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Accueil | Veille médias | Le petit article oublié qui confond Rebsamen…

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13 avril 2014

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Le petit article oublié qui confond Rebsamen…

Le petit article oublié qui confond Rebsamen…

Temps de lecture : 4 minutes

François Rebsamen, le nouveau ministre du Travail, se serait bien passé de ce petit article de la Bourgogne Républicaine daté du 9 août 1945 qui vient d’être exhumé par le site Enquête & Débat. On y voit en effet son père photographié en tenue d‘officier allemand ! Gênant pour quelqu’un qui a toujours affirmé que son père avait fui le nazisme…

« C’est une rumeur que fait courir la droite à Dijon depuis que j’y suis candidat »

« C’est une rumeur que fait courir la droite à Dijon depuis que j’y suis candidat »

Il a tou­jours qual­i­fié « cela » de rumeur. Cela ? Un père col­labo… Et en effet des rumeurs, il y en a eu dans l’après-guerre. En avril 2001, à peine élu à la mairie de Dijon, François Reb­samen, nom­mé il y a quelques jours min­istre du Tra­vail, de l’Emploi et du Dia­logue social dans le nou­veau gou­verne­ment Valls, accor­dait une inter­view à L’Express que l’on aurait presque pu qual­i­fi­er d’« inter­view vérité ». Reb­samen y con­fes­sait en effet son appar­te­nance passée à la Ligue com­mu­niste révo­lu­tion­naire et celle, présente, à la franc-maçon­ner­ie. Sauf qu’à la ques­tion : « Votre père a‑t-il été col­lab­o­ra­teur ? », il répondait ceci : « Non, c’est une rumeur que fait courir la droite à Dijon depuis que j’y suis can­di­dat. Il se trou­ve que mon père est orig­i­naire d’Alsace, de la région de Mul­house-Bâle, pré­cisé­ment. Pen­dant la sec­onde guerre mon­di­ale, mon père, pour ne pas être enrôlé dans l’armée alle­mande, a choisi de pren­dre la nation­al­ité suisse. C’est tout ».

C’est vrai­ment tout ? Hum hum. Selon le site Enquête & Débat, ce n’est pas exacte­ment pour fuir l’enrôlement for­cé que Reb­samen père aurait fui en Suisse mais plutôt… pour échap­per à un avis de recherche pour fait de col­lab­o­ra­tion ! Et la droite dijon­naise n’y est pour rien…

Le pre­mier à avoir soulevé le lièvre est Yves Bertrand, directeur des ren­seigne­ments généraux de 1992 à 2004, dis­paru en juin 2013. Dans ses « car­nets » qui ont fait trem­bler la République, pub­liés en par­tie par la presse et sai­sis en par­tie par la jus­tice, il notait en effet ceci : « Père Reb­samen serait un ex-agent de la Gestapo d’origine russe. Un Reb­samen russe s’installe à Dijon en 39 ‑pho­to de lui en uni­forme d’officier gestapo (…) »

Or, la pho­to existe en effet, elle a été pub­liée quelques jours après la Libéra­tion dans la Bour­gogne Répub­li­caine (ancêtre du Bien pub­lic) daté du 9 août 1945 en accom­pa­g­ne­ment d’un appel à témoin aujourd’hui exhumé par le site Enquête et Débat. En cette péri­ode d’épuration, les résis­tants util­i­saient en effet les jour­naux pour lancer des avis de recherche visant les col­la­bos, dont Éric Rebsamen.

Voici le texte de l’article : « Eric Reb­samen est né à Stuttgart le 9 jan­vi­er 1917 mais il est de nation­al­ité suisse. Inculpé d’atteinte à la sécu­rité extérieure de l’État, il est actuelle­ment en fuite. Arrivé à Dijon en novem­bre 1939, il a été inter­prète et chef d’atelier au garage Renault jusqu’en novem­bre 1943, date à laque­lle il part pour Paris. Il aurait rejoint la Suisse. Le voici pho­tographié en tenue d’officier alle­mand. Tous ren­seigne­ments utiles sur son activ­ité au cours de l’occupation peu­vent être adressés à M. Geof­froy de la Mothe, juge d’instruction. Cour de Jus­tice, cab­i­net n°5, Dijon »

Comme le souligne le site « Enquête et débat », la descrip­tion de ce Eric Reb­samen cor­re­spond bien à celle du père de François Reb­samen telle que pro­posée par exem­ple par la fiche Wikipé­dia du min­istre du Tra­vail qui est déclaré fils de « Erich Got­tfried Reb­samen, né à Stuttgart le 9 jan­vi­er 1917 et décédé à Dijon le 19 févri­er 1974 ». Le doute n’est donc plus possible.

Certes, per­son­ne n’est respon­s­able des agisse­ments de ses par­ents. Mais per­son­ne n’est non plus obligé de men­tir pour servir ses intérêts et sa car­rière politique.

Crédit pho­to : Par­ti social­iste via Flickr (cc)