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L’Américain PayPal forcé de reculer après avoir voulu punir financièrement la « désinformation »

3 novembre 2022

Temps de lecture : 6 minutes
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L’Américain PayPal forcé de reculer après avoir voulu punir financièrement la « désinformation »

Temps de lecture : 6 minutes

Près d’un mois après avoir été forcé de reculer en Grande-Bretagne face aux réactions suscitées par le blocage du compte de la la Free Speech Union, l’Union pour la liberté de parole, le service de paiement en ligne américain PayPal devait faire marche arrière précipitamment face aux violentes réactions suscitées aux États-Unis par son nouveau règlement.

Le 7 octo­bre, le Dai­ly Wire préve­nait ses lecteurs que Pay­Pal avait mod­i­fié son règle­ment et que, à par­tir du 3 novem­bre, la com­pag­nie de paiement en ligne de Cal­i­fornie s’autoriserait à prélever une amende de 2 500 dol­lars sur les fonds de tout client qui relaierait de la « dés­in­for­ma­tion » ou qui aurait tout autre com­porte­ment faisant peser un risque sur le « bien-être » des autres util­isa­teurs. Cette somme de 2 500 dol­lars améri­cains pour­ra être prélevée pour chaque offense con­statée par Pay­Pal, expli­quait le Dai­ly Wire.

Comme on peut le lire dans l’article en ques­tion du Dai­ly Wire, le nou­veau règle­ment prévoy­ait ain­si, en plus de ce qui exis­tait déjà, « une inter­dic­tion “d’en­voy­er, de pub­li­er ou de dif­fuser des mes­sages, des con­tenus ou des doc­u­ments” qui “encour­a­gent la dés­in­for­ma­tion” ou “présen­tent un risque pour la sécu­rité ou le bien-être des util­isa­teurs”. Il est égale­ment inter­dit aux util­isa­teurs de “pro­mou­voir la haine, la vio­lence, l’in­tolérance raciale ou toute autre forme d’in­tolérance dis­crim­i­na­toire” ».

La guerre culturelle bat son plein

Rapi­de­ment, la nou­velle se répandait dans les médias con­ser­va­teurs alter­nat­ifs et main­stream, comme Fox News, puis dans les grands médias pro­gres­sistes bien for­cés d’en par­ler aus­si, comme l’a fait par exem­ple le Wash­ing­ton Post le 10 octo­bre dans un arti­cle inti­t­ulé : « Pay­Pal face fait face à des réac­tions néga­tives après avoir lancé l’idée d’amendes pour le partage de fauss­es infor­ma­tions. » D’autres en avait par­lé de l’autre côté de l’Atlantique, en Grande-Bre­tagne, avec des appels à retir­er rapi­de­ment son argent enten­dus y com­pris sur la radio plutôt pro­gres­siste LBC News, ou un édi­to­r­i­al pub­lié le 16 octo­bre sur le Tele­graph sous le titre « Com­ment Pay­Pal est devenu le cen­tre des guer­res cul­turelles de la Sil­i­con Val­ley ».

Un champion de la chasse aux sorcières

Par­mi les réac­tions à cette dernière ten­ta­tive de cen­sure de Pay­Pal, on notera aus­si celle de l’ancien PDG de la com­pag­nie, David Mar­cus, qui a tweeté le 8 octo­bre : « Il m’est dif­fi­cile de cri­ti­quer ouverte­ment une entre­prise que j’aimais et à laque­lle j’ai tant don­né. Mais la nou­velle poli­tique d’u­til­i­sa­tion accept­able de Pay­Pal va à l’en­con­tre de tout ce en quoi je crois. Une société privée peut main­tenant pren­dre votre argent si vous dites quelque chose qu’elle n’ap­prou­ve pas. C’est de la folie. »

Le Tele­graph donne un his­torique intéres­sant de l’évolution de cette société de paiement en ligne devenu un des cham­pi­ons cal­i­forniens de la « chas­se aux sor­cières » et four­nit ces expli­ca­tions à pro­pos du PDG de la firme améri­caine : « Dan Schul­man, 64 ans, directeur général de Pay­Pal, n’a pas honte de sa posi­tion sur l’ac­tivisme social. “Ma mère m’avait emmené à une man­i­fes­ta­tion pour les droits civiques dans ma pous­sette”, a‑t-il déclaré dans une inter­view de 2008. “Je suis né avec l’ac­tivisme social dans mon ADN”. Sous la sur­veil­lance de Schul­man, Pay­Pal a été à l’a­vant-garde d’un mou­ve­ment con­nu sous le nom de “cap­i­tal­isme des par­ties prenantes” (ang. stake­hold­er cap­i­tal­ism, un con­cept dévelop­pé entre autres par Klaus Schwab, le créa­teur du Forum économique mon­di­al de Davos et grand pro­mo­teur du « Great Reset », NDLR), dans lequel les entre­pris­es promeu­vent des ques­tions sociales et éthiques telles que la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique ou l’amélio­ra­tion des con­di­tions de tra­vail, par­fois au détri­ment des mou­ve­ments à court terme du cours des actions. Bien que cela puisse sem­bler louable, les cri­tiques esti­ment que les ten­ta­tives de Pay­Pal pour amélior­er la société ont débouché sur une répres­sion des util­isa­teurs qui ne se con­for­ment pas à sa vision spé­ci­fique du monde. »

Rétropédalage…

Mais en l’occurrence, dès le lende­main de la pub­li­ca­tion du Dai­ly Wire, le même média infor­mait que : « La société de ser­vices financiers, qui a à plusieurs repris­es muselé des organ­i­sa­tions et des com­men­ta­teurs indi­vidu­els pour leurs opin­ions poli­tiques, a annon­cé same­di, un jour après la pub­li­ca­tion de l’ar­ti­cle du Dai­ly Wire, que l’an­nonce avait été dif­fusée par erreur. “Un avis [de poli­tique d’u­til­i­sa­tion accep­tée] a récem­ment été dif­fusé par erreur et con­te­nait des infor­ma­tions incor­rectes”, a déclaré un porte-parole de Pay­Pal. “Pay­Pal n’in­flige pas d’a­mende pour des infor­ma­tions erronées et ce lan­gage n’a jamais été des­tiné à être inséré dans notre poli­tique. Nous sommes désolés pour la con­fu­sion que cela a causé.” »

Ingénierie sociale

Toute­fois, comme infor­mait par exem­ple la chaîne de télévi­sion CNBC le 12 octo­bre, cet aller-retour de Pay­Pal a réveil­lé les inquié­tudes pour la lib­erté d’expression aux États-Unis face aux vel­léités de cen­sure des géants pro­gres­sistes de la Sil­i­con Val­ley, et le recul du géant du paiement en ligne « n’a pas empêché le chef de la prin­ci­pale agence de pro­tec­tion des con­som­ma­teurs du gou­verne­ment fédéral de suiv­re de près ces développe­ments et d’ex­am­in­er com­ment les grandes entre­pris­es de tech­nolo­gie finan­cière dictent la façon dont les con­som­ma­teurs utilisent leur plate­forme. »

Du côté de l’opposition répub­li­caine, de droite (alors que Pay­Pal est claire­ment de gauche), et alors que les élec­tions de mi-man­dat auront lieu le 8 novem­bre, plusieurs mem­bres du Con­grès se sont émus, tel le séna­teur Tim Scott qui a écrit une let­tre au PDG de la com­pag­nie cal­i­forni­enne Dan Schul­man dont voici un extrait : « J’ai été grave­ment préoc­cupé par les mis­es à jour récem­ment sig­nalées de la poli­tique d’u­til­i­sa­tion accept­able (PUA) de Pay­Pal, Inc. qui don­neraient carte blanche à l’en­tre­prise pour impos­er des pénal­ités finan­cières aux util­isa­teurs qui, selon elle, ont vio­lé des poli­tiques mal définies de lutte con­tre la “dés­in­for­ma­tion”. (…) Les insti­tu­tions finan­cières four­nissent des ser­vices financiers, elles n’ont pas à faire de l’ingénierie sociale. (…) De plus en plus, des entre­pris­es cherchent à béné­fici­er de la sta­bil­ité et de l’ap­pui régle­men­taire des États-Unis, tout en igno­rant ou en minant de manière fla­grante les pro­tec­tions améri­caines de longue date en matière de lib­erté d’ex­pres­sion et de diver­sité poli­tique. »

Il serait temps en effet que la classe poli­tique améri­caine se préoc­cupe des agisse­ments de la Big Tech en matière de cen­sure, car c’est juste­ment à cause de com­pag­nies comme Pay­Pal que les États-Unis sont perçus dans le monde comme un plus gros dan­ger pour la démoc­ra­tie que la Russie ou même la Chine com­mu­niste, ain­si que l’avait révélé une grande étude pub­liée au print­emps 2021.

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