Depuis le rachat de X – anciennement Twitter – par Elon Musk le jeudi 27 octobre 2022, l’Union européenne et le gouvernement français n’ont eu de cesse d’essayer de censurer le réseau social, voire de le bannir, mais le fondateur de SpaceX résiste tant bien que mal aux pressions constantes pour « modérer » davantage son réseau social. On fait le point sur la bataille qui l’oppose à l’Union européenne.
Les politiques français en guerre contre X
La figure de proue de cette bataille est l’ex-commissaire européen Thierry Breton, qui livre une croisade contre X depuis plusieurs mois : le 21 décembre 2024, il accusait notamment Elon Musk de faire de l’ingérence après que ce dernier a posté un tweet en faveur de l’AFD (parti situé à droite de l’échiquier politique allemand). Dans la foulée, l’ex-commissaire européen appelait à faire réellement appliquer le Digital Services Act (DSA) afin d’éviter qu’un membre de l’administration Trump ne donne son avis sur des élections en Europe et influence les populations.
A few weeks ahead of the next elections in Germany, and at the time of the heinous attack in Magdeburg, @elonmusk — the world’s top influencer on X and a potential member of the future U.S. administration — openly supports the far-right AfD party.
Isn’t this the very definition… https://t.co/g0LYIhw9j2
— Thierry Breton (@ThierryBreton) December 21, 2024
Notons que l’ex-commissaire européen s’est en revanche bien gardé de critiquer l’ingérence étrangère dans d’autres circonstances comme, par exemple, celle orchestrée par le milliardaire George Soros via sa fondation Open Society, celle de la France lors des élections roumaines ou encore, en 2017, lorsque Barack Obama soutenait en vidéo Emmanuel Macron entre les deux tours de la présidentielle.
De son côté, Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’IA et du Numérique (qui s’est récemment distinguée dans l’affaire Pormanove), rappelait également le 13 janvier 2015 que le DSA prévoit des amendes de 6 % du chiffre d’affaires de X si Elon Musk ne respecte pas à la lettre les directives européennes, ajoutant que X pourrait même, le cas échéant, être banni de France.
Ingérences d’Elon Musk: “On peut aller jusqu’au bannissement”, affirme Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’IA et du Numérique pic.twitter.com/kfZ4DZrJnj
— BFMTV (@BFMTV) January 13, 2025
Pour finir, Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, souhaitait elle aussi interdire X… ce qui ne l’empêche pas de tweeter quotidiennement.
Le réseau social Twitter n’est pas seulement pénible mais il aussi dangereux.
La question de le quitter se pose bien évidemment, mais ne suffira pas : il faut l’interdire.#HelloQuitteX pic.twitter.com/rzmjyw29Lh
— Marine Tondelier (@marinetondelier) January 12, 2025
Le Parquet de Paris enquête sur X
Depuis peu, la justice française a elle aussi commencé à s’intéresser à X, le parquet de Paris ayant ouvert le 11 juillet 2025 une enquête pour « altération du fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée et extraction frauduleuse d’informations ».
En clair : X est accusé d’avoir modifié ses algorithmes pour « booster » les tweets du PDG de Tesla sur sa plateforme, un procédé pouvant représenter une infraction pénale. Si l’on comprend que le parquet de Paris puisse s’interroger sur la fiabilité des algorithmes de X, rappelons qu’en matière de contrôle, la justice française a fait preuve d’un certain aveuglement lors des Twitter Files, une série de publications révélant que Twitter et Facebook étaient, pendant la période covid, sous le contrôle du gouvernement Biden et du FBI. Ces deux derniers, selon les révélations d’Elon Musk, faisaient interdire des propos ou bannir des comptes républicains, notamment lorsque des utilisateurs du réseau social mentionnaient l’affaire du laptop d’Hunter Biden ou remettaient en question la politique vaccinale du gouvernement démocrate.
Voir aussi : Censure par les médias sociaux américains : Elon Musk lève le voile
Parallèlement à cette enquête du parquet parisien, la Commission européenne publiait le 14 juillet 2025 les lignes directrices finales de son volet « protection des mineurs » (DSA). Le lendemain, le Conseil d’État validait juridiquement le dispositif d’âge-gating, obligeant les utilisateurs de réseaux sociaux à donner leur âge pour accéder à des contenus adultes ou à des publicités pour de l’alcool.
Dix jours plus tard, pour répondre aux exigences du DSA, de l’Online Safety Act au Royaume-Uni et de son équivalent irlandais, X dévoilait le 24 juillet « Age Assurance », un ensemble de vérifications d’âge sans activation technique pour protéger les mineurs en restreignant, via une reconnaissance faciale et un scan de la pièce d’identité, leur accès au contenu sensible comme la pornographie ou les médias violents.
Selon plusieurs comptes influents sur X, l’objectif final du gouvernement et de la Commission européenne serait peut-être, à défaut de bannir X, que chaque utilisateur soit obligé de divulguer son identité à la plateforme.
HelloquitteX : une initiative opaque
Dans le cadre de l’enquête du parquet, les autorités françaises ont demandé à X un accès à cet algorithme pour le faire analyser par des experts. Une requête qui s’est conclue par une fin de non-recevoir, X jugeant les experts missionnés par la France pour analyser son algorithme bien trop partiaux. Dans le viseur du réseau social : David Chavalarias.
Voir aussi : HelloQuitteX : ces médias qui aiment la censure
Ce chercheur du CNRS a créé, dans le cadre d’un projet « science-citoyens » – composé de plus de 30 personnes de différentes associations et organisations, quasiment toutes bénévoles –, une application aidant les utilisateurs de X à transférer leurs comptes sur d’autres réseaux sociaux sans perdre leurs contacts.
Cependant, à y regarder de plus près, le site HelloQuitteX dispose de bien des failles : d’abord, comme le rappelle le cercle Droit & Liberté, le traitement par le site des données personnelles serait « illicite ». HelloQuitteX n’explique pas en effet comment les données des utilisateurs sont collectées, traitées, stockées ou supprimées – ce qui est contraire au Règlement général sur la protection des données (RGPD).
[3/7] Les infractions présumées sont graves :
1️⃣ Détournement de fonds publics
2️⃣ Entrave discriminatoire à l’activité économique (X)
3️⃣ Traitement illicite de données personnelles
4️⃣ Contrefaçon aggravée de marque
5️⃣ Possible recel et complicité par provocation #HelloQuitteX pic.twitter.com/HBM9GzYqkY— Droit & Liberté (@CercleDL) January 23, 2025
Ensuite, ses mentions légales se révèlent insuffisantes. Des éléments qui ont poussé ses détracteurs à dénoncer une application bien trop douteuse et opaque, là où elle prétend pourtant « permettre aux citoyens de se réapproprier des espaces numériques compatibles avec des démocraties fonctionnelles ».
Jean-Charles Soulier


















