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L’AFP en crise : un plan d’économies massif pour survivre

19 juin 2025

Temps de lecture : 3 minutes
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L’AFP en crise : un plan d’économies massif pour survivre

Temps de lecture : 3 minutes

L’Agence France-Presse, con­fron­tée à une chute de ses revenus et à la crise mon­di­ale des médias, annonce un pro­gramme d’économies de 12 à 14 mil­lions d’euros pour 2025–2026. Une déci­sion qui sus­cite l’inquiétude des syndicats.

Tempête financière

L’Agence France-Presse (AFP), l’une des trois grandes agences de presse mon­di­ales aux côtés de Reuters et Asso­ci­at­ed Press, tra­verse une tem­pête finan­cière. Le 13 juin 2025, son PDG, Fab­rice Fries, a dévoilé un plan d’économies ambitieux de 12 à 14 mil­lions d’euros sur 2025 et 2026, visant à con­tr­er une « dégra­da­tion durable » de ses per­spec­tives économiques. Cette annonce, faite via un mes­sage vidéo interne, reflète les défis majeurs aux­quels l’AFP est con­fron­tée dans un secteur médi­a­tique boulever­sé par les muta­tions numériques et l’essor de l’intelligence artificielle.

Des prévisions maussades pour l’AFP

Dès 2025, l’agence prévoit de dégager 2 mil­lions d’euros d’économies à court terme, avant une réduc­tion dras­tique de 10 à 12 mil­lions en 2026. Pour y par­venir, Fab­rice Fries insiste sur la néces­sité d’adapter l’organisation, les struc­tures et les modes de fonc­tion­nement, tout en préser­vant les investisse­ments stratégiques. Après sept années de crois­sance, les revenus com­mer­ci­aux de l’AFP devraient chuter de 8 mil­lions d’euros en 2025 par rap­port aux prévi­sions budgé­taires. Plusieurs fac­teurs expliquent ce recul : un cli­mat économique mon­di­al mar­qué par la peur d’une réces­sion, la perte de con­trats sous la pres­sion de gou­verne­ments pas en phase avec la ligne édi­to­ri­ale très mar­quée de l’agence, et une sous-esti­ma­tion de la capac­ité à moné­tis­er les con­tenus face aux géants de la tech.

Fin des contrats américains

Par­mi les coups durs, Fab­rice Fries a pointé l’arrêt du pro­gramme de fact-check­ing de Meta aux États-Unis, auquel l’AFP par­tic­i­pait, ain­si que la rup­ture bru­tale du con­trat avec Voice of Amer­i­ca, ciblée par l’administration Trump. Plus large­ment, la crise des médias tra­di­tion­nels, clients his­toriques de l’AFP, et les avancées rapi­des de l’IA frag­ilisent le mod­èle économique de l’agence. En 2024, l’AFP a affiché un chiffre d’affaires de 326,4 mil­lions d’euros, dont 118,9 mil­lions issus de sub­ven­tions publiques pour ses mis­sions d’intérêt général, et un mai­gre résul­tat net de 200 000 euros.

Peur sur l’emploi pour les syndicats

Face à ces annonces, l’intersyndicale (CGT, SNJ, SUD, FO, CFE-CGC) dénonce une « sit­u­a­tion très anx­iogène » et promet de se mobilis­er pour défendre l’emploi et la qual­ité du jour­nal­isme. Les syn­di­cats, qui red­outent un « rabougrisse­ment mor­tifère » de l’agence, prévoient de sen­si­bilis­er les par­lemen­taires et l’opinion publique. Des pre­mières pistes d’économies seront dis­cutées lors d’un con­seil d’administration, suiv­ies d’un comité social et économique le 11 juil­let 2025. Avec 2 600 col­lab­o­ra­teurs de 100 nation­al­ités et une pro­duc­tion en six langues, l’AFP reste un pili­er de l’information mon­di­ale, mais son statut par­ti­c­uli­er – ni entre­prise publique, ni à action­naires – la rend vul­nérable dans ce con­texte. Le per­son­nel de l’agence est aus­si forte­ment syn­diqué à l’extrême-gauche (voir infra).

Voir aus­si : Vote syn­di­cal à l’AFP, gauche et extrême gauche dominent

Ce plan d’austérité, bien que néces­saire selon la direc­tion, soulève des ques­tions sur l’avenir de l’AFP. Parvien­dra-t-elle à préserv­er son rôle de référence tout en s’adaptant aux boule­verse­ments du secteur ? Les prochains mois seront décisifs pour cette insti­tu­tion qui, à 80 ans, et devra se réin­ven­ter si elle veut perdurer.

Rodolphe  Cha­la­mel

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