Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Neutralité du web ? Filtres et prismes orientent l’information

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

21 décembre 2017

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Neutralité du web ? Filtres et prismes orientent l’information

Neutralité du web ? Filtres et prismes orientent l’information

Temps de lecture : 4 minutes

L’information a fait les grands titres de nombreux journaux : le régulateur américain des télécoms a voté mi novembre l’abrogation de la réglementation garantissant l’accès égal aux contenus en ligne. Les fournisseurs d’accès internet aux États-Unis vont pouvoir moduler la vitesse de débit internet voire bloquer certains services.

Cette déci­sion a été l’occasion de met­tre en avant le con­cept de « neu­tral­ité » du web, un sujet sur lequel l’Observatoire s’est déjà exprimé. Mais Inter­net était-il vrai­ment neu­tre jusqu’à main­tenant ? Assuré­ment non. Des fil­tres et prismes ori­en­tent l’information à laque­lle nous voulons accéder. Ils sont en nom­bre suff­isant pour rel­a­tivis­er une « neu­tral­ité » qui serait men­acée par la seule mod­u­la­tion du débit internet.

Nous en pas­sons en revue quelques-uns.

Les applications des sites de presse

Pré instal­lées sur l’ordinateur ou le smart­phone que vous achetez, ces appli­ca­tions peu­vent ori­en­ter le choix de l’utilisateur dans son accès à l’information. Ain­si, le dernier Galaxy Sam­sung A3 com­porte l’application pré instal­lée du Huff­in­g­ton Post. L’essayer c’est l’adopter ?

Les infor­ma­tions peu­vent égale­ment être acces­si­bles via une appli­ca­tion de revue de presse du fab­ri­cant, à l’image d’Upday de Sam­sung ou d’Apple news. Ces appli­ca­tions accrois­sent la fréquen­ta­tion des sites dont les arti­cles sont repris. Elles pren­nent une place d’intermédiaire entre les médias et leurs lecteurs, ce qui n’est pas sans pos­er des prob­lèmes de ressources aux sites d’information comme le relatait La Tri­bune récem­ment. Autre prob­lème : le choix des arti­cles relève du pou­voir dis­cré­tion­naire et éventuelle­ment de la sen­si­bil­ité du web­mas­ter. Cer­tains titres sont ain­si totale­ment absents de ces revues de presse main­stream. Vous avez dit pluralité ?

Les fils d’actualité

Ils sont égale­ment par­fois pré instal­lés sur les smart­phones et les ordi­na­teurs : les fils d’actualité et autres flux RSS peu­vent avoir pour objec­tif non seule­ment l’information syn­thé­tique, mais aus­si l’addiction. Cer­tains dis­pensent ain­si à inter­valle plus ou moins réguli­er une « petite sat­is­fac­tion immé­di­ate avec du nou­veau con­tenu qui s’affiche », comme le relate un «archi­tecte en expéri­ence util­isa­teur» au jour­nal suisse Le Temps. Une sol­lic­i­ta­tion de l’attention à la recherche du temps de cerveau disponible, en quelque sorte…

Les moteurs de recherche

Con­traire­ment à ce que dis­ait récem­ment un représen­tant de Google France sur France Info, il ne suf­fit pas d’être « franc, ouvert, et d’avoir une bonne image » pour « être le pre­mier en haut de la liste lorsque je fais une recherche ». Il faut par­fois pay­er. Le jour­nal Toute la Fran­chise présente le référence­ment payant sur les moteurs de recherche. Cet out­il très prisé par cer­taines équipes mar­ket­ing d’entreprises doit per­me­t­tre de con­duire l’internaute à la lec­ture d’articles ou à l’achat de ser­vices ou produits.

L’algorithme du prin­ci­pal moteur de recherche, Google, a ses biais, comme le relatait le jour­nal Les Echos récem­ment. A tel point que la CNIL a fait récem­ment des recom­man­da­tions aux acteurs « mail­lons de la « chaîne algo­rith­mique ».

Le rôle de Google dans la sélec­tion de l’information fait égale­ment l’objet de cri­tiques venant tant de la gauche et que de la droite pro life améri­caine ain­si que dans les colonnes de votre Obser­va­toire. Pour les uns, le «  nou­v­el algo­rithme de Google lim­ite l’accès aux sites Web pro­gres­sistes et de gauche ». Pour les autres, Google est « la société la plus puis­sante de l’his­toire du monde. Google con­trôle la réal­ité et a déjà démon­tré une volon­té trou­blante de fauss­er cette réal­ité à des fins idéologiques ».

Comme l’affirmait récem­ment le philosophe Matthew Craw­ford dans le jour­nal Elé­ments, « en une décen­nie, on a assisté à l’avènement d’une sit­u­a­tion inédite : une poignée de per­son­nes dans une poignée d’entreprises orchestre les fil­tres qui, via des algo­rithmes, déter­mi­nent ce qui est pen­sé chaque jour par des mil­liards de per­son­nes ». Cette économie de l’attention et de l’information surabon­dante n’est pas neu­tre. Autant donc en maîtris­er les dif­férents prismes et les gér­er comme on peut si pos­si­ble en con­nais­sance de cause.

Vidéos à la une