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13 mars 2024

Temps de lecture : 23 minutes

13 mars 2024

Accueil | Portraits | Frank Melloul

Frank Melloul

Temps de lecture : 23 minutes

Patron d’i24news et agent d’influence professionnel

« Ni de gauche, ni du cen­tre, ni de droite, mais pour Israël », « La vit­rine d’Israël », The Jerusalem Post, 25/12/2012

Né le 2 juillet 1973 à Fribourg (Suisse), il est le fils de deux Français d’origine séfarade venus s’installer dans la Confédération Helvétique, Charles Melloul, physiothérapeute et spécialiste de médecine chinoise, et Gisèle Melloul (de son nom de jeune fille El-Baze) psychomotricienne, qui se rencontrèrent à l’École normale israélite orientale de Paris. Selon Frank Melloul, ses parents, d’origine marocaine, étaient des proches du philosophe Emmanuel Lévinas qu’ils ont suivi en Suisse, à la Faculté de théologie de Fribourg. Ce franco-suisse s’est marié en 2004 avec une juriste d’entreprise, il est le père de deux enfants.

Formation

Diplo­mate de for­ma­tion (tit­u­laire d’une licence de l’In­sti­tut uni­ver­si­taire des hautes études inter­na­tionales de Genève et d’une maîtrise de rela­tions inter­na­tionales de l’École des hautes études inter­na­tionales de Paris), Frank Mel­loul a gran­di en Suisse et y a fait son ser­vice mil­i­taire à Moudon, comme sol­dat d’hôpital, avant de rejoin­dre la France à la fin des années 1990 pour achev­er son par­cours académique et démar­rer une car­rière de haut fonc­tion­naire. Out­re ses fonc­tions poli­tiques, Frank Mel­loul a fait une brève car­rière d’an­i­ma­teur sur Acid­ule FM (radio suisse), Radio Nos­tal­gie Suisse et Lau­sanne FM. « Très vite, il s’implique dans la créa­tion d’événements dont le cinquan­tième anniver­saire de l’état d’Israël [1998]. Sur les con­seils de sa famille, il va donc pour­suiv­re ses études en rela­tions inter­na­tionales.» (source : Gol­da Mag­a­zine, n°11 août 2020).

Parcours professionnel

Ce spé­cial­iste des ques­tions inter­na­tionales a com­mencé sa car­rière comme chargé de mis­sion auprès du directeur des affaires stratégiques, de la sécu­rité et du désarme­ment au min­istère des affaires étrangères en 2001, et il en devient chargé de com­mu­ni­ca­tion et des rela­tions avec la presse au cab­i­net du min­istre délégué aux affaires européennes en 2002. Jusqu’en avril 2005, il col­la­bore avec le min­istère des affaires étrangères[1] et le min­istère de l’intérieur en tant que porte-parole, con­seiller presse et com­mu­ni­ca­tion avant de devenir con­seiller du pre­mier min­istre[2] Dominique de Villepin, à Matignon. Il est nom­mé directeur de la stratégie et du développe­ment inter­na­tion­al de France 24 en mai 2007 puis prend les fonc­tions de directeur de la stratégie, du développe­ment et des affaires publiques de l’audiovisuel extérieur de la France (AEF) en juil­let 2008. Durant cette péri­ode à l’AEF, le fran­co-suisse crée « une radio fran­coph­o­ne au Qatar, tis­sé des liens stratégiques avec la BBC, Deutsche Welle et Voice of Amer­i­ca. » (source : « France 24 : Jup­pé gère l’après Ock­rent », TV Mag, 29/08/2011).

Frank Mel­loul devient en 2009 directeur de cab­i­net du très « atlantiste » Pierre Lel­louche (il a évolué depuis) alors secré­taire d’É­tat chargé des Affaires européennes (mem­bre des Répub­li­cains, ex-UMP) et représen­tant spé­cial pour l’Afghanistan et le Pak­istan (AfPak). Il est nom­mé en mars 2012, directeur de la stratégie, de la recherche, du busi­ness développe­ment inter­na­tion­al de l’audiovisuel extérieur de la France (AEF), regroupant notam­ment France24, RFI, et TV5 Monde, avant d’être désavoué par le gou­verne­ment de François Hol­lande sur son pro­jet de com­plé­men­tar­ité entre France 24 et RFI. Durant son pas­sage à l’Au­dio­vi­suel extérieur de la France (AEF), il s’est retrou­vé vic­time d’une som­bre affaire d’espionnage organ­isée par la plus proche col­lab­o­ra­trice de Chris­tine Ock­rent, alors direc­trice générale déléguée de AEF. Avec l’aide de Thibault de Robert, un prestataire infor­ma­tique chargé de la sécu­rité des réseaux, Can­dice Mar­chal, respon­s­able des coor­di­na­tions de l’AEF, avait mis en place un sys­tème d’espionnage, depuis son domi­cile, des ordi­na­teurs des prin­ci­paux dirigeants dont des notes classées « con­fi­den­tiel » de Frank Mel­loul. Détail trou­blant, Thibault de Robert a longtemps tra­vail­lé pour BK Con­seil, société de Bernard Kouch­n­er, le com­pagnon de Mme Ock­rent, et un cour­riel retrou­vé par les enquê­teurs entre Can­dice Mar­chal et Chris­tine Ock­rent mon­trait que la col­lab­o­ra­trice infor­mait sa patronne de ce qui se dis­ait sur elle quand elle avait le dos tourné (source : « La col­lab­o­ra­trice de Chris­tine Ock­rent est passée aux aveux », Le Point, 04/12/2010). Mais Chris­tine Ock­rent est mise hors de cause, la thèse d’un acte isolé de Can­dice Mar­chal aidée par Thibault de Robert sera retenue, et ils seront les deux con­damnés à six mois de prison avec sur­sis en juin 2016 pour « espi­onnage infor­ma­tique. »

Frank Mel­loul pré­side depuis 2012 la chaîne d’in­for­ma­tion inter­na­tionale i24news (il en détient 15 %[3]). Patrick Drahi, appar­tenant lui aus­si à la com­mu­nauté juive libérale de Genève, lui aurait fait part peu de temps avant le Yom Kip­pour de 2012 de sa décep­tion quant au traite­ment très ori­en­té d’Israël dans les médias français et sa volon­té d’y remédi­er en met­tant sur pied l’équivalent de France 24 pour l’état hébreu. Frank Mel­loul réflé­chit deux mois avant de répon­dre pos­i­tive­ment au mag­nat des télécoms.
Selon The Jerusalem Post, il a fait « son aliya [4] en famille début jan­vi­er [2013], mu par son pro­jet de chaîne inter­na­tionale. » (source : « La vit­rine d’Israël », The Jerusalem Post, 25/12/2012). Frank Mel­loul était par ailleurs présent au dîn­er du CRIF (Con­seil représen­tatif des insti­tu­tions juives de France) en 2006[5] et 2007[6] et il a inau­guré les dîn­ers poli­tiques de l’Union des patrons et des pro­fes­sion­nels juifs de France en novem­bre 2006.

Parcours militant

Les Républicains (ex-UMP)

C’est lors d’un voy­age en Iran en 2003 qu’il est repéré par Dominique de Villepin, alors Pre­mier Min­istre de Jacques Chirac. Il en devient ain­si son con­seiller et chef adjoint du ser­vice de presse de Matignon entre juin 2005 et avril 2007 avec Véronique Guiller­mo. « Le fait que tous deux aient gran­di à l’é­tranger en rêvant de “servir la France” a con­tribué à les rap­procher[7]. » À cette époque, Frank Mel­loul ne tar­it pas d’éloge sur son men­tor en poli­tique, il est pour lui « un homme de principes et de valeurs », fon­dant « son action sur une exi­gence de jus­tice et de fer­meté sur laque­lle il ne tran­sige pas », sachant écouter « ceux qui l’entourent », « un ani­mal poli­tique qui regorge de ressources et qui, dans la tem­pête, aura tou­jours le geste pour remo­tiv­er ses troupes.[7]» En mars 2009, il est recruté par Pierre Lel­louche, alors secré­taire d’État aux Affaires européennes et alors plutôt atlantiste[8], pour réfléchir sur les moyens à met­tre en œuvre afin de créer un « soft pow­er » à la française et pour men­er une réflex­ion sur la mis­sion AFPAK (Afghanistan-Pak­istan) du Min­istère des Affaires Étrangères. Frank Mel­loul déclare avec une cer­taine pointe de cynisme qu’« il faut que les Afghans aient l’im­pres­sion que la com­mu­nauté inter­na­tionale est là pour les aider à con­stru­ire leur avenir.[9]»  Avec cette nom­i­na­tion, Frank Mel­loul[10] s’éloigne peu à peu de Dominique de Villepin et la rup­ture sera effec­tive lors des pris­es de posi­tion en faveur des Pales­tiniens de l’ancien Pre­mier Min­istre durant l’année 2010 : « je ne peux que regret­ter la tonal­ité des pro­pos tenus par Dominique de Villepin sur Gaza. J’au­rais souhaité de sa part un peu plus de retenue, et je le lui ai dit. Je les regrette d’au­tant plus qu’il a été l’un de ceux, ces dernières années, qui ont le plus con­tribué au rap­proche­ment fran­co-israélien. Quand on défend la cohé­sion nationale, on doit faire atten­tion à ce genre de choses.[11] »

Le secré­taire général de l’UMP, Xavier Bertrand, alors mem­bre de la garde rap­prochée du prési­dent de la République Nico­las Sarkozy et adver­saire de Dominique de Villepin, con­fie une mis­sion en juin 2010 à Frank Mel­loul por­tant sur le développe­ment de l’in­flu­ence de la France sur la scène inter­na­tionale (voir un spé­cial­iste de l’influence et du soft pow­er). Fort de cette rela­tion avec le patron de l’UMP, Frank Mel­loul lui exprime son souhait d’être le can­di­dat aux lég­isla­tives de 2012 pour les 105 000 électeurs français vivant en Suisse. Il se place à cette époque comme un can­di­dat de réc­on­cil­i­a­tion entre Dominique de Villepin et Nico­las Sarkozy[12], refu­sant de choisir entre ces deux fig­ures de l’UMP. Mal­heureuse­ment pour lui[13], la Com­mis­sion d’in­vesti­ture du par­ti choisira la coor­di­na­trice de l’U­nion des Français de Suisse, Clau­dine Schmid.

Un spécialiste de l’influence et de la diplomatie publique (soft power)

Frank Mel­loul dans les dif­férents emplois qu’il a occupés, que ce soit au ser­vice de Dominique de Villepin (« l’un des meilleurs agents d’in­flu­ence de Villepin auprès des jour­nal­istes [14] »), de la diplo­matie française, de l’UMP, de France 24 (« adepte du « soft pow­er et de la diplo­matie d’in­flu­ence[15]») et l’Audiovisuel extérieur français (AEF), d’i24news, de Patrick Drahi et d’Israël, il a été recruté pour met­tre en pra­tique sa spé­cial­ité d’agent d’influence. Son tra­vail durant sa car­rière au cœur des médias doit être vu à tra­vers son désir de faire jouer un rôle prépondérant dans la diplo­matie publique (« soft pow­er ») à ses employeurs suc­ces­sifs. Selon la déf­i­ni­tion don­née par Frank Mel­loul, la diplo­matie publique[16] (gag­n­er les opin­ions inter­na­tionales aux intérêts de son pays) « vise donc à accroître le “soft pow­er”[17], en s’adressant « aux pop­u­la­tions, et ce, afin d’en obtenir leur com­préhen­sion, voire leur sou­tien à notre poli­tique. » Ce sou­tien se traduisant par « une véri­ta­ble con­ver­sion idéologique ou l’éveil d’une vague de sym­pa­thie, qui elle même, facilit­era le suc­cès des des­seins com­mer­ci­aux, poli­tiques ou autres d’un pays ou dimin­uera les obsta­cles psy­chologiques qu’il pour­rait ren­con­tr­er. » L’autre « objec­tif cru­cial de la diplo­matie publique : amélior­er, voire rec­ti­fi­er l’image nationale, une image indis­sol­uble­ment liée à la démoc­ra­tie et au monde libre. Ain­si, la diplo­matie publique vient en sou­tien d’une poli­tique étrangère et sert l’image d’un pays. » Pour Frank Mel­loul, « cette stratégie est ini­tiale­ment pen­sée comme une réponse à une guerre totale menée par l’intermédiaire des images. La prob­lé­ma­tique de guerre des images et des idées est donc pen­sée comme un affron­te­ment plané­taire “pour les cœurs et les esprits”, suiv­ant la for­mule con­sacrée. » Pas éton­nant, dès lors, de voir évoluer le fran­co-suisse au cœur des médias éta­tiques inter­na­tionaux comme France 24 (pour l’influence de la France) ou i24news (pour l’influence d’Israël).

Son rôle d’agent d’influence s’est traduit dans le passé, par exem­ple, par le parte­nar­i­at noué en 2011 entre France 24 et les rebelles du Con­seil nation­al de tran­si­tion (CNT) libyens en pleine lutte avec Mouam­mar Kad­hafi pour le con­trôle de la Libye. France 24 a, ain­si, for­mé des jour­nal­istes issus des rangs rebelles en France. Frank Mel­loul, alors directeur de la stratégie et du développe­ment déclarait que France 24 avait « décidé d’aider les gens qui font la Révo­lu­tion car comme en Libye, ce sont eux qui nous en ont fait la demande. Et nous répon­drons tou­jours pos­i­tive­ment à ce type de requête. (…) Par ailleurs, cette coopéra­tion con­sacre la réus­site de France 24 en arabe qui est le média inter­na­tion­al le plus regardé en Libye avec Al Ara­biya et d’Al Jazi­ra.[18]»

Par ailleurs, ce n’est pas la pre­mière fois que France 24 aidait les mou­ve­ments révo­lu­tion­naires du « Print­emps Arabe » à se for­mer aux tech­niques audio­vi­suelles puisque la chaîne inter­na­tionale avait assuré la for­ma­tion des jour­nal­istes de la télévi­sion nationale tunisi­enne après la chute du cou­ple prési­den­tiel Ben Ali et de sa femme Leïla Tra­bel­si. C’est son expéri­ence de « spé­cial­iste des ques­tions de diplo­matie publique » qui a poussé Patrick Drahi à lui con­fi­er les rênes de la chaîne i24news en 2012 afin « de mon­tr­er au monde, la réal­ité d’Israël, le fait que ce pays a une opin­ion, un point de vue sur ce qui se passe dans le monde, pour que l’on puisse voir aujourd’hui cet État avec un autre regard, comme une démoc­ra­tie du Moyen-Ori­ent, qui partage sou­vent des valeurs qui sont com­munes à plusieurs peu­ples du monde,(…) et de met­tre en avant ces valeurs. [19] »

Son arrivée à la tête de la chaîne israéli­enne ne s’est pas faite sans quelques remous ; des inter­nautes lui ont reproché d’être l’ancien bras-droit de Dominique de Villepin (con­sid­éré comme hos­tile à Israël). Pour pren­dre sa défense, un jour­nal­iste anonyme « tra­vail­lant dans le monde des médias français » a écrit une tri­bune libre pub­liée sur le site JSSNews.com (« pre­mier média fran­coph­o­ne qui traite d’Israël ») affir­mant que la nom­i­na­tion de Frank Mel­loul à i24news était « une excel­lente nou­velle pour Israël ! » L’État hébreux lui devant « une fière chan­delle », car « c’est grâce à Frank Mel­loul que le Hamas est sur la liste des organ­i­sa­tions ter­ror­istes en France. [20] » Une infor­ma­tion impos­si­ble à vérifier.

La chaîne obtient enfin le droit d’émettre en Israël en 2017 (jusque-là, elle n’était dif­fusée que sur Inter­net) après que les autorités de régu­la­tion eurent estimé que Patrick Drahi, égale­ment pro­prié­taire du prin­ci­pal opéra­teur télé­phonique du pays, n’enfreignait pas loi sur la con­cen­tra­tion des médias qui pré­vaut dans l’état hébreu. Or, entre 2013 et 2017, Netanyahu occu­pait deux fonc­tions, celle de Pre­mier min­istre et égale­ment celle de min­istre des Télé­com­mu­ni­ca­tions, ce qui a pu faciliter les trac­ta­tions. De fait, il sem­ble que la chaîne ait pu obtenir cette autori­sa­tion d’émettre en prenant large­ment par­ti pour Ben­jamin Netanyahu. Selon la cel­lule d’investigation d’Haaretz, Mel­loul aurait pronon­cé les mots suiv­ants lors d’une réu­nion avec les mem­bres du bureau new-yorkais de la chaîne en 2016 : « “We need to be soft­er toward Netanyahu […] less crit­i­cal ».

Une autre occa­sion est don­née d’exercer son pou­voir d’influence pour Frank Mel­loul et i24news avec les accords d’Abraham signés en 2020 par Israël avec les Émi­rats arabes unis et le Bahreïn. Ces accords ont en effet « ouvert des oppor­tu­nités » à i24news « que nous n’aurions pu imag­in­er, en tant que chaîne basée en Israël. » Depuis la sig­na­ture « nous avons ouvert des stu­dios à Dubaï et au Maroc, et nous avons con­clu des accords avec de grands groupes médias à Bahreïn et aux Émi­rats arabes unis. [21] »

Suite à la réac­ti­va­tion du con­flit ouvert entre Hamas et Israël en octo­bre 2023, la chaîne met en place un dis­posi­tif spé­cial pour cou­vrir l’événement de la manière la plus ample pos­si­ble. Frank Mel­loul affirme que la chaîne ne souhaite pas s’inscrire dans « la guerre de l’information », mais seule­ment reporter l’information et don­ner la parole aux forces en présence, comme l’intéressé l’affirme à France info :

« Nous don­nons l’an­tenne à l’ar­mée israéli­enne et aux par­ti­sans du Hamas, nous avons des Gaza­ouis qui s’ex­pri­ment régulièrement sur notre antenne. Nous avons aus­si des porte-paroles de l’ar­mée israéli­enne ».

Au début de l’année 2024, la chaîne lance un canal hébreu, elle aus­si basée dans les stu­dios du port de Jaf­fa. Le groupe Altice tient enfin sa chaîne d’information locale à des­ti­na­tion des Israéliens, un objec­tif du duo Drahi-Mel­loul depuis la fon­da­tion du média dix ans plus tôt. Israel Twito, l’an­cien dirigeant de la chaîne israéli­enne Chan­nel 13, qui avait suc­cédé à Chan­nel 2 en 2017, jugée trop cri­tique du pou­voir, prend la tête de la rédaction.

Pour Mel­loul, « [l]e pub­lic israélien mérite une chaîne d’in­for­ma­tion en con­tinu per­ti­nente, respon­s­able, au con­tenu équili­bré, et c’est précisément ce qui24news en hébreu apportera ».

Il a dit

« Mais il y a effec­tive­ment une dimen­sion totale­ment nou­velle dans ce con­flit, quand le Hamas s’est infil­tré en Israël et a per­pétré les exac­tions qu’on a pu voir, non seule­ment il s’est intro­duit en ter­ri­toire israélien, mais il a pris le mono­pole de la com­mu­ni­ca­tion. Pen­dant des heures, nous avons pu voir des vidéos plus igno­bles les unes que les autres, être postées sur Tik­Tok, sur Snapchat. Des vidéos dif­fi­ciles à croire dès le début. Le par­ti pris par i24NEWS, c’est de mon­tr­er ces images », Fran­ce­In­fo, 19/10/2023.

« Un média est un obser­va­teur de la réal­ité. C’est ce que nous sommes, mais de fait nous sommes aus­si devenus acteurs de la con­struc­tion d’un nou­veau Moyen-Ori­ent. » « Télévi­sion : i24news tisse sa toile au Moyen-Ori­ent », Les Échos, 23/12/2021.

« Mon passé de diplo­mate, mon expéri­ence auprès de per­son­nal­ités poli­tiques français­es de haut niveau inter­na­tion­al, m’ont mon­tré qu’a pri­ori elles ne sont pas anti­sémites ou anti­sion­istes, même s’il y en a de plus en plus mal­heureuse­ment. C’est l’ignorance qui est le plus grand enne­mi d’Israël car elle ani­me les préjugés. L’arme de destruc­tion mas­sive face aux préjugés c’est une chaîne d’information con­tin­ue. Pour que nous soyons effi­caces, nous devons être crédi­bles. » « Frank Mel­loul: « I24 news est dev­enue incon­tourn­able », LPH INFO, 30/05/2018.

« i24news est une chaîne israéli­enne pour l’AFP, avec tous les sous-enten­dus que cela com­porte, une chaîne pro-Bibi pour Haaretz, une chaîne de gauche pour cer­tains, une chaîne sion­iste pour les Arabes. Pour moi, c’est parce que tout ce monde s’est appro­prié la chaîne que ces diver­gences exis­tent. (…) Cela veut juste dire que l’on fait notre boulot comme il faut. Les événe­ments des dernières semaines mon­trent que nous sommes la seule chaîne au monde qui mon­tre l’image glob­ale, la vérité. La vérité c’est les faits. », ibid.

« Mon passé de diplo­mate, mon expéri­ence auprès de per­son­nal­ités poli­tiques français­es de haut niveau inter­na­tion­al, m’ont mon­tré qu’a pri­ori elles ne sont pas anti­sémites ou anti­sion­istes, même s’il y en a de plus en plus mal­heureuse­ment. C’est l’ignorance qui est le plus grand enne­mi d’Israël car elle ani­me les préjugés. L’arme de destruc­tion mas­sive face aux préjugés c’est une chaîne d’information con­tin­ue. Pour que nous soyons effi­caces, nous devons être crédi­bles. », ibid.

« Une évi­dence : si le monde pense en majorité que la paix est impos­si­ble avec Israël, la respon­s­abil­ité en incombe prin­ci­pale­ment aux médias. C’est mon intime con­vic­tion. La caisse de réso­nance est telle que le traite­ment négatif per­pétuel et à charge nour­rit les préjugés et cristallise ce qui divise au détri­ment de ce qui rassem­ble. (…) Alors qu’une des plus grandes men­aces aux­quelles Israël doit faire face est la cam­pagne inter­na­tionale de dé-légiti­ma­tion. Il existe désor­mais, à Tel-Aviv, une chaîne d’information inter­na­tionale dans laque­lle Juifs et Musul­mans, pen­dant leurs moments de détente, parta­gent ensem­ble le même houm­mous… Cela est donc pos­si­ble! Et le début de quelque chose de plus grand, qui sait… », Hay­om, mag­a­zine de la com­mu­nauté juive libérale de Genève n°60 été 2016.

« La diver­sité, c’est la force de la société israéli­enne et donc de la chaîne [i24news]. », Hay­om, mag­a­zine de la com­mu­nauté juive libérale de Genève n°55 print­emps 2015.

« La rai­son d’être de cette chaîne, c’est d’être le dôme d’acier de la com­mu­ni­ca­tion d’Israël. Il y a aujourd’hui un Israël bash­ing sur toutes les chaînes d’information. À chaque fois que CNN, BBC, France 24, Al-Jazeera, trait­ent de l’actualité en Israël ce sont des mis­siles qu’ils envoient, nous ce qu’on veut, c’est chang­er le sto­ry-stelling. », i24news, 2012

« Nous n’allons pas faire une chaîne de pro­pa­gande car je sais per­son­nelle­ment ce qu’est une chaîne de pro­pa­gande pour avoir fait France 24. », ibid.

« Nous répon­dons à aucun agen­da poli­tique (…) Mon ambi­tion est d’influencer la per­cep­tion d’Israël dans le monde. », ibid.

« L’idée est venue de Patrick Drahi, un homme d’affaires, qui m’a con­va­in­cu de relever ce défi parce que je pense qu’aujourd’hui il est temps pour Israël d’avoir une chaîne qui con­tribue à son ray­on­nement à l’international. », larchemag.fr, 12/11/2012.

« En 2010, le Pre­mier min­istre israélien Ben­jamin Netanyahu avait affir­mé à la tri­bune de la Knes­set (Par­lement) qu’il espérait voir Israël dis­pos­er d’une chaîne comme France 24. Ce rêve va devenir réal­ité. » « Israël: un Français nom­mé à la tête d’une future chaîne TV mul­ti­lingue », AFP, 25/10/2012.

« Il faut que les Afghans aient l’im­pres­sion que la com­mu­nauté inter­na­tionale est là pour les aider à con­stru­ire leur avenir» « Frank Mel­loul, un Suisse dans le club très fer­mé de «l’AfPak» », Le Temps, 11/05/2009.

« Mon attache, c’est que mes par­ents se sont con­nus chez Lev­inas à l’ENIO (école nor­male israélite ori­en­tale). Ce sont deux anciens élèves. Mon père, quand il suiv­ait ses études de médecine, était logé à l’ENIO où il avait la fonc­tion d’infirmier et de pion. Quand il a fini ses études, Lev­inas, qui enseignait à la fac­ulté de théolo­gie de Fri­bourg, lui a dit qu’il con­nais­sait bien le directeur de l’hôpital can­ton­al. C’est ain­si que mes par­ents se sont retrou­vés à Fri­bourg. » Hay­om n°83 print­emps 2022.

« Il y a cepen­dant un seul argu­ment que l’au­teur «oublie» de men­tion­ner: les Arabes, avec cette arrivée mas­sive de Juifs sovié­tiques., per­dent la seule arme qui leur aurait per­mis de vain­cre Israël à l’usure, à savoir la démo- gra­phie. Longtemps, les pays arabes déclaraient que le temps tra­vail­lait pour eux, car ils espéraient que la pop­u­la­tion arabe d’Is­raël, de Cisjor­danie et de Gaza dépasserait la pop­u­la­tion juive instal­lée sur le même ter­ri­toire. Cela est désor­mais grave­ment remis en cause. » « Et l’an­tisémitisme crois­sant en Union sovié­tique ? », Le Nou­veau Quo­ti­di­en, 3–4/11/1991.

Ils ont dit

« Il demande à un ami, dont il tait le nom, de le met­tre en con­tact avec Frank Mel­loul. Homme de cab­i­net, il est alors chargé du développe­ment et de la stratégie de laudio­vi­suel extérieur de la France. Les deux hommes se ren­con­trent à Paris, à La Rotonde, une des brasseries préférées de Patrick Drahi. Il expose son pro­jet à un Frank Mel­loul médusé. Lancien diplo­mate sattendait à ce que Patrick Drahi lui demande de pou­voir dif­fuser France 24, pas à ce quil lui pro­pose de créer ex nihi­lo une chaîne dinfor­ma­tion, qui plus est en sinstal­lant à Tel Aviv. » Elsa Bem­baron, Patrick Drahi. L’o­gre des net­works, 2017.

« Entré au ser­vice de presse du Quai dOrsay, ce jeune quadragé­naire né en Suisse sest dabord frayé un chemin jusquau cab­i­net du min­istre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, avant de le suiv­re à Matignon, puis sest vu propul­sé à la direc­tion de la stratégie de France 24. Un sans-faute, même sil na pas rédigé le fameux dis­cours de Villepin à lONU, con­traire­ment à ce dont il se vante par­fois devant ses jour­nal­istes », L’Obs, 28/01/2015.

« Car selon les témoignages de nom­breux employés de la chaîne que nous avons recueil­lis, lancien diplo­mate se révélerait un piètre cap­i­taine. Humil­i­a­tions, hurlements, flicage, licen­ciements minute et para­noï: sous cou­vert danony­mat, ses troupes dressent ain­si le por­trait dune rédac­tion placée sous ten­sion per­ma­nente », Ibid.

« L’homme d’une mis­sion. C’est ain­si que l’on pour­rait définir Frank Mel­loul. Car celui qui a offi­cié comme directeur stratégique et du développe­ment au sein de l’Audiovisuel extérieur de la France est aujourd’hui à la tête d’un pro­jet d’envergure : dot­er Israël d’un out­il d’influence pour con­tribuer à son ray­on­nement cul­turel et poli­tique. “Un chal­lenge qu’on ne peut pas refuser”, dit-il sim­ple­ment. » « La vit­rine d’Israël », The Jerusalem Post, 25/12/2012.

« ni de gauche, ni du cen­tre, ni de droite, mais pour Israël »  « La vit­rine d’Israël », The Jerusalem Post, 25/12/2012.

« Une expéri­ence accu­mulée non nég­lige­able qui lui per­met aujourd’hui de savoir « pourquoi on n’aime pas Israël », et « où appuy­er » pour rec­ti­fi­er le tir. » « La vit­rine d’Israël », The Jerusalem Post, 25/12/2012.

Notes

[1] À cette occa­sion, il est invité  en octo­bre 2003 à se join­dre à une « délé­ga­tion avec le min­istre Dominique de Villepin, le min­istre anglais des affaires étrangères et le min­istre alle­mand des affaires étrangères pour aller à Téhéran ren­con­tr­er le min­istre des affaires nucléaires qui n’est autre à l’époque que Rouhani… » « i24news une suc­cess sto­ry signée Frank Mel­loul », Gol­da Mag­a­zine, août 2020 n°11

[2] « des ren­con­tres mar­quantes comme la fois ou l’ambassade d’Israël l’appelle en faisant abstrac­tion du pro­to­cole diplo­ma­tique, lui demande son aide pour que le prési­dent Chirac reçoive Ariel Sharon à l’Elysée avec les hon­neurs dus à un chef  du gou­verne­ment … C’est donc avec tact et diplo­matie qu’il trou­ve moyen de con­va­in­cre le Pre­mier min­istre de touch­er un mot à Jacques Chirac pour qu’il se com­porte digne­ment avec Ariel Sharon. Cette ren­con­tre avec Ariel Sharon va mar­quer Frank Mel­loul à vie. » « i24news une suc­cess sto­ry signée Frank Mel­loul », Gol­da Mag­a­zine, août 2020 n°11

[3] i24news est éditée par Newslux SARL. Son cap­i­tal se répar­tit entre deux sociétés lux­em­bour­geois­es. D’une part, FM Con­sult SARL (15% du cap­i­tal), qui appar­tient à Frank Mel­loul. D’autre part, Altice IV SA (85% du cap­i­tal), société de Patrick Drahi détenue par la société panaméenne Jenville SA.

[4] Aliya : ce terme sig­ni­fie l’im­mi­gra­tion d’un Juif en Israël. « J’ai fait l’Aliyah avec ma famille pour créer i24news, avec pour objec­tif de présen­ter au monde ce qui se passe en Israël et au Moyen-Ori­ent de manière équili­brée et équitable. » (source : lphinfo.com)

[5] Faits & Doc­u­ments n°212

[6] Faits & Doc­u­ments n°230

[7] « Le garde suisse de Villepin » (Le Temps, 18/05/2006)

[8] Défenseur de la poli­tique améri­caine et israéli­enne, il a notam­ment soutenu la guerre en Irak, en 2003, et la poli­tique étrangère de George W. Bush.

[9] « Frank Mel­loul, un Suisse dans le club très fer­mé de «l’AfPak» », Le Temps, 11/05/2009

[10] « Cela dit, Dominique de Villepin a “son” Juif. Frank Mel­loul, qui fut son con­seiller en com­mu­ni­ca­tion, est aujour­d’hui, en quelque sorte, dans le camp adverse. Il est en effet à la tête d’une chaîne de télévi­sion… israéli­enne : i24news. » « De Villepin, tou­jours plus loin dans la haine d’Israël », actuj.com, 03/03/2015

[11] « Com­ment Villepin enflamme les cités », Le Point, 05/08/2010

[12] « À chaque fois que j’ai vu Villepin et Sarkozy tra­vailler ensem­ble, comme dans la crise des ban­lieues, ça a été gag­nant-gag­nant pour la France. » « Mel­loul, villepin­iste en mis­sion pour l’UMP », Mar­i­anne, 09/10/2010

[13] « Ma can­di­da­ture était une propo­si­tion de rassem­ble­ment, dit-il. Le par­ti n’en a pas tenu compte. Donc, j’en prends acte et je n’ex­clus pas de me présen­ter sous une autre éti­quette. », La droite française se déchire en terre suisse, Le Matin,  01/05/2011

[14] « Com­ment Villepin enflamme les cités », Le Point, 05/08/2010

[15] « France 24 : Jup­pé gère l’après Ock­rent », TV Mag, 29/08/2011

[16] « La déf­i­ni­tion la plus per­ti­nente de la diplo­matie publique est très cer­taine­ment celle don­née par l’ancien Sous-secré­taire d’Etat améri­cain James Glass­man, qui la décrivait ain­si : « Elle a pour objec­tif : la réus­site de l’intérêt nation­al. La diplo­matie publique accom­plie sa mis­sion d’une façon par­ti­c­ulière : par com­préhen­sion, infor­ma­tion, engage­ment et per­sua­sion des opin­ions publiques inter­na­tionales… Pour réus­sir plus facile­ment notre poli­tique étrangère. Plus sim­ple­ment, elle aide à attein­dre notre but en matière de poli­tique étrangère à tra­vers un con­trat d’engagement avec les peu­ples du mon­des. », Développe­ment de l’influence de la France sur la scène inter­na­tionale Une diplo­matie publique à la française. Rap­port à M.le secré­taire général de l’UMP. Frank Melloul

[17] « Le « soft pow­er » est un terme util­isé en théorie des rela­tions inter­na­tionales pour décrire la capac­ité d’une organ­i­sa­tion poli­tique ou non, comme un État ou une organ­i­sa­tion non éta­tique, à influ­encer indi­recte­ment le com­porte­ment d’une ou de plusieurs autres organ­i­sa­tions poli­tiques. Au con­traire de mesures coerci­tives util­isées dans le « hard pow­er » à par­tir d’actions comme le recours au mil­i­taire ou au blo­cus économique, le « soft pow­er » va faire appel à des mesures plus sub­tiles empreintes de cul­tures, de valeurs, de meilleures pra­tiques, de con­vic­tions ain­si que d’une capac­ité à con­va­in­cre ou à rechercher le con­sen­sus. La force est ici la per­sua­sion et non plus la coerci­tion. », Développe­ment de l’influence de la France sur la scène inter­na­tionale Une diplo­matie publique à la française. Rap­port à M.le secré­taire général de l’UMP. Frank Melloul

[18] « Libye : France 24 va aider les rebelles », TV Mag, 05/07/2011

[19] « La vit­rine d’Israël », The Jerusalem Post, 25/12/2012

[20] « Arrivée de Frank Mel­loul à Guy­sen : une excel­lente nou­velle pour Israël ! », jssnews.com, 28/10/2012

[21] Inter­view de Frank Mel­loul, PDG d’i24news pour Tri­bune Juive

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