C’est un cercle très fermé, qui ne s’était pas agrandi depuis 2013 et l’intégration de l’École de journalisme de Cannes, que rejoint le CY Cergy, celui des établissements de formation aux métiers du journalisme reconnus par la profession et donc censés représenter l’acmé de ces cursus universitaires.
Ils sont donc 15 aujourd’hui. Un nouvel arrivant qui, malgré les habituelles prétentions à la « diversité », ne devrait cependant pas chambouler l’uniformité idéologique de ce cénacle ni le consensus bien-pensant qui y règne.
La formation
Le CY Cergy Paris devient donc la 15e école de journalisme reconnue par la commission paritaire nationale de l’emploi des journalistes (CPNEJ).
Le diplôme de journalisme a été créé en 2012, sous l’impulsion de l’historien Jean-Claude Lescure, au sein de l’Université de Cergy-Pontoise, qui devient CY Cergy Paris en 2020 lors de sa fusion avec l’École internationale des sciences du traitement de l’information. C’est un master, en deux ans donc, comme la majorité des autres cursus reconnus. L’admission se fait à Bac+3 et chaque année, environ 8% des candidats sont sélectionnés.
Voulant répondre aux « nouveaux enjeux et évolutions de la profession », la formation consacre une part conséquente de ses enseignements au journalisme web (codage informatique, enquête en ligne, analyse de données, Maîtrise du Search Engine Optimization (SEO), Community Management…). Le cursus se veut également essentiellement « pratique », la première année est ainsi ponctuée par un stage de dix semaines et la seconde se fait en alternance (5 semaines en entreprise, 2 sur le campus).
Diversité affichée, conformisme imposé
De façon audacieuse et extrêmement originale, la direction de l’établissement affiche sa volonté d’apporter un « vent de fraîcheur dans le milieu du journalisme » en défendant « une plus grande représentativité socio-culturelle » et cherchant à former des « étudiants d’horizons différents ».
Une louable intention « diversitaire » qui ne semble pas vraiment se traduire dans le contenu idéologique proposé aux étudiants.
Ainsi, par exemple, si l’on se rend sur la page internet de la formation, on tombe sur un sulfureux et fort transgressif dossier sur « le féminisme à l’heure du numérique » ainsi que sur l’annonce de l’intervention de la journaliste Mémona Hintermann, connue notamment pour son appel au boycott, en 2019, de la chaîne d’information en continu LCI, coupable à ses yeux d’avoir diffusé en direct et dans son intégralité le discours d’Éric Zemmour lors de la Convention de la droite. Elle est par ailleurs membre du Comité d’orientation du Club XXIe siècle, une association dont l’objectif est la « promotion positive de la diversité et de l’égalité des chances ». Quant à Axel Boursier, le responsable de la formation, ses domaines de recherche sont notamment la « circulation des discours de haine dans l’espace public » et « Exil et Migration dans une approche communicationnelle ».
Pas de grande inquiétude donc à avoir donc quant à la capacité des élèves issus de cette formation à s’intégrer dans le paysage des médias conventionnels et centraux pour reproduire le discours « libéral-libertaire » autorisé si l’on veut faire carrière.
Xavier Eman
Notre brochure sur le formatage des écoles de journalisme est toujours disponible sur le site de la Nouvelle Librairie ou peut être reçue dédicacée avec un don de 50€ (qui ne coûte que 17€ avec reçu fiscal). Une bonne lecture qui permet également de nous soutenir.