Chronique antifa sur France Culture. Le 23 septembre, la radio publique a consacré une chronique à la « bataille des municipales » du média d’extrême gauche StreetPress, projet mêlant cartographie des « villes à risque » de bascule au RN, formations militantes et collecte d’e‑mails. Un relai par le service public qui interroge sa neutralité, en plein bras de fer avec les médias de Bolloré et après l’affaire Legrand-Cohen.
France Culture s’engage contre le RN
Dans « Un monde connecté », France Culture présente la carte interactive de StreetPress évaluant, type Nutri-Score, la probabilité de victoire du RN commune par commune. La séquence met en avant l’inscription par e‑mail, des newsletters locales et un dispositif d’« engagement » associatif pour « riposter » à l’extrême droite. Le tout est posé comme une ressource à utiliser d’ici mars 2026.
Sur son site, StreetPress (dont les financements ont déjà été évoqués ici) revendique explicitement une « bataille des municipales », détaille des formations pour « citoyens engagés », journalistes et créateurs de contenus, et annonce un budget d’environ 300 000 € financé par fonds propres, fondations et dons.
Voir aussi : StreetPress, le kebab de l’Union européenne
La neutralité du service public en question
Radio France affiche (en théorie) des principes d’« honnêteté, indépendance et pluralisme » et prévoit la gestion des conflits d’intérêts via son comité dédié. Le droit commun rappelle aussi les devoirs de neutralité et de réserve des agents publics, tandis que l’Arcom encadre l’honnêteté de l’information. Promouvoir un outil militant anti-RN, même au prisme « culture numérique », brouille la frontière entre information et incitation.
Le sujet est d’autant plus sensible que la cartographie est conçue pour optimiser une mobilisation ciblée contre un parti identifié, avec collecte d’adresses et appels à l’action locale, des actions qui peuvent par ailleurs déboucher sur des actions pénales si l’on se réfère aux opérations militantes violentes dont StreetPress a pu faire l’éloge, que ce soit en France ou en Hongrie où des personnes ont été tabassées par des militants d’extrême gauche.
Ce registre dépasse l’information descriptive classique et alimente la perception d’une prise de position sur fonds publics.
Contexte : l’affaire Legrand-Cohen et la guerre ouverte avec la galaxie Bolloré
Depuis début septembre, une vidéo tournée clandestinement par le journal L’Incorrect montrant Thomas Legrand et Patrick Cohen discutant avec des responsables PS a déclenché une tempête politique et médiatique. L’Arcom a rappelé aux dirigeants du service public leurs obligations de neutralité ; des passes d’armes ont suivi, Delphine Ernotte qualifiant CNews de « chaîne d’extrême droite », la chaîne répliquant sur « l’impartialité » du service public.
L’épisode nourrit la crise de confiance et radicalise l’affrontement entre audiovisuel public et médias du groupe Bolloré. Dans ce climat, le relai par Radio France d’une initiative assumée de « riposte » électorale contre le RN apparaît politiquement chargé.
Qu’il s’agisse d’une chronique courte ou d’un « coup de projecteur » éditorial, la question est simple : un opérateur financé par la redevance peut-il promouvoir un outil de mobilisation ciblant un parti en lice ? Et si on posait la question à l’ARCOM ?
Voir aussi : Dossier : StreetPress, site-vitrine mais entreprise réelle de formatage idéologique
Rodolphe Chalamel


















