tème en jouant de sa gouaille anar­chisante, puisque plus que jamais, au stade où nous en sommes et comme l’avait prophétisé Guy Debord : tout est inver­sé, et plus une entité nous est présen­tée comme « rebelle » et « sub­ver­sive », plus on peut être cer­tain qu’elle con­stitue un ramas­sis de mâtons. Le Canard, donc, depuis fin jan­vi­er, c’est-à-dire très pré­cisé­ment depuis l’ouverture de la cam­pagne, se met à feuil­leton­er des révéla­tions, France 2 enchérit en ressor­tant un vieil entre­tien de Madame Fil­lon avec une jour­nal­iste améri­caine, le Par­quet Nation­al Financier embraye, les insti­tuts de sondage – dont on sait qu’ils ser­vent essen­tielle­ment à réalis­er les prophéties de la presse qui sont en réal­ité ses désirs -, tam­bouri­nent crescen­do la chute de Fil­lon et l’ascension de Macron.

Assassinat politique

C’est sur un blog hébergé par Médi­a­part que, le 7 févri­er, Régis Des­marais signe un papi­er qui démonte point par point la manœu­vre et en iden­ti­fie les béné­fi­ci­aires. « M. Fil­lon a ain­si rémunéré sa femme sur un poste d’attaché par­lemen­taire. Sur ce sujet, rien de neuf dans le monde poli­tique. La plu­part des élus, si ce n’est la total­ité, emploient des proches sur des postes directe­ment rat­tachés à l’exercice de leur man­dat élec­tif (…). La pra­tique est courante, non inter­dite par la loi et con­nue de la presse depuis des lus­tres. Mme Fil­lon a été rémunérée de 1989 à 2013 pour un mon­tant de 830 000 euros… bruts ! Et oui, la presse bran­dit ce mon­tant proche du mil­lion d’euros en omet­tant de pré­cis­er que la somme est en euros bruts. En net, Mme Fil­lon a perçu 639 000 euros et l’État a récupéré 191 000 euros ! En salaire men­su­el net, sur la péri­ode con­sid­érée, Mme Fil­lon a donc perçu 2 218,75 euros. C’est une jolie somme, mais le tra­vail d’un attaché par­lemen­taire cor­re­spond à un tra­vail d’agent de caté­gorie A de la fonc­tion publique et le mon­tant du salaire net n’est pas man­i­feste­ment choquant ni déraisonnable. Qui aurait alors tra­vail­lé pen­dant 24 ans sans rémunéra­tion pour François Fil­lon ? Per­son­ne assuré­ment. De fait, Mme Fil­lon n’est cer­taine­ment pas restée inerte pen­dant toute cette péri­ode. » Dans tous les cas, cette affaire qui n’en est pas vrai­ment une aurait pu être éven­tée depuis longtemps : « François Fil­lon, à la dif­férence de M. Macron, n’est pas un jeune nou­veau dans le paysage poli­tique. Il a détenu dif­férents porte­feuilles min­istériels et il a été Pre­mier min­istre de Nico­las Sarkozy pen­dant cinq années… Cinq années au cours desquelles son épouse a perçu une rémunéra­tion d’attaché par­lemen­taire. Étrange que la presse qui fait son tra­vail ne se soit pas emparée de cette ques­tion à l’époque. »

Le Filtre

« Dans un monde ou plus de 99% des richess­es plané­taires sont entre les mains de 1% de la pop­u­la­tion mon­di­ale, il est hors de ques­tion que la démoc­ra­tie, qui par nature est la loi de la majorité donc des moins for­tunés, laisse pass­er des can­di­dats qui ne sont pas autorisés et souhaités par le sys­tème. Ce que les électeurs citoyens doivent com­pren­dre dans cette affaire, c’est que nos démoc­ra­ties con­tem­po­raines sont des sim­u­lacres. Oui, on choisit les can­di­dats puis celui qui occupe la fonc­tion suprême mais à la con­di­tion que ces can­di­dats soient validés et pré-fil­trés par le sys­tème (…). La désig­na­tion inat­ten­due de Fil­lon par les électeurs de la pri­maire a coupé l’herbe sous le pied de ceux qui attendaient la désig­na­tion d’Alain Jup­pé, un can­di­dat en tout point con­forme aux désirs du sys­tème. Il était donc néces­saire de vir­er Fil­lon et nous assis­tons aujourd’hui à son assas­si­nat poli­tique pour que ce dernier n’accède pas à la fonc­tion prési­den­tielle. Cette mise à l’écart de Fil­lon est d’autant plus néces­saire qu’un autre beau et jeune can­di­dat, sor­ti de presque nulle part, est en vogue et cor­re­spond en tout point au pro­fil du can­di­dat du sys­tème : Emmanuel Macron. Médi­tons sur le beau tra­vail des jour­nal­istes qui lais­sent dans l’ombre cette fameuse his­toire des 120 000 euros (80% de l’enveloppe budgé­taire de représen­ta­tion du min­istère de l’économie) con­som­mée par Macron avant son départ de Bercy pour financer des presta­tions sans lien avec le min­istère de l’économie mais en très fort lien avec la pré­pa­ra­tion de sa can­di­da­ture prési­den­tielle. Sur ce sujet, mutisme de la presse. » À une époque où les jour­nal­istes ne sont plus que des pro­pa­gan­distes, il arrive que cer­tains bloggeurs rem­plis­sent la mis­sion à leur place.

Complotisme ?

Comme le sys­tème trem­ble sur ses bases, ses manœu­vres sont de plus en plus bru­tales, dés­espérées et… vis­i­bles. Si bien que la dénon­ci­a­tion, au moins au pre­mier degré, des procédés que nous ten­tons de met­tre en lumière, finis­sent par se mul­ti­pli­er. Quelle est la défense du sys­tème médi­a­tique ? Accuser de « com­plo­tisme » ceux qui le cri­tiquent. Or, qui dit « com­plo­tisme » dit « théories nazies à la mode durant les heures les plus som­bres de notre His­toire ce qui prou­ve que le ven­tre de la bête est encore fécond » et qu’il serait bon de vous pen­dre à Nurem­berg pour le bien de l’Humanité. Certes. Le levi­er est tout de même sacré­ment usé. Que le sys­tème libéral-lib­er­taire lutte naturelle­ment, spon­tané­ment et par toutes les armes à sa dis­po­si­tion pour sa préser­va­tion n’implique pas for­cé­ment des con­spir­a­teurs con­scients et organ­isés. Les faits sont néan­moins là : depuis vingt ans, les peu­ples européens sont menés là où ils ne veu­lent pas aller, que ce soit dans l’Europe sous des espèces tech­nocra­tiques et libérales ou que ce soit vers la dis­so­lu­tion de leurs iden­tités respec­tives. Tous les sondages le prou­vent. Ces peu­ples sont offi­cielle­ment con­sultés. C’est donc qu’il existe quelque part un hia­tus ! Et il faut, par con­séquent, être par­faite­ment déraisonnable pour ne pas en con­clure que si ces peu­ples sont objec­tive­ment dépos­sédés de leur sou­veraineté au gré d’un per­pétuel ram­dam pseu­do-démoc­ra­tique, c’est que leur dépos­ses­sion est le fruit d’un com­plot, d’autant que l’intérêt du com­plot en ques­tion se mesure à l’explosion par­al­lèle des béné­fices de ceux qui prof­i­tent de l’ultra-libéralisme.

Répliques diverses

Le com­plot est d’ailleurs telle­ment man­i­feste que les derniers événe­ments ne font que révéler une manœu­vre tou­jours plus car­i­cat­u­rale. Si, le 5 mars, François Fil­lon organ­ise sa réplique par un appel au peu­ple, c’est bien parce qu’il con­naît la répar­ti­tion des forces antag­o­nistes. Immé­di­ate­ment, le Point God­win est bégayé hys­térique­ment par un sys­tème aux abois : « Si cet appel à une manif dimanche con­tre “le coup d’État des juges” se con­firme, le camp Fil­lon bas­culerait dans le fac­tieux »juge le chef du ser­vice France de Libéra­tion« Un mau­vais remake du 6 févri­er 1934 ? »com­mente le con­seiller de Paris Jacques Bau­dri­er« Irre­spon­s­able et anti-répub­li­cain. #6février1934 »twitte l’ex-ministre Corinne Lep­age. Quand il se révolte con­tre la tyran­nie libérale-lib­er­taire effec­tive, le peu­ple est sys­té­ma­tique­ment accusé par celle-ci de fas­cisme imag­i­naire. « La lib­erté, c’est le fas­cisme », ânonne ain­si Big Broth­er par tous ses divers canaux qui s’imaginent cha­cun bien à tort des per­son­nal­ités indépendantes.

Après le suc­cès du rassem­ble­ment, Jup­pé renonce offi­cielle­ment, ce qui implique qu’il se tenait donc prêt, jusque là, à repren­dre la place que les médias lui avaient con­fiée dès l’origine. Il n’abandonne pas sans don­ner des gages au sys­tème qui l’a chéri, allant jusqu’à accuser la droite de « rad­i­cal­i­sa­tion » : « Comme l’a mon­trée la man­i­fes­ta­tion d’hier au Tro­cadéro, le noy­au des mil­i­tants et sym­pa­thisants LR s’est rad­i­cal­isé. », ose affirmer celui qui mon­tre com­ment il fut tou­jours le can­di­dat des médias aux­quels il donne des gages en par­tant, et non de la droite, sem­blant con­fon­dre le Tro­cadéro et le Bat­a­clan. Quel inci­dent ? Quel bras ten­du ? Quel lyn­chage de Musul­man peut bien lui per­me­t­tre d’évoquer une quel­conque rad­i­cal­i­sa­tion ? Enfin, com­ment celui qui, en 1990, défendait au RPR la préférence nationale, la fer­me­ture des fron­tières et l’arrêt total de l’immigration, peut-il se per­me­t­tre de reprocher à son par­ti un sim­ple retour pro­gres­sif à ses fon­da­men­taux ? Avant que celui-ci ne revi­enne sur 25 ans de course à la con­for­mité idéologique décrétée par la gauche, il reste une sacrée marge pour qu’on puisse évo­quer une quel­conque « radicalisation ».

To be continued…

Et comme par hasard, après le suc­cès de ce rassem­ble­ment, tiens donc, une nou­velle « révéla­tion » du Canard, le 8 févri­er, sur un prêt non déclaré du can­di­dat des Répub­li­cains, vient prou­ver, si cela était encore néces­saire, com­ment s’organise l’étrange agen­da médi­ati­co-judi­ci­aire… Chaque pseu­do-décou­verte se man­i­feste bien comme un coup porté à la can­di­da­ture de Fil­lon, exploité selon la pos­ture ou la réplique de la cible. Comme par hasard, le sec­ond Alain Jup­pé, après extinc­tion défini­tive du pre­mier, est annon­cé devant Le Pen dans les sondages du 7 mars, devenu désor­mais l’ultime carte du sys­tème. Nous ver­rons bien­tôt com­ment se pour­suit la cam­pagne prési­den­tielle la plus invraisem­blable de la Ve République, ce qui est cer­tain, en tout cas, c’est qu’elle n’est invraisem­blable que parce que la nature par­o­dique de notre pré­ten­due démoc­ra­tie s’y dévoile pour la pre­mière fois avec autant d’éclat.