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Quand L’Express s’intéresse à la « nébuleuse » de la réinfosphère

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8 décembre 2014

Temps de lecture : 4 minutes
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Quand L’Express s’intéresse à la « nébuleuse » de la réinfosphère

Temps de lecture : 4 minutes

« Qui sont ces médias qui affirment donner la “vraie information” et fourmillent par dizaines sur le Web ? » Dans un papier d’Adrien Sénécat, L’Express se penche sur la « réinfosphère », ces sites qui « détestent la presse traditionnelle », de Wikistrike au Cercle des Volontaires en passant par Égalité & Réconciliation et TV Libertés… tout un petit monde en pleine émergence dans lequel l’auteur de l’article a fait son marché de manière un peu arbitraire. En effet, deux « poids lourds » de cette réinfosphère ne sont pas même cités : Novopress, et surtout Fdesouche qui n’est pourtant pas moins que son navire amiral…

Pre­mier con­stant : l’ex­trême méfi­ante que por­tent les acteurs de cette presse dis­si­dente aux jour­nal­istes, à com­mencer par celui de L’Ex­press qui s’est vu opposé plusieurs fins de non-recevoir de la part des sites sur lesquels il enquê­tait. S’in­téres­sant au Cer­cle des Volon­taires, site ani­mé par Raphaël Berland, ce dernier pointe du doigt un para­doxe : « Son site reprend (…), comme beau­coup de médias “alter­nat­ifs”, énor­mé­ment d’in­for­ma­tions pub­liées par les médias qu’il abhorre. »

Ce qu’il oublie de dire, c’est que les petits sites de réin­for­ma­tion ne sont pas main­tenus en vie par d’abon­dantes sub­ven­tions, et que 80%, voire plus, de leur con­tenu ne sont pas un copi­er-coller de dépêch­es AFP… C’est d’ailleurs l’une des cri­tiques for­mulées par Jean Robin, fon­da­teur du site Enquête & Débat : « Oui, je suis jour­nal­iste. Je fais mon méti­er, mais je ne suis pas sub­ven­tion­né comme vous, médias du sys­tème et je n’ai pas de carte de presse. »

Con­tin­u­ant son enquête, le jour­nal­iste inter­roge Jean-Yves Le Gal­lou, à l’origine du terme de « réin­for­ma­tion ». « Le poli­tique­ment cor­rect s’im­pose au monde poli­tique, admin­is­tratif et intel­lectuel à tra­vers les médias tra­di­tion­nels. Le principe de la réin­for­ma­tion c’est donc de don­ner des infor­ma­tions et des points de vue alter­nat­ifs face à cette cen­sure. L’ex­pres­sion ‘grand rem­place­ment’, par exem­ple, est entrée dans le vocab­u­laire courant grâce aux médias alter­nat­ifs », explique le fon­da­teur de Polémia, qui offi­cie notam­ment sur TV Lib­ertés.

Et Adrien Séné­cat de s’é­ton­ner que Pierre-Alexan­dre Bouclay, jour­nal­iste pour Valeurs Actuelles et égale­ment col­lab­o­ra­teur de TV Lib­ertés, ait com­mis l’af­front impar­donnable d’être cité dans un rap­port de l’en­quête admin­is­tra­tive sur la mort de Rémi Fraisse, au bar­rage de Sivens. Ils se per­me­t­tent vrai­ment tout, ces fachos, même de faire du bon boulot !

Jean-Yves Le Gal­lou ose le par­al­lèle qui inter­pelle : « Les médias alter­nat­ifs sont les petits mam­mifères à la fin des dinosaures. » Et celui-ci de soulign­er : « Le Web per­met de sor­tir de la pen­sée unique. Il y a aujour­d’hui beau­coup plus de lib­ertés sur les tri­bunes du Figarovox que dans la ver­sion papi­er du Figaro. Mais franche­ment, un texte pub­lié sur Boule­vard Voltaire trou­vera une audi­ence beau­coup plus grande. »

« Cette ébul­li­tion n’est pas sans rap­pel­er la nais­sance de la presse post-mai 68 ou les radios libres », note L’Ex­press. « Chaque fois qu’un nou­veau média arrive, on observe ce type de phénomène. D’au­tant plus que le Web est par­ti­c­ulière­ment sou­ple et néces­site peu d’in­vestisse­ments », ajoute le soci­o­logue Jean-Marie Charon, cité dans le papier.

Reste un prob­lème majeur : il demeure bien dif­fi­cile pour ces sites de trou­ver leur mod­èle économique, voire de génér­er de l’ar­gent tout court.

Et même si le jour­nal­iste ne peut que con­stater l’au­di­ence énorme de cer­tains sites comme Égal­ité & Réc­on­cil­i­a­tion, il ajoute que cette per­for­mance est encore « très loin de sup­planter Le Monde, Le Figaro ou L’Express ».

Et alors que de plus en plus de médias alter­nat­ifs sont en voie de pro­fes­sion­nal­i­sa­tion, il reste encore « du chemin à faire ». Et si on coupait le réser­voir à sub­ven­tions, his­toire de voir à quelle vitesse la ten­dance s’inverserait ?