Le mardi 17 juin 2025, France 2 diffusait en prime une émission qui répond à l’une des grandes questions que se pose une partie des chercheurs en sciences sociales : sommes-nous tous racistes ? Durant près de deux heures, les pseudo expériences se sont succédé afin de répondre à cette question.
La réponse est dans la question
L’émission se vantait de prouver scientifiquement que notre cerveau (celui des blancs) est pourri par une myriade de préjugés qui font de nous des « racistes » qui s’ignorent. Nous préférons ceux qui nous ressemblent aux autres. Les expériences réalisées proviennent quasiment toutes des États-Unis et, pour couronner le tout, elles sont décryptées par l’œil de Sylvain Delouvée, chercheur en psychologie sociale à Rennes 2. Parmi les expériences, citons celle qui provient de l’École nationale de la magistrature qui met en concurrence deux malfaiteurs ayant commis les mêmes délits face à deux panels test. L’un est de type caucasien, l’autre maghrébin. Naturellement, la conclusion que veut tirer cette expérience est que les gens condamnent plus lourdement le maghrébin. Remarquons au passage que les statistiques d’incarcération comprennent plus d’algériens que de normands, mais passons.
Message idéologique
Derrière cette vitrine scientifique se cache un message idéologique. Dans le trio d’animation nous retrouvons Lucien Jean-Baptiste, réalisateur et comédien. En quelle qualité s’exprime-t-il ? En tant que « comédien engagé », autrement dit, en tant que militant politique antiraciste. Durant toute l’émission il est le véritable commentateur, ponctuant chaque séquence « choc » de récits personnels censés accréditer l’idée que les Français sont racistes.
L’un des biais majeurs de la méthode employée dans l’émission est constitué par le panel de candidats. En majorité composé de personnes blanches, il est déséquilibré. Si nous prenons l’expérience numéro cinq dans laquelle des enfants doivent juger si c’est un enfant noir ou un blanc qui a volé le goûter d’un autre enfant, nous observons que les deux enfants noirs ayant eu à voter se sont exprimées contre la personne blanche. S’ils avaient été plus nombreux le résultat aurait-il été différent ? L’expérience numéro quatre est censée prouver que la police est plus encline à tirer sur des personnes noires. Les candidats doivent tirer sur les figurants avec les armes factices en épargnant ceux qui ont un téléphone..D’après le résultat, les personnes maghrébines ou noires sont davantage touchées. Or, là aussi le résultat n’est-il pas plutôt imputable à l’état de stress des participants qui tirent sans forcément prêter attention à qui tient quoi ?
Poupées de couleur
Une des expériences aboutit à démontrer le contraire de l’objectif de l’émission. On donne des poupées blanches ou noires à des petites filles européennes ou africaines. Deux petites africaines choisissent la poupée blanche. Conclusion de l’émission : les petites filles noires sont victimes de stéréotypes en s’identifiant à une poupée blanche. Si les petites filles blanches avaient choisi une poupée blanche, elles auraient démontré leur racisme congénital. Pile je gagne, face tu perds. Les faces de craie seront de toute façon condamnées d’avance.
Au final que prouve l’émission ? Que l’on se rassemble par affinités. Les noirs préfèrent s’asseoir à côté d’un noir, les blancs à côté d’un blanc, les jeunes à côté d’un jeune, les bretons à côté d’un breton etc. Beaucoup de bruit pour culpabiliser les blancs.
Voir aussi : Bardella sur le grill de France 2
Corentin Catel