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Les médias publics lancent une offensive contre Pierre-Édouard Stérin

28 juin 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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Les médias publics lancent une offensive contre Pierre-Édouard Stérin

Temps de lecture : 4 minutes

Pierre-Édouard Stérin, homme d’affaire et mécène, est dans le viseur des médias publics.

De l’AFP à France 2, en pas­sant par Pub­lic Sénat, une série de reportages ques­tionne son pro­jet Péri­clès et son influ­ence sup­posée sur la droite. Une cou­ver­ture médi­a­tique par­tiale au frais du contribuable.

Pericles au microscope

Depuis plusieurs mois, Pierre-Édouard Stérin, homme d’affaire ayant bâti sa for­tune avec Smart­box, fait l’objet d’une atten­tion par­ti­c­ulière de la part des médias publics français. L’AFP a con­sacré une vidéo de 13 min­utes dans son pod­cast Sur le Fil, analysant le pro­jet Péri­clès, un plan visant à fédér­er les droites con­ser­va­tri­ces, libérales et pop­u­laires. Ce pro­gramme, révélé par L’Humanité en 2024, prévoirait un investisse­ment de 150 mil­lions d’euros pour soutenir des ini­tia­tives médi­a­tiques, éduca­tives et politiques.

Superstar du 20h de France 2

Pub­lic Sénat, de son côté, a dif­fusé un reportage de 40 min­utes, explo­rant les ram­i­fi­ca­tions de ce pro­jet et les ambi­tions de Stérin, présen­té comme un acteur clé dans la recom­po­si­tion de la droite française. Le reportage a été inti­t­ulé sans autre forme de nuance « Pierre-Édouard Stérin : un mil­liar­daire au ser­vice de l’extrême-droite ».

France 2, dans son émis­sion Cash Inves­ti­ga­tion du 24 juin 2025, s’est penchée sur les liens sup­posés entre Stérin et Éric Ciot­ti, prési­dent des Répub­li­cains, lors des lég­isla­tives de 2024. Selon une source, anonyme, Pierre-Édouard Stérin aurait joué un rôle de « facil­i­ta­teur », con­seil­lant des entre­pris­es de com­mu­ni­ca­tion et d’analyse de don­nées, comme Data Realis Con­seil, financée par Périclès.

Le jour­nal de 20 heures de France 2 du 23 juin et France Info ont égale­ment abor­dé l’influence de Stérin sur les réseaux soci­aux, notam­ment via le rachat du compte X Cer­fia et son sou­tien à des influ­enceurs val­orisant le ter­roir français, comme Le Canon français. Ces reportages met­tent en lumière une stratégie métapoli­tique visant à dif­fuser des idées con­sid­érées comme con­ser­va­tri­ces (le vin, la char­cu­terie…), tout en ques­tion­nant la trans­parence de ces démarches.

Une vague médiatique dans la presse écrite

Au-delà des médias publics, d’autres titres de presse se sont emparés du sujet. L’Humanité a été le pre­mier à révéler les con­tours du pro­jet Péri­clès, qual­i­fié de ten­ta­tive de « hold-up » idéologique par cer­tains com­men­ta­teurs. Le quo­ti­di­en qui est par­ti en croisade con­tre l’homme d’affaire, a égale­ment cou­vert le « Som­met des lib­ertés » du 24 juin 2025, coor­gan­isé avec Vin­cent Bol­loré, où des fig­ures de droite se sont réu­nies. Sud Ouest s’est intéressé au rachat de Cer­fia, un compte d’information présent sur X, soulig­nant son poten­tiel comme « cheval de Troie » pour dif­fuser des idées con­ser­va­tri­ces auprès d’un pub­lic jeune. En Bour­gogne, c’est le jour­nal Le Bien pub­lic qui s’est ému de l’organisation de La Nuit du bien com­mun, une soirée car­i­ta­tive qui est à l’origine de cet événe­ment faisant la pro­mo­tion de pro­jets soci­aux et cul­turels dans divers­es villes de France.

RTL de son a côté retracé le par­cours de Stérin, de sa for­tune à ses ambi­tions poli­tiques, tout en men­tion­nant les men­aces dont il fait l’objet, dénon­cées par son avocat.

Un traitement médiatique sous tension

Si ces enquêtes soulig­nent l’influence poten­tielle de la démarche de Stérin, elles posent aus­si la ques­tion de la neu­tral­ité des médias publics, financés par le con­tribuable, face à un homme d’affaires qui agit avec ses fonds pro­pres. Stérin, exilé fis­cal en Bel­gique, ne coûte rien à l’État français, con­traire­ment aux rédac­tions publiques. Ses détracteurs dénon­cent un agen­da idéologique quand ses sou­tiens y voient une démarche phil­an­thropique pour revi­talis­er des valeurs conservatrices.

Déjà bien agacés par l’implication de Vin­cent médi­a­tique de Vin­cent Bol­loré, les médias publics et la presse écrite enten­dent men­er la vie dure à celui qui met sa for­tune au ser­vice de son idéal plutôt que de se per­dre dans une course à l’enrichissement per­son­nel ou dans l’achat de yachts de 100 mètres.

On a con­nu la presse de gauche moins gênée con­tre les rich­es financiers pourvu que ceux-ci tirent dans son sens à l’image de feu Pierre Bergé, auprès notam­ment du jour­nal Le Monde. Ou encore Xavier Niel, Matthieu Pigasse ou Olivi­er Legrain.

Voir aus­si : Olivi­er Legrain, portrait

Sébastien Blan­co

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