Le groupe Canal+ s’apprête à lancer CNews Prime le 24 novembre, une nouvelle chaîne dédiée au direct institutionnel, diffusée en streaming OTT (directement sur les applications et les sites web). Inspirée du modèle de BFM2, elle libérera l’antenne principale des interruptions pour offrir des retransmissions intégrales d’événements majeurs.
Du direct institutionnel
Dans un paysage audiovisuel en pleine mutation, CNews a annoncé l’arrivée imminente de CNews Prime le 24 novembre. Cette nouvelle antenne, exclusivement en streaming, se concentrera sur le « direct institutionnel », diffusant sans interruption les sessions parlementaires, conférences de presse gouvernementales et autres événements clés comme les débats à l’ONU ou les questions au gouvernement.
Déjà visible sur les Freebox (canal 159) et les Livebox d’Orange (canal 226), avec un message indiquant sa disponibilité prochaine, elle s’inscrit dans une stratégie d’expansion qui accompagne également l’intégration d’Europe 1, en pleine ascension en matière d’audience, en format TV (canal 158 chez Free et 218 chez Orange). Cette double nouveauté enrichit l’offre des opérateurs, marquant un pas vers une consommation plus fluide et multiécrans, et permet de se placer sur le terrain institutionnel, souvent chasse-gardée des médias publics.
Un modèle astucieux pour optimiser l’antenne
CNews Prime adopte un positionnement malin, calqué sur celui de BFM2 lancée par BFMTV l’an dernier. L’idée est simple mais efficace : décharger la chaîne principale des retransmissions longues qui perturbent sa grille, permettant ainsi de maintenir les débats et talk-shows qui font le succès de CNews. Uniquement du direct sans les interruptions éditoriales qui empiétaient sur les événements. Cette chaîne OTT, accessible via les plateformes numériques de Canal+ et potentiellement d’autres opérateurs comme Bouygues ou SFR, répond aux usages actuels où le streaming domine. Elle représente un laboratoire pour l’avenir, où les chaînes deviennent des services adaptables, renforçant l’attractivité de CNews sur le marché de l’information.
En toile de fond, la bataille avec les médias publics
Au cœur d’un contexte tendu avec les chaînes publiques, souvent critiquées pour leur partialité illustrée par l’affaire Cohen/Legrand, les médias du groupe Bolloré, sous l’égide de Vincent Bolloré, démontrent une vitalité remarquable. CNews, déjà leader en audience sur certains créneaux, s’impose comme un contre-pouvoir dynamique, attirant un public en quête d’analyses franches et diversifiées.
Le lancement de CNews Prime s’inscrit dans cette réussite, illustrant la capacité d’innovation du groupe malgré les conflits récurrents avec France Télévisions ou Radio France. Le groupe Bolloré mise sur le privé pour offrir une information accessible et immédiate, prouvant que l’entrepreneuriat médiatique peut rivaliser, voire surpasser, les structures étatiques en termes d’agilité et d’engagement des téléspectateurs.
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Pascal Praud, pilier fidèle malgré les tentations
Emblème de cette réussite, Pascal Praud incarne la loyauté envers CNews. Selon des informations récentes, le présentateur star de « L’Heure des pros », qui rassemble quotidiennement entre 800 000 et un million de téléspectateurs, a refusé une offre alléchante de Rodolphe Saadé, patron de BFMTV : un million d’euros annuels pour rejoindre la concurrence. Praud, préférant rester dans son « royaume » où il domine les matinées avec un talk-show influent, souligne la force d’attraction de CNews. Cette fidélité renforce l’image d’une chaîne qui retient ses talents, même face à des propositions financières substantielles d’autres médias. Elle témoigne par ailleurs que Saadé s’accommoderait bien de Pascal Praud si celui-ci lui offrait des parts d’audience.
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L’apparition de CNews Prime, en plus d’être un nouvel atout technique, est un signal fort d’adaptation au nouveau paysage audiovisuel, où le direct et le streaming s’imposent. Dans un environnement marqué par les tensions avec le service public, cette initiative conforte la position des médias Bolloré comme acteurs innovants et montre que le groupe est bien décidé de s’installer dans la durée.
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Sébastien Roncherolle

















