Les rumeurs d’une cession du Parisien par LVMH à Vincent Bolloré sèment l’effroi dans la rédaction. Dans une lettre ouverte à Bernard Arnault, les journalistes du quotidien touché par des pertes chroniques dénoncent une « catastrophe » potentielle pour la « pluralité de l’information » et appellent à renoncer à ce projet.
Les syndicats de journalistes au créneau
Depuis juillet 2025, la rédaction du Parisien est en émoi face aux rumeurs persistantes d’une vente du quotidien à Vincent Bolloré. La Société des journalistes (SDJ) et les syndicats SNJ, SNJ-CGT et SGLCE-CGT ont adressé une lettre ouverte à Bernard Arnault, PDG de LVMH, propriétaire du journal depuis 2015. « Ce serait une catastrophe », écrivent-ils, craignant que cette transaction ne compromette l’identité d’un « quotidien historique, né en 1944 à la Libération de Paris ». Clin d’œil pas très élégant face à un fils de résistant venant de journalistes d’un média qui essuie de vilaines pertes depuis plusieurs années.
Voir aussi : Le Parisien : un déficit en forme de gouffre de Padirac
Panique à bord : l’homme d’affaires breton est sur le pont !
Les journalistes demandent un rendez-vous urgent pour obtenir des garanties, après un premier appel resté sans réponse. Le silence de LVMH et de Bolloré, sollicités par plusieurs médias sans succès, alimente l’angoisse des salariés, déjà fragilisés par un plan de réorganisation prévoyant la suppression de 40 postes
Un JDD bis ?
Les journalistes redoutent un destin similaire à celui du Journal du Dimanche (JDD), racheté par Vincent Bolloré en 2023 et dont la ligne éditoriale a viré à tribord provoquant une grève et des départs massifs, un schéma déjà observé à i‑Télé (devenue CNews) et Europe 1.
Les syndicats signataires du courrier craignent que le journal soit livré « à une idéologie militante d’extrême droite un des grands quotidiens du pays », soulignant le risque pour la pluralité de l’information en France. Une pluralité qui ne les inquiétait pas trop avant l’arrivée du groupe Bolloré sur le marché des médias. Le traitement (voir infra) du meurtre de Thomas à Crépol illustre le type de pluralisme désiré par le SNJ ou la CGT du journal.
Voir aussi : Le Parisien sur le drame de Crépol
Un faisceau d’indices qui laissent croire à une possible cession
Plusieurs éléments laissent envisager un changement de propriétaire. En juillet, Le Nouvel Obs rapportait une rencontre entre Arnault et Bolloré à propos du Parisien, suivie d’une nouvelle discussion en août à Saint-Tropez. Le départ de la directrice générale Sophie Gourmelen, remplacée par Anne-Violette Revel de Lambert, vue comme une figure de transition, sème le doute. De plus, les relations cordiales entre les deux milliardaires, marquées par des transactions comme le transfert du budget média de LVMH à une filiale de Bolloré, renforcent les spéculations. Malgré les démentis ambigus de Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, l’absence de clarification officielle de LVMH laisse la rédaction dans l’attente fébrile du prochain comité social et économique, prévu le 16 septembre…
Rodolphe Chalamel


















