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Ramzi Khiroun, ex homme de confiance de Lagardère, mis en examen

23 mai 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Ramzi Khiroun, ex homme de confiance de Lagardère, mis en examen

Temps de lecture : 5 minutes

Nos lecteurs fidèles con­nais­sent bien Ramzi Khi­roun, qui avait mis en exa­m­en Claude Chol­let comme directeur de la pub­li­ca­tion de l’Observatoire du jour­nal­isme (OJIM), puis été débouté. C’est à lui que les juges d’instruction s’intéressent pour des dél­its de « com­plic­ité d’achat de vote », « atteinte à la lib­erté de vote » et « com­plic­ité d’abus de pou­voir » au sein du groupe Lagardère, qu’il a quit­té en 2022. En l’absence de juge­ment, Mon­sieur Khi­roun est pré­sumé innocent.

Ramzi Khiroun contre OJIM

Ramzi Khi­roun est l’ancien chauf­feur de DSK, alias Dominique Strauss-Kahn. Chauf­feur, com­mu­ni­quant et beau­coup plus par la suite. Devenu proche de Stéphane Fouks, il se fait embauch­er par Euro RSCG où il tra­vaille très large­ment au ser­vice de DSK, éteignant les incendies qui pour­raient nuire à celui que tout désig­nait comme le prochain Prési­dent de la République lors de l’élection de 2012. Il passe ensuite chez Lagardère où il devient mem­bre du comité exé­cu­tif et porte-parole. Le mag­a­zine GQ le présen­tait comme un des « 30 hommes les plus influ­ents de France » dans les médias. Il a été décoré de la Légion d’honneur par François Hol­lande le 19 novem­bre 2015.

Le 4 mai 2018, nous avions pub­lié un arti­cle con­sacré au seg­ment médias du groupe Lagardère où Mon­sieur Khi­roun était cité de manière adja­cente sur quelques lignes.  Vous trou­verez cet arti­cle ici. Sa teneur avait déplu à Mon­sieur Ramzi Khiroun.

La plainte contre l’OJIM

Notre arti­cle du 4 mai 2018 con­sacré à Arnaud Lagardère s’ouvrait sur une introduction :

« Arnaud Lagardère n’a pas la répu­ta­tion d’un man­ag­er d’exception. Suc­cé­dant par sur­prise à son père Jean-Luc Lagardère, décédé en mars 2003 des con­séquences mal­heureuses d’une opéra­tion chirur­gi­cale bénigne, il s’est vite séparé de la garde rap­prochée de son père. Pour s’en con­stituer une autre plus proche de cer­taines méth­odes du milieu que d’HEC comme Ramzi Khi­roun, exé­cu­teur des bass­es œuvres de DSK, porte-parole du groupe et fig­ure mon­tante d’Havas ».

Le 9 octo­bre 2019, le juge d’instruction Émi­lie Vaudescal trans­met­tait à Claude Chol­let, directeur de la pub­li­ca­tion de l’Ojim, sa mise en exa­m­en pour injures publiques à la demande de Mon­sieur Khiroun.

Audi­ence le 1ᵉʳ avril (sic) 2021

Après une pre­mière audi­ence, la plaidoirie est alors fixée (sans rire) au 1ᵉʳ avril 2021. Lors de la sec­onde audi­ence, notre avo­cat avait plaidé la nul­lité pour faute de procé­dure et demandé l’annulation de la plainte et de la procé­dure ; il avait été suivi par le tri­bunal dans son jugement.

Voir aus­si : Procès Ramzi Khi­roun c/ Ojim : sec­onde audi­ence, compte-rendu

Départ du groupe Lagardère avec 17 M€

Con­seiller spé­cial, c’est le terme qu’avait employé Arnaud Lagardère en regret­tant le départ du groupe de Ramzi Khi­roun où il tra­vail­lait depuis quinze ans. Ce départ était la con­séquence de la prise de con­trôle du groupe Lagardère par Bol­loré. La somme de 17 M€ (charges com­pris­es) représente une trans­ac­tion pour finalis­er le départ de l’intéressé du Comex du groupe Lagardère.

Au même moment (source : Le Monde), Ramzi Khi­roun deve­nait directeur général de LP12, une fil­iale du fonds de place­ment Lagardère Par­tic­i­pa­tions qui se situe en-dehors du périmètre de l’OPA. Si les para­chutes dorés ne sont pas une nou­veauté, ceux représen­tant une telle somme sont plus que rares. On pour­rait l’interpréter comme une sorte de prix du silence, Ramzi Khi­roun con­nais­sant tous les dessous du groupe (son expéri­ence chez Dominique Strauss-Khan lui aura servi) comme les aléas de la vie de son ex-patron, publique comme privée.

Un petit tour au Maroc

À la sur­prise générale Ramzi Khi­roun, d’origine algéri­enne et tunisi­enne et n’ayant pas d’attaches avec le Maroc, fai­sait par­tie de la nom­breuse suite du prési­dent lors de son voy­age d’État fin octo­bre 2024. En com­pag­nie notam­ment de BHL, de Jamel Deb­bouze, de Yas­sine Belat­tar fort proche des islamistes, du sieur M’Jid El Guerrab (ancien député et con­damné pour vio­lences en 2022), de l’acteur Gérard Dar­mon et bien d’autres. Signe que cet homme de l’ombre garde un réseau de pre­mier ordre.

Printemps 2025, retour au tribunal

Mis en exa­m­en fin 2024, les pre­mières com­paru­tions de l’intéressé débu­tent au print­emps 2025. En cause : le pos­si­ble « achat de votes » lors d’une assem­blée générale du groupe Lagardère le 3 mai 2018. Le fonds sou­verain du Qatar aurait inver­sé son vote – de défa­vor­able à Arnaud Lagardère à favor­able – au prix de la nom­i­na­tion d’un proche du Qatar au con­seil de sur­veil­lance du groupe Lagardère, le tout négo­cié par l’ancien chauf­feur de DSK devenu bras droit d’Arnaud Lagardère.

Pour sa défense, Ramzi Khi­roun affirme avoir tou­jours agi sous la direc­tion d’Arnaud Lagardère et sans inter­fér­er avec le vote. Il se présente (source : Le Monde) comme « salarié de sa pro­pre société » et déclare « tra­vailler à la con­cep­tion d’un pro­jet immo­bili­er autour de l’activité sportive de golf au Maroc ». Un mal­heur n’arrive jamais seul, on prête à Gérard Dar­manin l’intention d’interdire la pra­tique du golf dans les pris­ons français­es. Pour le Maroc, on ne sait pas.

Claude Lenor­mand

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