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France Télévisions : un audit alerte sur la dérive de la direction de l’info

3 novembre 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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France Télévisions : un audit alerte sur la dérive de la direction de l’info

Temps de lecture : 4 minutes

France Télévisions : un audit alerte sur la dérive de la direction de l’info

Man­daté pour « risque grave », le cab­i­net CEDAET décrit l’organisation de la direc­tion de France Télévi­sions comme « autori­taire et éli­tiste » et évoque même des « rela­tions bru­tales » et des iné­gal­ités de traite­ment au sein de la rédac­tion nationale du média pub­lic. L’audit dénonce aus­si des obstruc­tions internes. L’épisode frag­ilise Del­phine Ernotte et, par ric­o­chet, le réc­it « vertueux » servi à Radio France.

Un rapport de 160 pages

L’alerte sociale n’est plus un bruit de fond. Présen­té au CSE le 23 octo­bre, le rap­port de 160 pages du cab­i­net indépen­dant CEDAET dresse un tableau sévère des con­di­tions de tra­vail dans la rédac­tion nationale issue de la fusion France 2/France 3 : man­age­ment ver­ti­cal, perte d’autonomie, « bru­tal­i­sa­tion » des rela­tions et sen­ti­ment de relé­ga­tion chez les ex-France 3. Le taux de réponse à l’enquête n’est d’ailleurs pas mar­gin­al puisqu’il s’élève à 42 %.

Une organisation accusée de « brutaliser » le travail

Selon CEDAET, la fusion n’a pas créé un mod­èle hybride mais a imposé celui de France 2, « plus autori­taire et hiérar­chique ». Les témoignages évo­quent des faits de « har­cèle­ment », des humil­i­a­tions en con­férences, des cri­tiques et une iné­gal­ité d’accès aux sujets vis­i­bles, aux mag­a­zines et aux postes d’encadrement. Les risques psy­choso­ci­aux seraient « impor­tants et multiformes ».

Le cab­i­net relate aus­si des freins inhab­ituels à sa mis­sion : absence de badges d’accès, autori­sa­tions laborieuses pour assis­ter aux réu­nions, don­nées « lacu­naires » fournies au compte-gouttes.

Les con­clu­sions con­ver­gent : cli­mat délétère, divi­sion du col­lec­tif et dis­crim­i­na­tions ressen­ties, surtout par­mi les transfuges de France 3.

Ernotte sous pression, le récit du service public écorné

Pour Del­phine Ernotte-Cun­ci, recon­duite en juin à la tête de France Télévi­sions, l’empilement est défa­vor­able : erreurs d’antenne depuis la ren­trée, finances con­traintes, puis audit social acca­blant. L’image d’un pilotage « exem­plaire » de l’audiovisuel pub­lic vac­ille. Effet ric­o­chet sur l’écosystème : à Radio France, la direc­tion promeut mutu­al­i­sa­tions et « plate­forme » com­mune avec France Télévi­sions, ce qui pour­rait pouss­er à une véri­ta­ble con­ta­gion du pire pour les médias publics. Déjà mise en dif­fi­culté par la com­mis­sion de la cul­ture du Sénat début octo­bre aux côtés de Sybille Veil (Radio France), Del­phine Ernotte se trou­ve dans une zone de tur­bu­lence moins d’un an après avoir vu sa ges­tion mise en cause par des mag­is­trats de la Cour des comptes.

Peu d’écho médiatique, une omerta corporatiste ?

Les élus du Comité social et économique (CSE) de France Télévi­sions exi­gent un plan d’action : réin­stau­r­er la « dis­pute pro­fes­sion­nelle » dans un cadre sécurisé, don­ner aux RH un pou­voir effec­tif d’intervention, « objec­tiv­er charges et répar­ti­tions de tâch­es », faire cess­er les vio­lences au tra­vail. À défaut, la crise s’installera. La per­for­mance édi­to­ri­ale et la légitim­ité du ser­vice pub­lic s’en trou­veront encore affaiblies.

Le scan­dale demeure assez con­tenu. En effet, hormis la Let­tre, seules la gauche médi­a­tique, rad­i­cale et syn­di­cale (L’Humanité, Blast Info, site du NPA Révo­lu­tion­naire, SNJ, CFDT) et la droite (Valeurs Actuelles, Le JDD) se sont fait l’écho de cette actualité.

Voir aus­si : Audi­tions croisées au Sénat : Sybille Veil et Del­phine Ernotte sur la défensive

Encadré : CEDAET, qui sont-ils ?

Fondé en 1985 et devenu SCOP en 1988, CEDAET est un cab­i­net d’expertise habil­ité auprès des CSE, spé­cial­isé en san­té et organ­i­sa­tion du tra­vail. Il est codirigé par Mag­a­li Zim­mer et Nico­las Bouhd­jar. Le cab­i­net revendique l’indépendance et tra­vaille régulière­ment pour des instances représen­ta­tives du per­son­nel, des admin­is­tra­tions et étab­lisse­ments publics. S’il n’a pas d’affichage par­ti­san con­nu, il entre­tient des liens fonc­tion­nels avec le monde syn­di­cal et insti­tu­tion­nel inhérents à sa mis­sion d’expert des instances représen­ta­tives du per­son­nel (IRP).

Rodolphe Cha­la­mel

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