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Newsguard, instrument du soft power américain ?

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24 mai 2019

Temps de lecture : 4 minutes
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Newsguard, instrument du soft power américain ?

Temps de lecture : 4 minutes

Une fake news/infox, qu’est-ce que c’est ? Parfois une information inventée de toutes pièces, style « Nicolas Sarkozy, l’amant secret de Theresa May » pour recueillir des «clics » à des fins commerciales. Ce peut être également une information construite par une agence d’influence comme DisinfoLab dont nous vous parlions dans un article précédent. Mais l’accusation de fake news/infox peut être aussi un moyen de tenter de ruiner la crédibilité d’une information ou d’un média qui vous déplait. Dans la guerre de l’information, des journalistes américains lancent (sous couvert d’initiative privée) Newsguard, un service de notation des médias. Un lancement qui paraît plutôt maladroit pour un regard européen.

Des goûts et des couleurs

Comme au début du Decodex du Monde, financé par Google, News­guard accole au média con­cerné un petit dra­peau : vert, vous pou­vez avoir con­fi­ance ; jaune c’est sans doute un site par­o­dique ; rouge, atten­tion ce site n’est pas fiable ; gris il est dif­fi­cile de juger ou le média ne cor­re­spond pas aux critères d’évaluation. La société améri­caine est déjà active aux États-Unis et en Grande-Bre­tagne, se lance en Alle­magne, en Ital­ie et en France. Com­ment les éval­u­a­tions sont-elles cal­culées ? News­guard dis­tingue neuf critères, cinq pour la crédi­bil­ité, qua­tre pour la trans­parence. Le critère le plus impor­tant porte sur la vérac­ité des informations.

Via Fire­fox ou Chrome il est pos­si­ble de télécharg­er l’application que Microsoft a déjà inté­gré par­tielle­ment dans son nav­i­ga­teur Edge. Ce ne sont pas les algo­rithmes qui déter­mi­nent le classe­ment mais des humains. La société, dans laque­lle Pub­li­cis a investi, emploierait une bonne trentaine de jour­nal­istes (dont six dédiés à la France) qui notent les médias. Un dirigeant de l’école de jour­nal­isme de Sci­ences Po Paris est con­seil­lère édi­to­ri­ale pour la France.

Une neutralité toute relative

L’application a été créée par deux anciens jour­nal­istes, Steven Brill et Louis Gor­don Crovitz. Ce dernier est réputé proche des milieux néo-con­ser­va­teurs et lié à la Her­itage Foun­da­tion et à l’American Enter­prise Insti­tute. Rien de répréhen­si­ble en soi. Beau­coup plus intéres­sant est la com­po­si­tion de son « advi­so­ry board », sorte de con­seil poli­tique et insti­tu­tion­nel. On y retrou­ve entre autres dans une liste à la Prévert :

  • Michael Hay­den, ancien directeur de la CIA sous George W. Bush
  • Tom Ridge, ancien respon­s­able de la sécu­rité intérieure tou­jours sous George W. Bush
  • Richard Sten­gel, ex sous-secré­taire à la diplo­matie de l’ère Obama
  • Don Baer, ancien respon­s­able de la com­mu­ni­ca­tion de la Mai­son Blanche sous l’ère Clinton
  • Anders Fogh Ras­mussen, ancien secré­taire général de l’OTAN

Our Advisory Board

Mem­bers of the advi­so­ry board pro­vide strate­gic advice to News­Guard. They play no role in the deter­mi­na­tions of rat­ings or the Nutri­tion Label write ups of web­sites unless oth­er­wise noted.

  • Don Baer, chair­man of Bur­son, Cohn & Wolfe and for­mer White House Com­mu­ni­ca­tions Direc­tor (Clin­ton administration)
  • John Bat­telle, co-found­ing edi­tor of Wired and found­ing chief exec­u­tive of Indus­try Stan­dard magazines
  • (Ret.) Gen­er­al Michael Hay­den, for­mer Direc­tor of the CIA, for­mer Direc­tor of the Nation­al Secu­ri­ty Agency and for­mer Prin­ci­pal Deputy Direc­tor of Nation­al Intel­li­gence (George W. Bush administration)
  • Elise Jor­dan, polit­i­cal ana­lyst, NBC, and for­mer speech­writer for Sec­re­tary of State Con­doleez­za Rice
  • Jes­si­ca Lessin, founder and edi­tor-in-chief of The Information.
  • Anders Fogh Ras­mussen, for­mer Prime Min­is­ter of Den­mark, for­mer sec­re­tary gen­er­al of NATO and founder of the Alliance of Democ­ra­cies Foundation
  • Tom Ridge, the first Sec­re­tary of Home­land Secu­ri­ty (George W. Bush administration)
  • Richard Sam­brook, direc­tor of the Cen­ter for Jour­nal­ism at Cardiff Uni­ver­si­ty, for­mer Direc­tor of Glob­al News for the BBC. (Sam­brook pro­vides edit­ing and edi­to­r­i­al guid­ance for NewsGuard’s UK Nutri­tion Labels.)
  • Richard Sten­gel, for­mer edi­tor of Time mag­a­zine and Under­sec­re­tary of State for Pub­lic Diplo­ma­cy (Oba­ma administration)
  • Jim­my Wales, co-founder of Wikipedia

Tout ce petit monde bien enten­du, annonce News­guard, “ne joue aucun rôle dans les nota­tions ». A quoi ser­vent ils alors ? Nous avons con­nu nos amis améri­cains plus malins et mieux inspirés…