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Pomme pourrie : Apple recycle à tour de bras d’anciens espions israéliens

3 septembre 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Pomme pourrie : Apple recycle à tour de bras d’anciens espions israéliens

Temps de lecture : 5 minutes

Pomme pourrie : Apple recycle à tour de bras d’anciens espions israéliens

Le média d’investigation Mint­Press News a fait paraître il y a quelques semaines une enquête sous la plume d’Alan Macleod, à pro­pos de cer­taines pra­tiques d’Apple en matière de recrute­ment. Alors que les cri­tiques fusent, côté occi­den­tal, sur la dangeureuse/horrible/abominable mes­sagerie russe « MAX », il nous a sem­blé per­ti­nent d’en offrir à nos lecteurs un résumé en français.

En résumé :

  • Apple et l’Unité 8200 : le géant cal­i­fornien a recruté des dizaines d’anciens agents du ren­seigne­ment israélien, spé­cial­isés dans la sur­veil­lance de masse et le cyber-espi­onnage. Plusieurs fig­ures de l’Unité 8200, comme Nir Shke­di, Noa Goor ou Eli Yazovit­sky, occu­pent aujourd’hui des postes clés chez Apple.
  • Une unité sul­fureuse : con­nue pour le chan­tage, le logi­ciel espi­on Pega­sus et la col­lecte mas­sive de don­nées per­son­nelles, l’Unité 8200 est accusée de vio­la­tions des droits humains.
  • Tim Cook et Israël : le PDG d’Apple a affiché à plusieurs repris­es son sou­tien à Tel-Aviv, tout en sanc­tion­nant des employés pro-palestiniens.
  • Un phénomène glob­al : Google, Face­book, Microsoft, Ama­zon ou Tik­Tok ont eux aus­si inté­gré d’anciens espi­ons israéliens, influ­ençant à la fois la tech et les médias.
  • Apple se drape régulière­ment dans les ver­tus de la con­fi­den­tial­ité et des droits de l’homme, sans oubli­er la lutte con­tre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, la pro­mo­tion des LGBT et les migrants. Mais der­rière ce ver­nis moral­isa­teur pour gogo se dis­simule une réal­ité autrement plus trou­blante : l’entreprise de Cuper­ti­no a dis­crète­ment recruté des dizaines de vétérans de l’Unité 8200, le ser­vice de ren­seigne­ment mil­i­taire israélien tris­te­ment réputé pour ses pra­tiques de sur­veil­lance de masse, de chan­tage et pour ses assas­si­nats ciblés.

Apple s’est récem­ment posé en cham­pi­on de la con­fi­den­tial­ité et des droits de l’homme. Mais der­rière ce dis­cours de façade s’esquisse une autre réal­ité : l’entreprise de Cuper­ti­no recrute depuis plusieurs années un nom­bre sig­ni­fi­catif d’anciens mem­bres de l’Unité 8200, ser­vice de ren­seigne­ment mil­i­taire israélien spé­cial­isé dans la col­lecte et l’analyse de don­nées à grande échelle.

Des embauches au plus haut niveau

Selon Mint­Press News, plusieurs dizaines d’anciens officiers de l’Unité 8200 ont rejoint les rangs d’Apple, sou­vent à des postes d’ingénierie stratégique. Ces arrivées se sont accélérées au moment même où le PDG Tim Cook expri­mait publique­ment son sou­tien à Israël, sus­ci­tant en interne des ten­sions avec des employés qui dénonçaient une ges­tion par­tiale de la lib­erté d’expression au sein du groupe.

Apple, rap­pelons-le, dis­pose de trois cen­tres de recherche en Israël et emploie dans le pays env­i­ron 2 000 per­son­nes. La société a égale­ment mis en place une poli­tique de con­trepar­tie des dons de ses salariés vers des organ­i­sa­tions comme Friends of the IDF ou le Jew­ish Nation­al Fund, toutes deux liées à la poli­tique de sécu­rité et de coloni­sa­tion israélienne.

Portraits de recrues

Par­mi ces nou­veaux venus fig­ure Nir Shke­di, com­man­dant au sein de l’Unité 8200 de 2008 à 2015. À la tête d’une équipe d’environ 120 agents, il a super­visé le développe­ment d’outils d’intelligence arti­fi­cielle capa­bles de traiter rapi­de­ment de vastes ensem­bles de don­nées pour iden­ti­fi­er des cibles. Depuis 2022, il tra­vaille comme ingénieur en con­cep­tion physique dans la Sil­i­con Valley.

Nir Shkedi

Noa Goor, quant à elle, a dirigé plusieurs pro­jets de cyber­sécu­rité de 2015 à 2020, qu’elle décrit comme « stratégiques pour l’armée israéli­enne ». Depuis 2022, elle occupe un poste d’ingénieure en con­cep­tion de puces chez Apple.

Noa GoorEli Yazovit­sky a lui aus­si fait le saut directe­ment après neuf années dans l’Unité 8200 : recruté par Apple en 2015, il a exer­cé comme directeur de l’ingénierie avant de rejoin­dre Qualcomm.

Le rôle singulier de l’Unité 8200

Sou­vent com­parée à une école d’ingénieurs de haut niveau, l’Unité 8200 con­stitue la prin­ci­pale pépinière du secteur tech­nologique israélien. Ses mis­sions vont de la cyber­sur­veil­lance à l’interception mas­sive de com­mu­ni­ca­tions. De nom­breux anciens mem­bres ont fondé ou rejoint des sociétés à l’origine d’outils aujourd’hui répan­dus dans l’industrie de la sécu­rité numérique, tel le logi­ciel Pega­sus, util­isé par plusieurs États pour sur­veiller per­son­nal­ités poli­tiques, jour­nal­istes et activistes.

L’unité est égale­ment con­nue pour avoir con­sti­tué des bases de don­nées très détail­lées sur la pop­u­la­tion pales­tini­enne, inclu­ant des infor­ma­tions per­son­nelles et médi­cales, util­isées à des fins de con­trôle et de pression.

Voir aus­si : Libéra­tion : Dov Alfon, ancien des ser­vices de ren­seigne­ments israéliens, nou­veau rédac­teur en chef

Une orientation qui dépasse Apple

Apple n’est pas une excep­tion. Des enquêtes sim­i­laires mon­trent que Google, Face­book, Microsoft, Ama­zon ou encore Tik­Tok ont aus­si recruté d’anciens mem­bres de l’Unité 8200. Cer­tains ont même rejoint les con­seils de mod­éra­tion de grandes plate­formes sociales, chargés de décider de ce qui peut ou non cir­culer à l’échelle mondiale.

Dans les médias, des fig­ures comme Barak Ravid, cor­re­spon­dant d’Axios à Wash­ing­ton, ou Tal Hein­rich, désor­mais porte-parole de Ben­jamin Netanya­hou après un pas­sage par CNN, sont égale­ment issus de cette filière.

Une question ouverte

Faut-il voir dans cette dynamique un sim­ple trans­fert de com­pé­tences tech­nologiques ou bien une prox­im­ité cul­turelle et poli­tique durable entre la Sil­i­con Val­ley et l’appareil sécu­ri­taire israélien ? La ques­tion reste posée.

Quoi qu’il en soit, ce phénomène met en lumière un fait peu dis­cuté : une part crois­sante de l’architecture numérique mon­di­ale est conçue, admin­istrée ou influ­encée par des experts for­més dans l’une des unités de ren­seigne­ment les plus struc­turées du Proche-Orient.

Yves Leje­une
Source orig­i­nale de l’article (en anglais) : mintpressnews.com

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