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Les élections législatives en Italie : les réseaux sociaux battent les médias traditionnels

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3 août 2018

Temps de lecture : 3 minutes
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Les élections législatives en Italie : les réseaux sociaux battent les médias traditionnels

Temps de lecture : 3 minutes

Red­if­fu­sion. Pre­mière dif­fu­sion le 19 mars 2018

Les sondages utilisés et « chouchoutés » par les médias traditionnels (Rai, La7, Corriere della Sera, Repubblica, La Stampa) au cours de la campagne électorale italienne de mars 2018, allaient tous dans le même sens : pousser les électeurs vers une « grande coalition » italienne entre le centre gauche (Renzi) et le centre droit (Berlusconi). Une coalition « à l’allemande ». Ce système a été clairement battu par le réseau social. In fine les partis anti système, la Lega de Matteo Salvini (18%) et le Mouvement 5 étoiles de Luigi Di Maio (32%) furent les vainqueurs.

Des sondages performatifs

Pen­dant des semaines les chiffres offi­ciels ont placé Forza Italia de Berlus­coni en tant que pre­mière force du cen­tre droit (entre 16–17%) et le Par­ti démoc­ra­tique Mat­teo Ren­zi de cen­tre gauche (entre 22 et 24%) en tant que force de résis­tance. Ces chiffres les désig­naient naturelle­ment comme deux « alliés » pour un futur gou­verne­ment — comme on dit en Ital­ie — « d’entente générale » (larghe intense). Mais sur les médias soci­aux, les Ital­iens avaient déjà exprimé leur préférence pour les deux mou­ve­ments pop­ulistes. Les prévi­sions offi­cielles se sont révélées totale­ment fauss­es puisque la Lega a dépassé large­ment le par­ti de Berlus­coni alors que le Par­ti démoc­rate est tombé pour la pre­mière fois dans l’his­toire de la gauche sous la barre des 20%.

Le trafic sur la toile meilleur indicateur que les sondages

La réal­ité a été mieux inter­prétée par le «traf­ic web » que par les sondages d’opin­ion publique. Si les ana­lystes et les jour­nal­istes avaient mieux regardé les pages web des can­di­dats, ils auraient cer­taine­ment mieux com­pris d’où souf­flait le vent de protes­ta­tion. Prenons quelques exem­ples. Le record de visu­al­i­sa­tion sur Inter­net fût établi par le rassem­ble­ment de Mat­teo Salvi­ni à Milan le 24 févri­er 2018, suivi par un mil­lion sept cent mille per­son­nes sur Face­book. La deux­ième place a été rem­portée par Lui­gi Di Maio: quand il a présen­té la liste des dix-sept min­istres can­di­dats, le direct sur les médias soci­aux a été suivi par plus d’un mil­lion et demi de personnes.

Alors que les jour­naux et les chaînes de télévi­sion qual­i­fi­aient le vote Salvi­ni ou Di Maio de «dan­ger pop­uliste», de «vote con­tre l’Eu­rope», de «saut dans le noir», les deux lead­ers ont util­isé le web pour par­ler directe­ment avec les électeurs. Tout comme Don­ald Trump l’avait fait aux États-Unis et les par­ti­sans du Brex­it au Roy­aume-Uni. Le résul­tat ? Une défaite totale du sys­tème médi­a­tique qui, loin de l’e­spoir de dia­bolis­er la Lega et les 5 étoiles, a plutôt fini d’am­pli­fi­er leurs propositions.

Les deux dirigeants, en plus de l’u­til­i­sa­tion directe du web et des cen­taines de réu­nions sur le ter­ri­toire, ont égale­ment été invités dans de nom­breuses émis­sions télévisées. Obtenant le meilleur de l’utilisation de cer­tains réseaux soci­aux, ils ont mul­ti­plié les partages, extrapolé le con­tenu vidéo des dif­fu­sions (util­isées comme matériel de pro­pa­gande, avec de bonnes coupures et des phras­es choc) , ils ont réus­si à mul­ti­pli­er l’ef­fet de vis­i­bil­ité. Le pre­mier com­men­taire du résul­tat de l’élec­tion par Mat­teo Salvi­ni était sur Face­book, « Un seul mot : Merci! ”

De notre cor­re­spon­dant à Rome.