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George Soros et l’Open Society en Roumanie. Première partie

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3 août 2023

Temps de lecture : 5 minutes
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George Soros et l’Open Society en Roumanie. Première partie

Temps de lecture : 5 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 23 mars 2023

En 1991, la dissolution de l’Union soviétique ouvrait, pour beaucoup d’acteurs de la scène géopolitique, de nouvelles perspectives. Certains comme Francis Fukuyama, se sont même hasardés à pronostiquer que la mort de l’ennemi des États-Unis marquerait la fin de l’histoire et la domination sans partage de l’american way of life et de l’american way of thinking sur l’ensemble du globe. Une occasion manquée pour la fin de l’histoire mais un moment de grâce pour George Soros.

La fin de l’histoire remise à plus tard

Si trente ans de recul mon­trent la chimère qu’é­tait cette fin de l’his­toire, quelques hommes ont alors prof­ité de cette péri­ode pour inve­stir les frich­es que représen­taient, à leurs yeux, les anciens pays du bloc sovié­tique. Par­mi eux, George Soros. Le fon­da­teur de l’Open Soci­ety Fon­da­tion a fait des pays comme la Hon­grie (dont il est natif), la Pologne ou encore la Roumanie ses ter­rains d’ex­péri­men­ta­tion où il met ses deniers au ser­vice de ses idées.

Une étude du Capital Research Center

Afin de mieux com­pren­dre le sys­tème Soros, le Cap­i­tal Research Cen­ter a pub­lié en 2017 un dossier riche­ment gar­ni sur l’im­plan­ta­tion et l’in­flu­ence du phil­an­thrope en Roumanie. Le Cap­i­tal Research Cen­ter a été créé en 1984 et s’in­téresse à la phil­an­thropie et aux think tanks. Décom­posé en dix par­ties, le dossier suit un plan chronologique. Il se penche tout d’abord sur la manière dont le dis­ci­ple de Karl Pop­per s’est implan­té en Roumanie dès les années 1990, pour ensuite suiv­re la façon dont ses idées ont été appliquées avant de voir, en dernière par­tie, la cri­tique, de plus en plus présente, des agisse­ments de la nébuleuse Soros dans ce pays. Nous reprenons quelques élé­ments de ce dossier.

Décembre 1989, Soros saute dans le premier avion civil pour Bucarest

Le 25 décem­bre 1989, le dic­ta­teur roumain Nico­lae Ceaus­es­cu et son épouse Ele­na sont fusil­lés sans juge­ment. Le jour des funérailles, une ONG, le Groupe pour le dia­logue social (GSD), est créée. Moins d’une semaine plus tard, George Soros rendait vis­ite à l’or­gan­i­sa­tion. En 2005, Soros con­fiera à la télévi­sion roumaine qu’il était dans le pre­mier avion civ­il à atter­rir à Bucarest[1]. Une pre­mière prise de con­tact avec le pays avant de créer, en juin 1990, sa pro­pre ONG, la Fon­da­tion Soros. Avec un bud­get ini­tial de 1,5 mil­lion de dol­lars, cette struc­ture sera pen­dant longtemps la plus grosse ONG roumaine ayant deux mis­sions : pro­pos­er des ini­tia­tives citoyennes et met­tre en place des pro­grammes d’éducation.

Le témoignage de Mirel Palada

L’é­d­u­ca­tion est l’une des armes clés de George Soros. Comme le con­fie Mirel Pal­a­da, ancien porte-parole de la prési­dence roumaine, « Soros prend des jeunes gens novices et naïfs, leur mon­tre l’Amérique, paie leurs études, con­stru­it patiem­ment un réseau de gens qui lui sont redev­ables et qu’il pour­ra utilis­er quand ils seront influ­ents et que leur temps vien­dra. »[2]. Pal­a­da fait par­tie de ces jeunes gens qui ont vu leurs études payées par le mil­liar­daire. Seule­ment, il est ce qu’on pour­rait appel­er un « retourné », dans la mesure où il n’a pas suivi le plan tracé par Soros. Il con­fie : « Dieu mer­ci, je ne fais pas par­tie des réseaux Soros, je suis de ceux qui aiment leur pays. »

Ces actions de mécé­nat en faveur d’une petite élite libérale et démoc­ra­tique roumaine par­tent d’un con­stat : avant de vouloir qu’une élite de cet acabit puisse guider le pays vers les rives d’une société ouverte, encore faut-il qu’elle existe. Il fau­dra une quin­zaine d’an­nées entre le moment où Soros s’im­plante en Roumanie, et celui où ses idées pren­dront forme et se trans­formeront en poli­tiques publiques. Quinze ans, c’est env­i­ron le laps de temps qui sépare la chute de la dic­tature roumaine et l’in­té­gra­tion du pays dans l’UE, moment pen­dant lequel les vues de Soros seront, en grande par­tie, réalisées.

Éducation, santé, communication

Out­re cette élite, Soros tra­vaille aus­si sur « l’é­d­u­ca­tion » des citoyens roumains. Là encore, pour que le mélange prenne, il faut qu’une par­tie majori­taire de la pop­u­la­tion , a min­i­ma, adhère au moins pas­sive­ment aux idées de Soros. Ain­si, entre 1990 et 1994, l’ONG a tra­vail­lé avec le min­istère de l’É­d­u­ca­tion roumain afin de dif­fuser des livres écrits par des proches de Soros. Au milieu de la décen­nie, l’or­gan­i­sa­tion hausse son bud­get à 10 mil­lions de dol­lars et change de nom pour devenir la fon­da­tion pour une société ouverte. Enfin, elle étend ses prérog­a­tives à la cul­ture, la san­té et la communication.

Comme le note Pierre-Antoine Plaque­vent, auteur d’un ouvrage sur la nébuleuse Soros, dans un entre­tien accordé à TV Lib­erté en 2020, George Soros n’est pas un mil­liar­daire cher­chant sim­ple­ment à aug­menter son prof­it. Si la dif­fu­sion du mod­èle démoc­ra­tique fait ses affaires, il est surtout le por­teur d’un pro­jet poli­tique. À ses yeux, l’é­conomie est le moyen d’obtenir la puis­sance capa­ble d’im­pos­er cette société ouverte théorisée par Karl Pop­per dans son ouvrage La société ouverte et ses enne­mis. L’au­teur ajoute égale­ment que la vision du monde de Soros est une fusion des his­tori­cismes dans le glob­al­isme afin de met­tre fin à l’his­toire dans l’u­topie mon­di­al­iste[3].

Sans sur­prise, George Soros n’est jamais bien loin lorsqu’il s’ag­it de désta­bilis­er un État un tant soit peu solide ou même une société restée enrac­inée qui serait un enne­mi de cette société ouverte con­voitée. Nous don­nerons quelques exem­ples dans la deux­ième par­tie de cet article.

Notes

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George Soros et la société ouverte