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Accueil | Veille médias | Libération : une faute grave ?

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10 avril 2013

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Libération : une faute grave ?

Libération : une faute grave ?

Temps de lecture : 3 minutes

Ce lundi 8 avril 2013, le quotidien Libération faisait sa une sur une rumeur concernant Laurent Fabius, et sur le démenti de ce dernier, illustrant ainsi l’adage journalistique : « une rumeur et un démenti font deux informations. »

Dans ce numéro, Libéra­tion annonçait que Lau­rent Fabius pour­rait, après Cahuzac, être le déten­teur d’un compte en Suisse. Pour le quo­ti­di­en, « une pos­si­ble affaire Fabius tétanise l’Élysée ». « Un scé­nario noir cir­cule dans tous les min­istères. Medi­a­part aurait en sa pos­ses­sion les preuves que Lau­rent Fabius détient un ou plusieurs comptes en Suisse », peut-on lire dans le dossier. Il affirme égale­ment que Fab­rice Arfi, jour­nal­iste à Medi­a­part, aurait ren­con­tré Lau­rent Fabius same­di 6 avril dans le cadre de cette enquête.

Ou com­ment faire une infor­ma­tion d’une rumeur, à pro­pos d’une enquête pas encore pub­liée… Sur son compte Twit­ter, Edwy Plenel réag­it la veille de la paru­tion : « Libéra­tion perd la tête: demain, il trans­forme en infor­ma­tion une rumeur sur Fabius en pré­ten­dant démen­tir une non-infor­ma­tion de Medi­a­part. » Il pour­suit sur son blog : « Libéra­tion pré­tend en effet savoir ce qu’il en est des enquêtes en cours de notre rédac­tion, au point de dévoil­er les sup­posés ren­dez-vous hon­orés par tel ou tel d’entre nous. Nous n’aurions jamais imag­iné qu’un jour­nal se voulant sérieux puisse ain­si vio­l­er le secret pro­fes­sion­nel qui pro­tège sources et inves­ti­ga­tions d’autres confrères. »

La Société civile des per­son­nels de Libéra­tion a qual­i­fié, dans un com­mu­niqué paru le jour-même, cet arti­cle de « faute déon­tologique grave » :

« La SCPL déplore que Libéra­tion ait relayé ce matin une rumeur sans fonde­ment sur un pré­ten­du compte en Suisse de Lau­rent Fabius, avec pour effet de l’ac­créditer. Notre tra­vail de jour­nal­iste ne con­siste pas à ren­dre publique une rumeur, mais à enquêter pour savoir si elle cor­re­spond à des faits. Ce tra­vail élé­men­taire n’a pas été fait. Il s’ag­it là d’une faute déon­tologique grave.

Cet épisode dom­mage­able à l’im­age de Libéra­tion, qui engage la respon­s­abil­ité de Nico­las Demor­and, illus­tre une nou­velle fois la mau­vaise gou­ver­nance du jour­nal. Il con­firme l’ur­gence de l’élec­tion d’un directeur de la rédac­tion de plein droit, en ver­tu des statuts de l’en­tre­prise, réclamée depuis le 19 mars par 94 % de l’équipe. A nou­veau, la SCPL l’ex­ige dans les plus brefs délais. »

La SCPL fait référence à une querelle interne exigeant un véri­ta­ble directeur de la rédac­tion. Nico­las Demor­and, patron de Libé, occupe actuelle­ment les deux postes de directeur de la rédac­tion et de la publication.

Ce même Nico­las Demor­and déplo­rait, en 2008, ce jour­nal­isme de rumeur. Inter­rogé par @rrêt sur image à pro­pos de bruits lais­sant croire que son arrivée à France 2 était due à l’intervention de Nico­las Sarkozy, il dis­ait : « Ce sont des échos et des rumeurs qui sont imprimés comme des vérités, les gens les repren­nent le lende­main, sans avoir fait l’en­quête. » Les temps ont changé…