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Florence Aubenas

12 juillet 2024

Temps de lecture : 20 minutes
Accueil | Portraits | Florence Aubenas
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Florence Aubenas

Temps de lecture : 20 minutes

Otage pour toujours

« Elle n’est pas une mil­i­tante de la défense de la veuve et de l’opprimé. Elle s’intéresse aux gens, à tous les gens, que ce soient les per­son­nes accusées à tort de pédophilie à Out­reau, les par­tic­i­pants au Fes­ti­val de Cannes, en pas­sant par les Hutus au Rwan­da. Elle aime racon­ter des his­toires ». Jean Hatzfeld, écrivain et ancien reporter à Libéra­tion « La reporter a été otage pen­dant cinq mois en Irak “Flo­rence a tou­jours voulu être jour­nal­iste” » — L’actu, 14 juin 2005

Florence Aubenas est née le 6 février 1961 à Bruxelles. Journaliste et reporter de guerre (Algérie, Rwanda, Afghanistan, Irak) elle est devenue une icône de la profession après sa prise d’otage en Irak. Actuellement journaliste au quotidien Le Monde, spécialiste de la Syrie, Florence Aubenas, sur ce sujet sensible des reportages de guerre, sort rarement des clous des informations autorisées. Sa couverture dépassionnée et informée des Gilets Jaunes a toutefois tranché avec le discours du reste de la profession. Captive des ornières de la politique internationale, la journaliste belge pose sur la France un regard étranger qui l’aide à sortir des sentiers battus de l’actualité domestique.

Fille de Jacque­line Aube­nas, jour­nal­iste, cri­tique de ciné­ma (« fémin­iste » et « spé­cial­iste d’Akerman et des Dar­d­enne ») et chargée de cours à l’INSAS (Bel­gique) et sœur de Sylvie Aube­nas. Son père, Benoît, fut ambas­sadeur aux Comores, au Togo, puis auprès de la Com­mu­nauté européenne à Brux­elles, ville où Flo­rence Aube­nas passera les dix-huit pre­mières années de sa vie dans l’appartement famil­ial d’Ixelles.

Formation

École Européenne de Brux­elles. Hypokhâgne au lycée Balzac et khâgne au lycée Fénelon (class­es pré­para­toires). Licence de let­tres à l’Université Paris Nan­terre. Elle n’a pas le goût de l’enseignement et passe à l’issue de son cur­sus plusieurs con­cours « pour calmer son père ». Le con­cours du CFJ est le pre­mier qu’elle réussira.

Diplômée du Cen­tre de For­ma­tion des Jour­nal­istes (pro­mo­tion 1984).

Parcours professionnel

1984 à 1986 : Secré­taire de rédac­tion (« un méti­er de nuit à l’époque ») au Nou­v­el Écon­o­miste.

1986 à 2006 : intè­gre le ser­vice Société de Libéra­tion (« par le biais d’une élève du CFJ qui avait été embauchée comme SR et qui m’a sig­nalé qu’ils recher­chaient quelqu’un dans son ser­vice. Libéra­tion, c’était vrai­ment mon canard d’étudiante et j’étais ravie de pou­voir y met­tre un pied »), suiv­ant les activ­ités de SOS Racisme, puis étranger avant de devenir grand reporter au quo­ti­di­en Libéra­tion. Elle a cou­vert de nom­breux événe­ments, d’abord le géno­cide rwandais à par­tir de juil­let 1994, où elle rem­place au pied levé un jour­nal­iste sur le départ. Dev­enue reporter de guerre par hasard, elle en fait sa voca­tion et se ren­dra par la suite au Con­go, au Burun­di, au Koso­vo, en Algérie, en Afghanistan et en Irak, tout en cou­vrant plusieurs grands procès en France. Pour le procès d’Outreau, dont elle a tiré un livre, elle révélera devant la Com­mis­sion d’enquête par­lemen­taire avoir eu accès au dossier d’instruction. Sa con­nivence avec les avo­cats de la défense lors du procès sera égale­ment cri­tiquée par la suite.

5 jan­vi­er 2005 au 12 juin 2005 : Otage en Irak. Offi­cielle­ment, la France n’a pas ver­sé de rançon, le quo­ti­di­en bri­tan­nique Times évoque un verse­ment de 10 mil­lions de dol­lars (7,8 mil­lions d’euros).

2006 : Quitte Libéra­tion pour rejoin­dre Le Nou­v­el Obser­va­teur en même temps que son fon­da­teur, Serge July.

De févri­er à juil­let 2009, elle prend un con­gé sab­ba­tique, s’in­stalle à Caen et s’in­scrit comme chômeuse à Pôle emploi pour chercher du tra­vail. Elle mène l’en­quête sur la France des tra­vailleurs pré­caires qui vivent avec un salaire inférieur au SMIC. De cette expéri­ence naît le livre Le Quai de Ouistre­ham, pub­lié en févri­er 2010. Le livre est adap­té au ciné­ma par le romanci­er Emmanuel Car­rère en 2020 avec Juli­ette Binoche dans le rôle-titre. Sa sor­tie en salle est retardée à cause de la pandémie mais il est pro­jeté au Fes­ti­val de Cannes en ouver­ture de la Quin­zaine des Réal­isa­teurs en 2021.

2009–2012 : elle est à la tête de l’Ob­ser­va­toire inter­na­tion­al des prisons.

Avril 2012 : Elle rejoint Le Monde, elle cou­vre le con­flit Syrien à par­tir de juil­let en tant qu’envoyé spé­cial, aux côtés de l’ar­mée syri­enne libre.

2013 : Elle pré­side le comité de sou­tien aux otages français Didi­er François et Édouard Elias, retenus en Syrie du 6 juin 2013 au 19 avril 2014.

2015 : Grand Témoin du Fes­ti­val Inter­na­tion­al de Géo­gra­phie de Saint-Dié-des-Vosges,

2017 : invitée lors de la ses­sion inau­gu­rale des ren­con­tres économiques d’Aix-en-Provence : « Qu’est-ce que la prospérité aujourd’hui ? »

2018 : invitée par d’Antoine Com­pagnon, pro­fesseur de lit­téra­ture mod­erne et com­parée au Col­lège de France, dans le cadre son sémi­naire “De la lit­téra­ture comme sport de com­bat”.

2019 : elle reçoit le grand prix du fes­ti­val Reclusi­ennes, fes­ti­val de la pen­sée tenu à Sainte-Foy la Grande, ville de nais­sance du géo­graphe anar­chiste Elisée Reclus. Ses reportages sur des Gilets Jaunes du Lot-et-Garonne lui valent cette récom­pense : « Un jour­nal­isme de témoignages de ter­rain qui recueille la parole des oubliés, ou de tous ceux qui nont pas une fenêtre ouverte sur les grands médias, auprès de «ces gens den haut» qui nous gou­ver­nent comme beau­coup les appel­lent par­mi les Gilets Jaunes. Elle a mangé avec les Gilets Jaunes au QG du rond-point du Leclerc. Dis­crète, gen­tille, ouverte…

2020 : Elle est invitée à pren­dre part à la table ronde “Sor­tir de la cap­tiv­ité : le retour des pris­on­niers” avec Ahmet Insel, Deb­o­rah Pren­tice, et Valsero, lors d’un col­loque à Sci­ences Po inti­t­ulé “Cap­tifs sans motifs : fig­ures con­tem­po­raines du pris­on­nier et de l’otage”.

2021 : prési­dente des Ren­dez-Vous de l’Histoire de Blois, elle est invitée à un dia­logue avec Pas­cal Ory dans le cadre de la séance de clô­ture (thème du fes­ti­val : « Le Travail »).

2022 - 2024 : elle se rend en Ukraine à de nom­breuses repris­es dès le début du con­flit afin de pren­dre le pouls d’une société éclatée par la guerre. De ces longs arti­cles rédigés pour Le Monde, cer­tains sont repub­liés dans « Ici et Ailleurs » qui paraît en 2023. C’est à ce titre qu’elle est invitée lors de la soirée inti­t­ulée « Russie, hors d’Ukraine ! » organ­isée par l’association Desk Russie au Théâtre de l’Aquarium.

Parcours militant

Elle affirme à France Cul­ture qu’elle lisait Libéra­tion dès son adolescence.

Du 2 juil­let 2009 à juin 2012, elle prési­dente de l’Observatoire inter­na­tion­al des pris­ons (OIP). Depuis sa créa­tion à Paris en 1996, la « sec­tion française de l’Ob­ser­va­toire inter­na­tion­al des pris­ons s’at­tache à pro­mou­voir le respect de la dig­nité et des droits fon­da­men­taux des per­son­nes incar­cérées ». Cette « asso­ci­a­tion fonde son action sur les dis­po­si­tions de droit interne et les instru­ments inter­na­tionaux relat­ifs aux droits de l’homme qui prévoient que cha­cun a droit, en tout lieu, à la recon­nais­sance de sa per­son­nal­ité juridique et que nul ne peut être soumis à des peines ou traite­ments cru­els, inhu­mains ou dégradants ». (source : OIP.org)

Sig­nataire de l’appel du 18 sep­tem­bre pour les sans-papiers : « Nous, artistes, musi­ciens, comé­di­ens, réal­isa­teurs, écrivains, plas­ti­ciens, pro­fes­sion­nels de la musique, du spec­ta­cle, du ciné­ma, de l’information, de la cul­ture, avec la majorité des citoyens français, nous déclarons sol­idaires des mil­liers de sans-papiers qui gran­dis­sent, étu­di­ent, et vivent à nos côtés dans notre pays. Nous refu­sons que des enfants, sou­vent nés et sco­lar­isés en France, soient expul­sés avec leurs par­ents vers des pays qu’ils ne con­nais­sent pas ou plus et dont cer­tains ne par­lent même pas la langue. »

Sig­nataire de « l’Appel citoyen : Face à la xéno­pho­bie et à la poli­tique du pilori : lib­erté, égal­ité, fra­ter­nité » : « Ce texte d’appel, signé par plus de 50 organ­i­sa­tions, réag­it aux mesures gravis­simes qu’envisagent Nico­las Sarkozy et son gou­verne­ment. Par ses pro­pos et par ses actes sécu­ri­taires, la droite tente de mod­i­fi­er le débat poli­tique de la ren­trée et d’étouffer la con­tes­ta­tion sociale. »

Publications

  • La fab­ri­ca­tion de l’in­for­ma­tion. Les jour­nal­istes et l’idéolo­gie de la com­mu­ni­ca­tion., avec Miguel Benasayag, Paris, 1999, La Découverte.
  • Résis­ter, c’est créer, avec Miguel Benasayag, 2002, La Découverte .
  • La Méprise : l’af­faire d’Outreau, Paris, coll. « H.C. Essais », 2005, Seuil.
  • Grand reporter, 2009, Bayard.
  • Les détenus sont-ils des citoyens ? avec Julien Bach, Vir­ginie Bianchi, Car­o­line Mécary, Patrick Mar­rest, Willy Pel­leti­er et Éve­lyne Sire-Marin, 2010, édi­tions Syllepse.
  • Le Quai de Ouistre­ham, 2010, édi­tions de l’Olivier.
  • En France, 2014, édi­tions de l’O­livi­er. Prix d’A­cadémie 2015.
  • L’inconnu de la poste, 2021, édi­tions de l’Olivier.
  • Ici et ailleurs, 2023, édi­tions de l’Olivier.

Collaborations

Mars 2024 : Invitée de la soirée inti­t­ulée « Russie, hors d’Ukraine ! » organ­isée par l’association Desk Russie au Théâtre de l’Aquarium.

Avril 2012 : Mar­raine du « Fes­ti­val des Droits Humains et des Cul­tures du Monde » à L’Haÿ-les-Roses.

Avril 2012 : Par­tic­i­pante « Aux Livres, Citoyens ! – L’égalité en chantier »

Mars 2012 : Mem­bre du jury de la 4ème Céré­monie des « Y’A BON AWARDS 2012 » pour faire « un état des lieux de 5 années de pro­pos, dis­posi­tifs, idées, visuels et lois racistes de tous hori­zons. Plus que les pro­pos et leurs auteurs, il s’agissait d’épingler de manière ludique un sys­tème qui con­tin­ue à divis­er en ali­men­tant les préjugés et en util­isant des peurs racistes à des fins poli­tiques. »

Invitée de Femmes Forum. Créé en 1985 sous le nom de Club L, réu­nit des femmes, recon­nues comme des références dans leur pro­fes­sion, qui se ren­con­trent chaque mois pour échang­er idées, points de vue et expéri­ences en toute lib­erté et ami­tié, ce « Club com­porte aujour­d’hui 200 mem­bres env­i­ron appar­tenant à tous les secteurs d’ac­tiv­ités : haute fonc­tion publique, mag­i­s­tra­ture, pro­fes­sions libérales, jour­nal­istes, grandes entre­pris­es, pro­fes­sions artis­tiques.… »

Mars 2012 : Mem­bre du jury Europe1Solidarité avec Stéphane Hes­sel, Mar­tin Hirsch et Nico­las Poincaré.

Févri­er 2012 : Journée pour la dig­nité de la per­son­ne humaine organ­isée par la pas­torale des familles, la pas­torale de la san­té, la Mis­sion Uni­verselle, la pas­torale des migrants et le Cen­tre d’Etudes Théologiques de Caen.

Mem­bre du comité de sou­tien du sol­dat israélien Guilad Shalit. Elle est présente en octo­bre 2009 lors de la con­férence de presse de Noa­ma Shalit avec Patrick Bruel.

Décem­bre 2008 : Par­tic­i­pante aux « Con­ver­sa­tions Essen­tielles et 6 mil­liards d’Autres au Grand Palais » avec Boris Cyrul­nik, Xavier Emmanuel­li, Jean-Claude Guille­baud, Mar­tin Hirsch, Albert Jacquard, Axel Kahn, Plan­tu, Franck Riboud, Edgar Morin et Bar­bara Hendricks.

Févri­er 2008 : Mem­bre du jury du « 19ème Con­cours Inter­na­tion­al de Plaidoiries pour les Droits de l’Homme ».

Ce qu’elle gagne

À Libéra­tion, elle gag­nait 4413, 25 € bruts par mois en 2006.

Grand reporter au Monde, elle gagne en théorie 3060,94€ bruts par mois selon les barèmes SPQN de 2017. A ce salaire, il faut ajouter les droits d’au­teur de ses livres.

Elle l’a dit

« Je pense que la guerre étant quelque chose de très mas­culin, estampillée vir­ile, pour aller vite, si vous ne faites pas dans la surenchère, vous avez beau­coup à y gag­n­er. Si vous arrivez à un check­point et négo­ciez plutôt que de dire, jy vais parce que je suis jour­nal­iste, vous passez plus facile­ment. Mais jai aus­si cou­vert les man­i­fes­ta­tions en Égypte, au moment des print­emps arabes, et là , cest le con­traire, parce quil y avait des vio­ls, etc », L’Appel, 05/2023.

« Je fais par­tie de la pre­mière généra­tion de femmes reporters. C’était déjà un peu une bataille pour arriv­er à en être, donc notre état desprit, c’était plutôt de mon­tr­er quon était pareilles que les hommes. Quand jentendais des blagues sex­istes, je me dis­ais que ça fai­sait par­tie des univers mas­culins de la guerre, où le très mau­vais jeu de mots coex­iste aus­si avec une grande gen­til­lesse. Je me bouchais les oreilles, je me dis­ais que je n’étais pas là pour refaire leur édu­ca­tion, et que javais déjà de la chance d’être arrivée à cette place. Les jeunes femmes aujourdhui ne lais­sent plus rien pass­er, et à rai­son », Les Inrocks, 27 jan­vi­er 2023.

« Avant la presse était faite par des gens du peu­ple, aujour­d’hui le monde du jour­nal­isme est devenu une classe sociale à part.  Il existe bien une “sphère politico‑médi­a­tique”. La col­lu­sion entre le monde des médias et le monde poli­tique est une réal­ité. Il ne faut donc pas s’étonner que le grand pub­lic achète moins la presse… », L’Écho, 30 avril 2022.

« On éval­ue un régime à ses marges. Les pris­on­niers restent des citoyens, ils ont des droits. A ce titre, la France nest pas un modèle de démoc­ra­tie », Le Mag Cen­tre, 01/01/2022.

Au sujet des Gilets Jaunes « Au bout d’un moment, c’est plus facile :  vous arrivez, tout le monde vous filme, et je l’ac­cepte, je com­prends qu’il y ait une défi­ance par rap­port aux jour­nal­istes, la France n’a pas tou­jours la presse qu’elle mérite », France Inter, 17/12/2018.

« Le méti­er est men­acé par l’esprit con­ven­tion­nel et révéren­cieux. Le prob­lème de l’imprimerie, c’est affreux, mais c’est indus­triel. Le fait qu’Internet bouffe la pub, c’est affreux mais c’est indus­triel. Les jour­nal­istes français n’ont pas fait leur révo­lu­tion interne, comme les his­to­riens l’ont fait avec l’école des Annales. Avant eux, étudi­er l’histoire c’était s’intéresser aux faits et gestes des rois, des reines ou des généraux. Ceux de l’école des Annales ont été les pre­miers à se pencher sur la société, à dire qu’il n’y avait pas de petite et de grande his­toire. Dans la presse, il nous faut faire cette révo­lu­tion-là. Il y a un espace gigan­tesque à con­quérir entre le jour­nal­isme insti­tu­tion­nel et le micro-trot­toir. Le plus dra­ma­tique, c’est que per­son­ne en France n’oblige à écrire sur une chose ou une autre, c’est la vision du jour­nal­iste qui est elle-même insti­tu­tion­nelle. » « Jour­nal­iste un méti­er à réin­ven­ter Cen­tre de for­ma­tion des jour­nal­istes de Paris, 60 ans »

« Ter­roris­er les ter­ror­istes, c’est l’inverse de nos valeurs. Les pays démoc­ra­tiques ne doivent pas singer les pays autori­taires et vio­lents, comme l’ont fait les Améri­cains ou les Bri­tan­niques. Évidem­ment, cette posi­tion pose de nom­breuses ques­tions, ce n’est pas si sim­ple. Mais je con­tin­ue à préfér­er le dia­logue. » « Flo­rence Aube­nas décou­vre l’ordinaire » (source : regards.fr)

« Les gens qui devi­en­nent jour­nal­istes sont dif­férents de ceux d’il y a vingt ou trente ans. Les écoles de presse sont dev­enues sys­té­ma­tiques. Aujourd’hui, quand on recrute un jour­nal­iste, il y a neuf chances sur dix qu’il sorte d’une école de jour­nal­isme ! Le pro­fil n’est pas celui de gens de ter­rain, jeunes, mais plutôt de per­son­nes ayant de bonnes com­pé­tences générales, de type Sci­ences-Po, avec un bac + 5 en poche. Il faudrait ouvrir cette sélec­tion. » Ibid.

« C’est pour­tant ce jour­nal-là [Le Monde], âgé de 68 ans, qui lance un appel à can­di­da­tures ouvert aux jeunes gens de 18 ans à 25 ans, avec ou sans diplôme, même pas le bac, Français ou d’ex­pres­sion fran­coph­o­ne, qui rêvent de jour­nal­isme. Qu’ils nous envoient avant le 15 juil­let ce qu’ils aimeraient lire dans Le Monde et qu’ils n’y trou­vent pas, ou pas assez (des textes, bien sûr, mais aus­si des séries de pho­tos, des vidéos, des web­doc­u­men­taires, du BD- reportage, etc.). A la ren­trée, 68 d’en­tre eux seront sélec­tion­nés et nous leur ouvrirons chaque jour nos pages, celles du jour­nal et celles du site. Autrement dit, il s’ag­it de faire venir de partout des garçons et des filles pour nous racon­ter des his­toires dont nous n’avons jamais enten­du par­ler. » « “Le Monde” est un média sérieux, mais… » — Le Monde, 6 juin 2012

« Aujour­d’hui, en lisant en par­al­lèle les témoignages des rescapés d’O­radour en 1944 et ceux des sur­vivants koso­vars en 1999, la même pièce sem­ble se rejouer à un demi-siè­cle de dis­tance. Il y a là une sim­i­lar­ité absolue dans l’hor­reur, non seule­ment dans le déroulé mais geste par geste, mot par mot, si bien que gom­mant les noms et les dates, on pour­rait con­fon­dre les uns avec les autres. » Flo­rence Aube­nas et Miguel Benasayag, La fab­ri­ca­tion de l’in­for­ma­tion. Les jour­nal­istes et l’idéolo­gie de la communication.

« Mon nom est Flo­rence Aube­nas. Je suis française. Je suis jour­nal­iste et je tra­vaille pour Libéra­tion. S’il vous plaît, aidez-moi. Ma san­té est très mau­vaise. Je suis égale­ment très mal au plan psy­chologique. C’est urgent main­tenant. S’il vous plaît, aidez-moi. » « Flo­rence Aube­nas appelle à l’aide » — Métro, 02 mai 2005.

« J’ai enreg­istré une douzaine de mes­sages, des preuves de vie pour l’ambassade. Jamais ils ne m’ont demandé d’exprimer une reven­di­ca­tion. Jamais je n’ai su le nom du groupe. Ils se sont tou­jours présen­tés comme des moud­jahidins, des com­bat­tants sun­nites con­tre les Améri­cains en Irak. Jamais je n’ai enten­du par­ler de rançon. Je ne sais tou­jours pas pourquoi j’ai été libérée, j’aimerais bien le savoir. » « Flo­rence Aube­nas a racon­té sa déten­tion : “Ma vie n’est pas fra­cassée” » - L’actu, 16 juin 2005.

« Cest vrai quil y a une image du pris­on­nier véhiculée par la classe poli­tique en général, relayée sou­vent par les jour­naux, qui est ce fauve mis en cel­lule et qui est néan­moins en charentais­es avec sa télé­com­mande et qui boit le café au frais du contribuable.
Il y a un gros tra­vail à faire auprès de lopin­ion publique pour dire que les pris­ons ser­vent à priv­er de lib­erté, mais pas à démolir les gens », La Nou­velle République, 22 avril 2010.

« Oui, c’est l’ar­gu­ment prin­ci­pal du régime con­tre les rebelles. Dans la région du Nord où j’ai passé un mois, je n’en ai pas ren­con­tré. Il serait impos­si­ble pour des com­bat­tants étrangers d’y pass­er inaperçus : la rébel­lion recrute par famille, par vil­lage. Tout le monde se con­naît, loge au même endroit. J’ai longue­ment inter­rogé des com­man­dants sur l’ex­is­tence de camps d’en­traîne­ment ou de sol­dats venus d’ailleurs. Eux non plus n’en con­nais­saient pas. Autre élé­ment : la manière dont les rebelles se bat­tent mon­trent la pau­vreté de leur moyens, en armes et même en nour­ri­t­ure. Il n’y a même pas une kalach­nikov par per­son­ne. Je pense que si Al-Qai­da les épaulait, ils auraient moins de dif­fi­cultés face à l’ar­mée de Bachar Al-Assad. Cela dit, il faut rester mod­este : la sit­u­a­tion peut être dif­férente dans d’autres par­ties du pays. » « Flo­rence Aube­nas : “Les rebelles syriens n’ont aucun doute : ils vont gag­n­er” » - Le Monde, 16 août 2012

« Ce n’est pas un choix d’être “seule­ment” aux côtés de la rébel­lion : c’est une oblig­a­tion dans le cas de fig­ure syrien. Les jour­nal­istes n’ont actuelle­ment pas de visa offi­ciel (à l’ex­cep­tion de quelques-uns) : il nous faut donc entr­er dans le pays clan­des­tine­ment et con­tin­uer à y vivre et à y tra­vailler de la même manière. Pas d’hô­tel, pas de loca­tion de voiture, aucun des cir­cuits habituels. Le seul réseau par lequel nous pou­vons pass­er est celui des Syriens engagés, c’est-à-dire des opposants au régime, mil­i­taires ou pas. (…) “Rejoin­dre” n’est pas le mot que j’u­tilis­erais. Mais, oui, j’aimerais aus­si cou­vrir ce con­flit de l’autre côté, si j’en avais la pos­si­bil­ité. » Ibid.

« Tout le pays part en exil [au Rwan­da en 1994], il y a des cen­taines de mil­liers de per­son­nes sur les routes. Et nous, on arrive dans notre voiture, avec une bouteille d’É­vian au sol, quelques dol­lars dans les poches… C’est presqu’indé­cent ! On s’at­tend à une réac­tion dure, mais pas du tout : les gens nous accueil­lent, on dis­cute. Et, au moment de par­tir, une mère me tend son enfant, et puis vous voyez des mil­liers de bras qui se ten­dent… J’ai décidé de pren­dre les enfants qu’on pou­vait pren­dre et les amen­er dans une église, où ils seraient pris en charge et les par­ents les récupér­eraient. Cer­tains col­lègues m’ont dit : tu as eu tort, on n’est pas human­i­taires », La Dépêche du Midi, 21 mars 2017.

Sa nébuleuse

Miguel Benasayag, philosophe, psy­ch­an­a­lyste, chercheur en épisté­molo­gie et ancien résis­tant gué­variste fran­co-argentin. Pris­on­nier gué­variste, Benasayag a pu béné­fici­er, grâce à sa dou­ble nation­al­ité fran­co-argen­tine (sa mère juive française avait quit­té la France en 1942), du pro­gramme de libéra­tion des pris­on­niers français en Argen­tine et se ren­dre ain­si en France en 1978. Mil­i­tant dans la « nou­velle rad­i­cal­ité », il est l’au­teur en 1999 du Man­i­feste du réseau de résis­tance alter­natif. En 2007, en France, il sou­tient la can­di­da­ture de José Bové à l’élec­tion prési­den­tielle. Il est mem­bre du Comité de sou­tien de l’Association Pri­mo Levi et du col­lec­tif « Mal­gré tout ».

Philippe Chaf­fan­jeon, ancien patron de Radio France, est un ami proche.

Olivi­er Cohen, son édi­teur et fon­da­teur des édi­tions de l’Olivier.

Juli­ette Binoche, qui incar­ne son per­son­nage dans l’adaptation ciné­matographique du Quai de Ouistre­ham. Selon Voici, l’actrice « linvi­tait à dîn­er tous les ans en lui deman­dant : ‘Quand est-ce quon le fait, ce film ?’ ».

Ils ont dit

« Ain­si loin d’être un « reportage » sur laffaire dOut­reau son livre est devenu un ouvrage de pro­pa­gande et de com­bat ; seul sem­ble importer le but final, gag­n­er la bataille médi­a­tique et ain­si peser psy­chologique­ment sur lopin­ion publique et sur les jurés sus­cep­ti­bles de la lire et enfin obtenir lacquit­te­ment général. Le livre, sor­ti en librairie le 14 octo­bre 2005 cest-à-dire 24 jours avant louver­ture du procès en appel devant la Cour dassis­es de Paris accuse men­songèrement la police enquêtrice de faits détesta­bles, cache la « con­fig­u­ra­tion per­verse de la salle daudi­ence » et présente les jurés du Pas-de-Calais comme des sortes de « ploucs » (en mar­cel ou bas­kets, prenant le casse-croûte à laudi­ence, se faisant des clins doeil et se croy­ant devant leur télé). Cest tout juste si Flo­rence Aube­nas na pas osé les décrire en train de trem­per des tartines de maroilles dans des bols de chicorée façon « bien­v­enue chez les chtis ». Approx­i­ma­tions, inven­tions, silence absolu sur les élé­ments à charge du dossier, men­songes calom­nieux et exagéra­tions out­ran­cières, Flo­rence Aube­nas sest tout per­mis selon le vieil adage « la fin jus­ti­fie les moyens ». », Michel Gasteau, Vil­lage de la Jus­tice, 19/05/2015.

« Jean de la Guériv­ière, Georges Mar­i­on, José Garçon, Flo­rence Aube­nas, Joëlle Stoltz, je pour­rais vous citer une longue liste de jour­nal­istes capa­bles de par­ler intel­ligem­ment de l’Algérie et qu’on ne peut accuser d’être des fana­tiques de l’islam. Out­re d’interdire l’accès à ces « intel­lectuels posi­tifs », on dis­suade les jour­nal­istes encore attachés à quelque pro­bité intel­lectuelle en met­tant au plac­ard quiconque s’aventure à inviter ces empêcheurs de dés­in­former en rond. » Lou­nis Aggoun « Algérie : Les années de sang et le rôle des agents d’influence » (Réseau Voltaire).

« Chris­tine Boutin, min­istre du Loge­ment, aurait “fait com­pren­dre” à la pro­duc­tion de “Revu et cor­rigé” sur France 5 qu’elle ne souhaitait pas débat­tre avec Jean-Bap­tiste Eyraud, porte-parole du Droit au Loge­ment (DAL). Cet inter­dit poli­tique a été révélé en direct, lors de l’émission du 28 octo­bre 2007, par Flo­rence Aube­nas. Retour sur l’incident. Car, comme le dit, fort à pro­pos et non sans mal­ice, la jour­nal­iste : “Il est intéres­sant de voir com­ment se fab­rique l’information puisqu’on est dans une émis­sion qui par­le pré­cisé­ment de ça”. » « Paul Amar “ revoit et cor­rige” sur France 5 : sans “Droit au Loge­ment”, mais jamais sans la min­istre » (Acrimed).

Crédit pho­to : Ken­ji-Bap­tiste Oikawa sur Wikimé­dia (cc)

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