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RSF saisit l’ARCOM contre CNews pour avoir trop traité le meurtre de Thomas à Crépol

6 octobre 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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RSF saisit l’ARCOM contre CNews pour avoir trop traité le meurtre de Thomas à Crépol

Temps de lecture : 4 minutes

RSF saisit l’ARCOM contre CNews pour avoir trop traité le meurtre de Thomas à Crépol

Reporters sans frontières demande à l’ARCOM de sanctionner CNews pour sa couverture du livre de propagande Une nuit en France consacré au drame de Crépol.

L’ONG impute à la chaîne une « cam­pagne de dén­i­gre­ment » et une vague de men­aces con­tre les auteurs. La chaîne privée revendique, de son côté, un traite­ment édi­to­r­i­al cri­tique et con­tra­dic­toire, rel­e­vant du débat public.

L’association RSF affirme que CNews a con­sacré « au moins 27 émis­sions » à l’ouvrage Une nuit en France en mars 2025, déclen­chant une hausse de mes­sages hos­tiles en ligne. RSF par­le d’« acharne­ment » et de man­que­ments à l’honnêteté de l’information. L’ONG idéo­logue et sub­ven­tion­née met ain­si la pres­sion sur une chaîne déjà sous con­trôle accru de l’ARCOM depuis des déci­sions antérieures.

Voir aus­si : RSF, gueule de bois post-Trump et guerre ouverte pour le con­trôle de l’information

Une saisine qui confond corrélation et causalité

Le cœur de l’argumentaire de RSF repose sur une cor­réla­tion tem­porelle : dès la pre­mière séquence sur CNews, le 17 mars, les tweets hos­tiles grimpent. Pour RSF, la cou­ver­ture « à charge » serait le « point de départ » de la haine en ligne. C’est un fais­ceau d’indices, pas une preuve de causal­ité. L’ONG retient le vol­ume de séquences, moins le principe de libre cri­tique d’un livre d’enquête en pleine controverse.

Sur X, des relais mil­i­tants et jour­nal­istes ampli­fient la sai­sine. Ain­si le très gauch­er pho­tore­porter Louis Wit­ter partage l’annonce de RSF, signe que l’amplification ne vient pas que d’un plateau TV. L’écosystème du débat pub­lic compte aus­si les réseaux soci­aux, leurs bulles, leurs mots d’ordre.

Pluralisme éditorial, procédures et précédents

Le plu­ral­isme s’exerce aus­si par la cri­tique vigoureuse des thès­es d’un livre. Les précé­dentes con­damna­tions de l’ARCOM sanc­tion­nent des fautes pré­cis­es : défaut de con­tra­dic­tion, infor­ma­tions inex­actes, maîtrise d’antenne. Elles ne con­damnent pas la répéti­tion d’un sujet en soi. Les dernières déci­sions con­tre CNews por­tent sur des cas bornés et motivés, pas sur une ligne d’antenne glob­ale. Il appar­tient au régu­la­teur de dire si, ici, les seuils ont été franchis.

L’offensive de RSF n’est pas inédite : l’ONG avait déjà poussé, en 2024, à un con­trôle ren­for­cé du régu­la­teur sur la chaîne. Le Con­seil d’État avait alors demandé à l’ARCOM de véri­fi­er le respect des oblig­a­tions de plu­ral­isme. Autrement dit, le dossier Crépol s’inscrit dans une stratégie con­tentieuse au long cours alors que des jour­nal­istes comme Patrick Cohen et Claude Askolovitch avaient délivré une lec­ture uni­voque de ce drame sur des médias publics en défen­dant implicite­ment les meur­tri­ers ou en ren­ver­sant l’accusation.

La ligne de crête pour l’ARCOM

Si l’ARCOM estime qu’il y a man­que­ment (absence de con­tre­point, pro­pos out­rageants non recadrés), elle peut sanc­tion­ner comme elle l’a déjà fait. Mais si elle valide l’idée qu’un vol­ume d’émissions cri­tiques suf­fit à engager la respon­s­abil­ité d’un édi­teur pour des com­porte­ments de tiers en ligne, elle crée un précé­dent déli­cat : l’éditeur télé deviendrait, de fait, core­spon­s­able de l’écosystème numérique. Le droit actuel impose de qual­i­fi­er fine­ment les séquences incrim­inées, pas d’ériger une pré­somp­tion générale d’« inci­ta­tion » à par­tir d’un comp­teur d’antenne.

Sur le fond, Crépol est une affaire à haute ten­sion poli­tique. La chaîne a choisi un traite­ment appuyé, par­fois mus­clé ; le régu­la­teur dira s’il est fau­tif. Mais l’angle de RSF, très offen­sif con­tre un seul édi­teur, inter­roge s’il en est encore besoin sur son impar­tial­ité. L’association ne s’était par exem­ple pas indignée du traite­ment inten­sif de l’affaire Nahel par la majorité des médias français.

Loin d’être refer­mée, l’affaire qui a mené au drame de Crépol demeure l’objet de vifs débats et a été une illus­tra­tion du déploiement de fauss­es infor­ma­tions et d’approximations pour ten­ter de rel­a­tivis­er un crime raciste con­tre un Français. En août 2025, l’Ojim a juste­ment pub­lié un livre choc sur ce sujet, une con­tre-enquête disponible pour tous nos dona­teurs… Pour vous la pro­cur­er, vous pou­vez donc faire un don ici.

Rodolphe Cha­la­mel

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