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Censure stalinienne de Médiapart

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7 janvier 2022

Temps de lecture : 6 minutes
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Censure stalinienne de Médiapart

Temps de lecture : 6 minutes

La censure ce n’est pas seulement la commission Bronner ou Viginum ou les Sleeping giants, tous émanations du monde libéral libertaire. C’est aussi à la mode dans le monde islamo-gauchiste comme le dénonce un blogueur dont nous reproduisons la mésaventure sans commentaire.

Medi­a­part, où j’anime un blog Le Cri des Peu­ples depuis plus de 5 ans, vient de franchir une nou­velle étape dans la cen­sure et l’ar­bi­traire : après avoir sup­primé trois de mes tra­duc­tions pour des vio­la­tions alléguées de points pré­cis de la Charte (un arti­cle uni­ver­si­taire de 2016 sur l’ingérence occi­den­tale en Syrie cen­suré comme « Fake News » le 20 mars 2019, un arti­cle sur les souf­frances des ado­les­cents trans­gen­res con­sid­éré comme « pro­pos injurieux, diffam­a­toires, dis­crim­i­nants envers une per­son­ne ou un groupe de per­son­nes » et sup­primé le 21 décem­bre 2020, alors qu’il était rédigé par une per­son­ne trans­genre, et un arti­cle sur le com­porte­ment sus­pect de Joe Biden en présence d’en­fants ban­ni le 11 jan­vi­er 2021 pour « pro­pos injurieux, diffam­a­toires, por­tant atteinte à la vie privée, au droit à l’image, ou à la répu­ta­tion et aux droits d’autrui »), puis avoir dé-pub­lié (néol­o­gisme pudi­bond pour dire « cen­suré ») un arti­cle qui dénonçait Le mépris de Medi­a­part le 26 jan­vi­er, jour de sa pub­li­ca­tion, pour des vio­la­tions non pré­cisées avec ban­nisse­ment d’un mois, je viens d’être ban­ni six mois au pré­texte d’avoir vio­lé d’autres points non pré­cisés de la Charte, dans un nom­bre indéter­miné d’autres arti­cles, et sans même qu’on m’indique les arti­cles incriminés !

Ce cour­riel a beau être long, il ne saurait être plus opaque, se con­tentant de faire un copier/coller de TOUTES les infrac­tions pos­si­bles à la Charte de Medi­a­part, et ne prenant même pas la peine d’indi­quer quelles vio­la­tions j’au­rais com­mis­es ou quels arti­cles sont mis en accu­sa­tion (avec ce dédouane­ment car­ac­téris­tique des lâch­es via la référence à la déla­tion d’autres abon­nés). Medi­a­part se per­met donc de laiss­er un abon­né payant dans l’ig­no­rance la plus totale du ou des chef(s) d’ac­cu­sa­tion jus­ti­fi­ant ce ban­nisse­ment, le forçant à par­courir plus de 800 arti­cles pub­liés à ce jour pour essay­er de trou­ver lesquels man­queraient à l’ap­pel (les 30 derniers sont là a pri­ori), et le lais­sant s’a­muser à devin­er quel(s) point(s) de la Charte il a bien pu y violer.

Je ne peux même pas répon­dre au mes­sage de Medi­a­part ou lancer une quel­conque procé­dure d’ap­pel, car TOUT a été blo­qué sur mon compte : pub­li­ca­tion d’ar­ti­cles, de com­men­taires et même la mes­sagerie. J’ai inter­pel­lé le compte Twit­ter @MediapartBlogs, qui est abon­né à mon compte (pour des raisons faciles à devin­er), mais en vain. Nous sommes donc dans l’ar­bi­traire et l’opac­ité la plus totales, le fait du prince à l’é­tat pur.

Medi­a­part, média atlantiste par excel­lence (tout comme Le Monde, jadis dirigé par Edwy Plenel), encenseur du fol­lic­u­laire Naval­ny et pour­fend­eur de Julian Assange (cf. cet arti­cle infâme reprenant toutes les calom­nies du Départe­ment d’État améri­cain), de Didi­er Raoult ou du chercheur au CNRS Lau­rent Muc­chiel­li, qui a vu cen­sur­er plusieurs de ses arti­cles uni­ver­si­taires dénonçant l’hys­térie san­i­tariste et la soumis­sion aux lob­bies phar­ma­ceu­tiques, se démasque de plus en plus comme le média d’op­po­si­tion de pacotille qu’il est, chien de garde des intérêts de Wash­ing­ton et de Big Pharma.

Il est par­ti­c­ulière­ment ironique de voir ces adver­saires acharnés de l’au­tori­tarisme allégué de la Chine ou de la Russie recourir à des procédés de cen­sure par­faite­ment stal­in­iens. Car s’il était déjà inad­mis­si­ble de sup­primer mon arti­cle dénonçant Le mépris de Medi­a­part sans indi­quer quel point de la Charte il aurait vio­lé (prob­a­ble­ment un crime de lèse-majesté con­tre Edwy Plenel, car la Charte de Medi­a­part spé­ci­fie qu’il est inter­dit de dén­i­gr­er leurs jour­nal­istes : « Sera con­sid­érée comme du dén­i­gre­ment toute con­tri­bu­tion ayant pour objet de médire sur le compte d’un·e abonné·e ou d’une tierce per­son­ne, d’attaquer sa répu­ta­tion, d’en par­ler avec malveil­lance et de manière répéti­tive. » Par con­tre, Medi­a­part ne se gêne pas pour dif­famer, salir et harcel­er Didi­er Raoult…), il est INOUÏ de me ban­nir 6 mois sans indi­quer le ou les article(s) incriminé(s) et la ou les violation(s) alléguée(s).

Je rap­pelle que l’ar­ti­cle de Stephen Gowans sur la Syrie avait été sup­primé plus de deux ans après sa pub­li­ca­tion ! La cen­sure a donc pu frap­per n’im­porte quel arti­cle, même pub­lié il y a plus de 5 ans — je n’ai pas pris la peine d’aller au-delà des 30 derniers arti­cles : étant don­né que je ne repub­lie pas sys­té­ma­tique­ment mes arti­cles sur Medi­a­part et que je n’en ai pas de liste, cette quête relève de l’im­pos­si­ble. Dire que la cen­sure de Medi­a­part est stal­in­i­enne ou kafkaïenne n’est donc nulle­ment exagéré. Durant les grandes purges en URSS, les procès de Moscou repo­saient sur des procé­dures secrètes, et l’ab­sence d’élé­ments matériels démon­trant la cul­pa­bil­ité des accusés. Et dans Le Procès de Kaf­ka, Joseph K. est arrêté sans être infor­mé de quoi il est accusé. Il a du moins l’oc­ca­sion de se défendre avant le couperet. Medi­a­part va plus loin et ne per­met aucun recours, aucune parole de défense face à des accu­sa­tions on ne peut plus nébuleuses (encore une fois, tout ce que je sais, c’est que des arti­cles non iden­ti­fiés auraient vio­lé des points de la Charte non iden­ti­fiés, et que je suis ban­ni 6 mois, point barre). Ma pré­dic­tion du 26 jan­vi­er est donc réal­isée : « Cette opac­ité est à mes yeux un indice clair que mal­gré l’absence évi­dente de jus­ti­fi­ca­tions à ces actes de cen­sure répétés, mon ban­nisse­ment total a déjà été décidé en haut lieu, et que ce n’est qu’une ques­tion de temps : Medi­a­part se livre à un véri­ta­ble sim­u­lacre de jus­tice, où l’accusé n’a pas le droit à la parole, et où le pro­cureur n’a même pas besoin de spé­ci­fi­er le crime com­mis, ni avant, ni après la pub­li­ca­tion, afin de me laiss­er com­plète­ment désori­en­té et impuissant. »

Notons que Medi­a­part ose pré­ten­dre dans sa Charte (con­tin­uelle­ment remaniée depuis des mois : chaque fois que je la con­sulte lors d’une nou­velle cen­sure, elle est plus longue que la ver­sion précé­dente, le but étant claire­ment de ver­rouiller tou­jours davan­tage la lib­erté d’ex­pres­sion) que « Medi­a­part est un club par­tic­i­patif. Toute opin­ion peut s’y exprimer, y com­pris en désac­cord avec la ligne édi­to­ri­ale du jour­nal. » Il est évi­dent que les désac­cords fon­da­men­taux ne sont guère tolérés, comme le démon­tre la cen­sure injus­ti­fiée de mes arti­cles ou de ceux de Lau­rent Mucchielli.

J’in­vite tous ceux qui le souhait­ent à inter­peller Medi­a­part par cour­riel ([email protected][email protected], [email protected], [email protected] et [email protected]) ou sur Twit­ter (@Mediapart@MediapartBlogs@edwyplenel@sabkassa@livia_garrigue@Sarahbosquet) pour dénon­cer cette cen­sure et deman­der des expli­ca­tions. Et je rap­pelle que l’abon­nement à mon site prin­ci­pal lecridespeuples.fr reste le meilleur moyen de suiv­re mes publications.

Le Cri des Peuples