Qui n’a pas lu L’Équipe au moins une fois dans sa vie ?
Le seul quotidien sportif en France qui résiste aux assauts des nombreux nouveaux concurrents (SoFoot, Pédale, etc.) et qui se dirige vers un avenir où le numérique sera prioritaire sur le papier.
Rolf Heinz, un patron ambitieux
À soixante ans, le Germano-Espagnol, natif d’Hambourg, a une carte de visite prestigieuse dans les médias. Parfaitement francophone (il a vécu 16 ans en France), dirigeant pendant 12 ans le groupe Prisma, il arrive en juin 2024 à la tête de L’Équipe.
En 2009, il prend la tête du groupe Prisma (propriétaire Bertelsmann). Prisma, c’est des régiments légers dans la presse féminine (Femme Actuelle, Gala, Voici), des régiments blindés dans la presse économique (Capital, Management), des régiments d’infanterie de marine dans la presse de voyage (Geo, National Geographic), quelques régiments d’artillerie dans la presse TV (Télé Loisirs, Télé 2 semaines) et bien d’autres, 22 titres au total. Plus de 1200 personnes en France (sans compter les pigistes), 300M de CA, 10% de bénéfice.
En 2021, Vivendi rachète Prisma : départ de Rudolf Heinz.
Le 1ᵉʳ juin 2024, il est nommé patron du groupe L’Équipe (le quotidien, la chaîne TV, France Football, Vélo magazine), il reporte directement à la famille actionnaire.
Plan de transformation numérique
Si le quotidien papier diffuse en moyenne 230 000 exemplaires par jour, l’ambition est de passer de 260 000 abonnés numériques à 500 000, ce qui impliquera automatiquement une chute des ventes papier. Pour cela la rédaction est entièrement réorganisée (source La Lettre) et « L’Équipe devient « un média numérique avec une édition print ». Une révolution pour la rédaction qui sera mobilisée sur trois éditions numériques par jour, les meilleurs articles étant publiés sur le papier le lendemain matin. Le tout avec une réaffectation des journalistes et sans plan de licenciement. Si Heinz réussit son pari en 2026, le quotidien rejoindra la longue série des médias (le NYT, Le Figaro, Le Monde) dont les revenus numériques dépassent ceux du papier. Une leçon pour bien des quotidiens de province en difficulté sur ce point comme pour d’autres périodiques confrontés à la même problématique : numériser ou périr.
Claude Lenormand














