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24 juillet 2022

Temps de lecture : 6 minutes
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Régime estival

Temps de lecture : 6 minutes

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Claude Chol­let
Obser­va­toire du jour­nal­isme (Ojim)
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La censure comme standard : Facebook et les GAFAM

Devenus omniprésents dans nos usages quo­ti­di­ens, les GAFAM sont désor­mais incon­tourn­ables. Plus le temps passe, plus leur influ­ence s’étend et touche des secteurs var­iés inclu­ant celui des médias. Les réseaux soci­aux, large­ment pro­duits par eux, sont – ou plutôt, étaient – des espaces où la diver­sité des opin­ions peut (pou­vait) se con­fron­ter. Mais les réseaux soci­aux tombent eux aus­si sous le joug de la cen­sure, les fameux « stan­dards de la com­mu­nauté », et se trans­for­ment en cen­sure comme stan­dard. Face­book excelle dans cet exer­ci­ce. Ce dossier pro­pose un détour en trois par­ties sur la fab­rique de la cen­sure par le réseau tout puis­sant de Zucker­berg. Une cen­sure dev­enue insti­tu­tion­nelle, partout, tout le temps, et qui se généralise aux autres réseaux soci­aux comme Twitter.

Première partie : la censure institutionnalisée

La pra­tique de la cen­sure par Face­book ne se fait plus de manière dis­simulée ou désor­gan­isée : elle découle d’une volon­té insti­tu­tion­nelle du réseau. Le Con­seil de sur­veil­lance de Face­book lancé en jan­vi­er 2020 en est une belle illus­tra­tion. Au-delà des mesures internes à l’entreprise, en France, la cen­sure est soutenue par des mesures émanant de l’État comme l’a démon­tré le funeste pro­jet de loi Avia dont le vote date aus­si de 2020, une loi reto­quée par le Con­seil con­sti­tu­tion­nel mais qui, sor­tie par la porte, revien­dra sans doute par la fenêtre.
Le con­seil de sur­veil­lance de Facebook

Avant la créa­tion de son Con­seil de sur­veil­lance, Face­book employ­ait déjà une armée de 20 000 « mod­éra­teurs », générale­ment sous-traités, qui tra­vail­lent 24 heures sur 24 pour véri­fi­er que vos pub­li­ca­tions ne vont pas à l’encontre des fameux « stan­dards de la com­mu­nauté », sans compter l’aide de l’intelligence arti­fi­cielle. Insuff­isante pour faire régn­er l’ordre sur le réseau, cette armée est accom­pa­g­née (cha­peautée ?) d’un Con­seil Suprême depuis le début de l’année 2020, le « Con­seil de sur­veil­lance ». Créé dans le but de pren­dre les « déci­sions les plus com­plex­es et les plus impor­tantes sur le con­tenu présent sur les plateformes ».

Respon­s­able de la fameuse « mod­éra­tion de con­tenu », cette struc­ture est aus­si inquié­tante par sa mis­sion que par sa com­po­si­tion. Sur la ving­taine de pre­miers mem­bres du Con­seil, deux (Afia Asan­te­waa Asare-Kyei et András Sajó) sont des cadres de struc­tures ini­tiées par le mil­liar­daire George Soros. A leurs côtés, une enquête menée par Sharyl Attkisson de Real­Clear­Pol­i­tics a mon­tré que 16 autres mem­bres (sur 20 !) « ont col­laboré avec ou sont liés à des groupes » qui ont reçu un finance­ment des fon­da­tions Open Soci­ety de Soros. Cet élé­ment n’est pas isolé, Tawakkol Kar­man appar­tient à la mou­vance islamiste au Yémen, d’autres sont des mil­i­tants pro­gres­sistes affichés. Comme Emi Pal­mor qui a été nom­mée par la gauche, en 2014, direc­trice générale du min­istère de la jus­tice israélien, ou Pamela Kar­man qui a été qual­i­fiée en 2009 par le New York Times, « de cham­pi­onne des droits homo­sex­uels, de grande défenseure des droits des crim­inels et des droits de vote ». Pour ce qui est de la branche française de Face­book, Lau­rent Sol­ly (ex Sarko boy), directeur général de l’entreprise pour la France, a fait part de son sou­tien à la poli­tique de cen­sure en se félic­i­tant publique­ment des « pro­grès qui ont été faits pour lut­ter con­tre les con­tenus nuis­i­bles, de haine » et rap­pelant « l’investissement con­sid­érable au cours des deux dernières années, de plusieurs mil­liards de dol­lars », fait par le réseau social pour soutenir cette dynamique. Pour la loi Avia, il avait estimé que le délai de 24 heures n’était pas « le meilleur indi­ca­teur » et espérait la dis­pari­tion des con­tenus dans des délais plus brefs.

L’État français en renfort

La loi Avia, dis­cutée depuis 2019, votée en mai 2020, puis reto­quée, voulait valid­er les pul­sions face­book­i­ennes de con­trôle de la lib­erté d’expression. Le gou­verne­ment français et ses instances ont tou­jours été exem­plaires en la matière comme en témoigne le nom­bre de deman­des de sup­pres­sion de posts et com­men­taires sur Face­book. De 2013 à 2018, la France était le deux­ième pays le plus act­if dans le domaine durant cette péri­ode (Chine et États-Unis étant hors classe­ment). Une bonne par­tie des requêtes con­cer­nait des deman­des de retrait des images de corps des vic­times des atten­tats de 2015.

Le pro­jet de loi Avia représen­tait une nou­velle étape impor­tante dans cette ten­dance de fond. Cette loi, dont le but est de « com­bat­tre la haine sur inter­net », per­me­t­tait de soutenir offi­cielle­ment la cen­sure sur les réseaux soci­aux et de la ren­dre obligatoire.

La cen­sure devait inter­venir en moins de 24 heures pour tout ce qui ren­tre dans la déf­i­ni­tion très large des « dis­cours de haine ». Face­book n’en demandait pas plus pour ren­forcer son zèle de censeur. Le Con­seil con­sti­tu­tion­nel est venu met­tre le holà sur cette entente crois­sante entre l’État et le réseau social, en ne jugeant pas com­pat­i­ble avec la lib­erté d’expression l’obligation de retir­er les con­tenus dans un délai aus­si court et sans l’intervention d’un juge. Mais le gou­verne­ment n’a pas dit son dernier mot comme en témoignent les déc­la­ra­tions faites suite à l’attentat islamiste dont a été vic­time Samuel Paty, décapité en octo­bre 2020. Mem­bres ou sou­tiens du gou­verne­ment, Cédric O, Gabriel Attal, Mar­lène Schi­ap­pa, Laeti­tia Avia et con­sorts ont accusé les réseaux soci­aux d’avoir joué un rôle dans cet événe­ment, lais­sant présager de nou­velles pul­sions de législation.

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