Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Les leveurs de papattes de Patrice Jean

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

8 août 2019

Temps de lecture : 2 minutes
Accueil | Veille médias | Les leveurs de papattes de Patrice Jean

Les leveurs de papattes de Patrice Jean

Temps de lecture : 2 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 10/05/2019

Il est rare de relever dans un roman contemporain des caractères aussi marqués que ceux de La Bruyère. À la lecture de l’excellent cinquième roman de Patrice Jean Tour d’ivoire édité chez rue Fromentin, nous avons remarqué un de ces caractères que nous qualifierions volontiers de « libéral libertaire ».

Dans le roman Antoine Jour­dan et Thomas Dabrows­ki édi­tent une revue lit­téraire Tour d’ivoire, au suc­cès incer­tain, mais œuvre vive de leurs vies. Ils se heur­tent à de nom­breux obsta­cles, manque de moyens, indif­férence du pub­lic, hos­til­ité des cuistres. Ce sont ces derniers que Thomas décrit dans une page jubi­la­toire du roman comme les leveurs de pap­attes. Ver­ba­tim.

« Thomas dévelop­pait une théorie, ou semi-théorie, qu’il appelait « les don­neurs de pap­attes ». Il y était attaché au point d’avoir pub­lié dix ans plus tôt dans Tour d’ivoire un long texte où il expo­sait son analyse. Selon lui, de même qu’un chien (ou un chien-chien), pour que son maître lui donne un sucre lève la pap­at­te, le pro­gres­siste con­tem­po­rain, lui, pour obtenir un com­pli­ment ou une grat­i­fi­ca­tion nar­cis­sique, lève la pap­at­te, fait le beau, affiche sa révolte con­tre les injus­tices, n’a pas de mots assez durs pour com­bat­tre tous les replis frileux, tous les racismes, tous les abus, son cœur saigne en con­tinu, face à la marche du monde — et hop, un su-suc! Entre Thomas et moi « susuc » ou « pap­at­te » fonc­tion­nait comme un code secret — partout des pap­attes se lev­aient, au café, à la médiathèque, dans la salle des profs, en famille, dans le métro, dans la rue, dans le bus, à la télévi­sion, à la radio, des pap­attes de tous les âges, de toutes les pro­fes­sions, de toutes les class­es sociales, chaque jour, chaque minute, des pap­attes se don­naient, s’offraient, en l’espoir de récolter des su-sucs, des cen­taines, des mil­liers de su-sucs! Quand on avait com­mencé à repér­er le phénomène, on le voy­ait partout, comme si l’humanité n’avait pas d’autre mis­sion que don­ner une pap­at­te et bouf­fer du su-suc. » 

Nous lais­sons le soin à l’honorable lecteur de débus­quer les plus assidus leveurs de pap­attes dans les médias, comme dans les 200 por­traits de jour­nal­istes fig­u­rant sur notre site.

Patrice Jean, Tour d’Ivoire, 2019, édi­tions rue Fro­mentin, 244 p, 21 €

Vidéos à la une

No Content Available

Derniers portraits ajoutés