Gogol, pardon, Google est devenu plus puissant que bien des États.
Inquiétant les Européens bien sûr, mais aussi les Américains eux-mêmes : le département de la Justice (DOJ) attaque le géant californien pour pratiques anticoncurrentielles.
Google « monopoleur récidiviste »
La publicité en ligne est l’objet de tous les désirs et Alphabet (maison mère de Google) et Meta (maison mère de Facebook et Instagram) en sont les principaux bénéficiaires dans la chaîne de valeur.
Depuis dix ans au moins, Google exploite des monopoles interconnectés qui se renforcent mutuellement, entre autres via Google Ad Tech. Les incessantes modifications d’algorithmes permettent de prolonger de manière occulte ces monopoles, c’est tout l’objet de la plaidoirie du DOJ.
Démantèlement de Google ?
Pour éviter une peine trop lourde, Google propose de simples aménagements techniques, entre autres de céder à d’autres le « droit de regard » sur les enchères, avouant ainsi que ce droit de regard constituait bien un monopole. De son côté, le DOJ préconise que Google revende une partie de ses logiciels à des tiers, une proposition considérée comme « compliquée techniquement » par leur propriétaire. Les auditions continuent, dans un bras de fer commencé sous l’ère Biden et poursuivi fermement sous l’ère Trump, comme quoi ce dernier n’est pas entièrement aux mains des princes de la technologie comme on le lit trop souvent.
Voir aussi : « Résumés IA » : New York Times contre Google
Un enjeu de souveraineté numérique
Derrière ce procès se joue bien plus qu’une question de concurrence : c’est la maîtrise de l’espace numérique qui est en cause. Le système publicitaire de Google irrigue l’ensemble du Web mondial, conditionne la visibilité des médias et influence indirectement la circulation de l’information. En cherchant à rétablir un équilibre, le DOJ tente aussi de rappeler que la souveraineté — même numérique — ne peut être abandonnée à une entreprise privée.
Claude Lenormand


















