Une messe de rentrée dans une église de Minneapolis, Minnesota. Des dizaines de coups de feu et puis, deux morts et 17 blessés. Le 27 août, Robin Westman, homme transféminin – ou femme transgenre – a perpétré une tuerie de masse. Tuerie dont les médias parlent, naturellement, mais souvent à contrecœur. En rappelant que la récupération est interdite.
Cachez cette transidentité que je ne saurais voir
Le tueur de Minneapolis était un homme transféminin – ou femme transgenre – scolarisé jusqu’en 2017 dans l’école jouxtant l’église de l’Annonciation. Âgé de 23 ans, le tueur avait fait reconnaître sa transidentité en 2019 et fait changer son prénom, passant de Robert à Robin Westman. La plupart des articles précisent qu’il s’agit d’une femme transgenre, mais ce n’est pas le cas de tous. BFMTV désigne « le tireur », ce qui d’ailleurs revient à le mégenrer, mais reste plus commode pour faire planer un certain flou. RTL donne aussi dans la discrétion, mais de façon plus flagrante encore. BFMTV use autant que possible de la voix passive, qui se concentre sur les victimes et le crime plutôt que son auteur. Chez RTL, on n’a pas ce scrupule. L’article parle de « l’auteur de l’attaque », d’un Robin Westman « obsédé » par le meurtre d’enfants – en français, on ne sait si ce nom est féminin ou masculin, c’est commode –, ou encore d’un « individu de 23 ans ». Les pronoms utilisés sont bien évidemment « il » ou « celui ». Gageons que la communauté trans ne se plaindra guère de cette méconnaissance de la transidentité.
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Les médias inquiets de la récupération par « l’extrême droite »
« La tuerie a rapidement suscité des propos transphobes à l’extrême droite », dénonce Ouest-France. « La tuerie de Minneapolis alimente la transphobie de l’extrême droite », titre La Croix, dont ceux qui suivent l’Observatoire ne s’étonneront pas de la ligne. En effet, lorsqu’un membre d’une « minorité » – ici un homme transféminin, mais plus souvent un immigré – commet un crime, les médias passent quelques heures à parler du crime, et plusieurs semaines à dénoncer la récupération. La tuerie de Minneapolis ne fait pas exception. Après un article, d’ailleurs de qualité, détaillant le profil de Robin Westman, Le Dauphiné consacre sa dernière partie aux « risques d’instrumentalisation », et signale que « cette fusillade a relancé le débat sur les personnes transgenres, qui sont la cible de plusieurs mesures de recul de leurs droits depuis le retour au pouvoir de Donald Trump ». En effet, plusieurs médias, notamment Ouest-France, tâchent de relier la tuerie de Minneapolis à « une offensive contre les politiques favorables aux personnes transgenres ». Le Monde sera moins subtil, ou plus pressé, et c’est dès le titre que l’on apprend que « la droite trumpiste dénonce le “transterrorisme” après une attaque visant des enfants dans une église ».
Le maire de Minneapolis protège les trans plus que les enfants
Le Dauphiné précise également, comme Libération ou Ouest-France, que le maire a « condamné toute instrumentalisation par l’extrême droite américaine ». Libé confirmera dans un autre article que « pour anticiper toute réaction quant à sa transidentité, le maire de Minneapolis, Jacob Frey, s’est d’ailleurs empressé d’annoncer qu’il condamnerait quiconque utiliserait la fusillade pour diaboliser la communauté transgenre ». Les parents des deux enfants de 8 et 10 ans aujourd’hui décédés apprécieront. Robert Westman, le tueur, publiait des centaines de textes appelant à tuer Donald Trump ou crachant sa haine « envers tous les groupes (…), les personnes noires (…), les Mexicains (…), les chrétiens (…), les juifs », partageait des vidéos portant sur la violence et les tueurs en milieu scolaire, voire montrait sa réserve d’armes « décorées » de menaces diverses. Aucune enquête n’avait été menée. Le matin même de la fusillade, qui a eu lieu à 8h30, il avait publié deux vidéos montrant des textes sur la violence envers les enfants et un autocollant avec des drapeaux LGBT et trans et une arme. Face à ce déluge d’indices pour le moins inquiétants donc, rien. En revanche, si l’on s’avise de relier le crime commis à sa transidentité, la justice fera son office.
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Le « transterrorisme », petit frère du Grand remplacement ?
Il fut un temps, et ce n’est pas si lointain, où le Grand remplacement était considéré comme une théorie d’extrême droite. C’est d’ailleurs toujours le cas dans certains médias, mais peu, en dehors de certains cercles parisiens, les croient encore. La tuerie de Minneapolis fait apparaître un nouveau terme : le transterrorisme. Largement abordé dans Transmania, enquête de Dora Moutot et Marguerite Stern sur le phénomène trans, le transterrorisme s’ajoutera peut-être aux maux du siècle. Mal d’autant plus pénible qu’il ne sera reconnu que tardivement, tant ne pas froisser les minorités devient plus important que protéger les enfants.
Adélaïde Motte


















