Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Et les cloches se sont tues : la présentation de l’arrivée des migrants en Vendée par les médias (2)

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

31 juillet 2019

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Et les cloches se sont tues : la présentation de l’arrivée des migrants en Vendée par les médias (2)

Et les cloches se sont tues : la présentation de l’arrivée des migrants en Vendée par les médias (2)

Temps de lecture : 4 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 18/04/2019

A l’occasion de la sortie du documentaire d’Eric Dick, l’OJIM apporte quelques éléments de contexte sur les médias locaux et l’installation de migrants en Vendée.

L’installation de migrants en Vendée

Dans le doc­u­men­taire d’E. Dick, une per­son­ne inter­viewée affirme que pour mieux faire accepter l’immigration, les migrants sont dis­séminés par petits groupes sur le ter­ri­toire. Cette affir­ma­tion cor­re­spond effec­tive­ment à une nou­velle dis­po­si­tion lég­isla­tive : l’article 18 de la loi asile et immi­gra­tion prévoit une répar­ti­tion admin­istrée des deman­deurs d’asile sur le ter­ri­toire. Elle se véri­fie avec la carte des implan­ta­tions des cen­tres d’hébergement recen­sés par la CIMADE en Vendée :

Le Château d’Olonne (Cen­tre d’Accueil et d’Orientation, 60 places),  Le Château d’Olonne (Cen­tre d’Accueil Deman­deurs d’Asile, 90 places), La Roche sur Yon (CADA, 85 places), La Roche sur Yon (CAO, 60 places), La Roche sur Yon (Cen­tre Pro­vi­soire d’Hébergement, 60 places), Fonte­nay le Comte (CAO, 60 places),  Le Château d’Olonne (APSH (héberge­ment assuré par une asso­ci­a­tion), 50 places), Fonte­nay le Comte (APASH, 50 places), Fonte­nay le Comte (Héberge­ment d’Urgence des Deman­deurs d’Asile 60 places), La Roche sur Yon (HUDA, 107 places), Le Sable d’Olonne (CAO, 60 places), Fonte­nay le Comte (CAO, 60 places), La Roche sur Yon (Cen­tre pro­vi­soire d’hébergement, 60 places). Le doc­u­men­taire nous apprend par ailleurs que des loge­ments ont été attribués dans le départe­ment aux migrants venus de Calais en 2015 afin d’y dimin­uer la pres­sion migratoire.

Une image positive de l’immigration dans les médias locaux

Le quo­ti­di­en région­al Ouest France, dont le tirage reste impor­tant, exerce auprès de ses lecteurs une sorte de mag­istère moral dans plusieurs départe­ments de l’ouest de la France. Son ori­en­ta­tion « démoc­rate- chré­ti­enne », si ce mot a encore un sens, europhile et pro-migrants ne se dément pas. Plusieurs jour­naux locaux appar­tenant au groupe Pub­li­heb­dos  sub­sis­tent : le Cour­ri­er vendéen, le jour­nal du pays yon­nais et le Jour­nal des sables. Cer­taines infor­ma­tions pub­liées dans ces jour­naux sont disponibles sur le site Actu.fr.

Les récents arti­cles sur le phénomène migra­toire dans ces pub­li­ca­tions s’apparentent, comme nous l’avions relevé pour d’autres titres en mai 2018, à un « filet d’eau tiède », évi­tant toute réserve vis-à-vis de l’immigration, à l’exception du réc­it factuel d’un inci­dent dans un foy­er en début d’année. Nous en avons trou­vé quelques exem­ples dans la péri­ode récente :

L’année 2019 avait mal com­mencé : « un ving­taine d’individus a saccagé le foy­er pour mineurs étrangers à la Roche sur Yon ». nous apprend Actu.fr le 3 jan­vi­er. Les indi­vidus qui ont cassé du mobili­er et de la vais­selle et jeté de la nour­ri­t­ure, ce sont des mineurs étrangers qui protes­taient contre…le manque de var­iété et la qual­ité de leurs repas. Bien­v­enue au pays des droits individuels…

Le 27 jan­vi­er, le Préfet de Vendée est inter­viewé par Ouest France. Il se veut ras­sur­ant, « s’il y a eu pas mal d’arrivées ces derniers temps », « ça tend à s’atténuer ». Un con­stat que ne sem­blent pas partager plusieurs per­son­nes inter­viewées par Eric Dick et qui ne se traduisent pas dans les chiffres nationaux d’arrivées.

Nouvelle association et festival de cinéma

« Une nou­velle asso­ci­a­tion pour aider les migrants (s’est créée NDLR) » à la Roche sur Yon nous apprend Actu.fr le 5 mars. « Parce que l’union fait la force ».

Le 6 mars, c’est la pro­jec­tion du film « Libre » de Marc Toesca organ­isée à Fonte­nay le Comte par des étu­di­ants qui est présen­tée : « Un film et une marche en faveur des migrants », nous informe Ouest France.

Le 18 mars, Ouest France présente le thème du prochain print­emps du ciné­ma alle­mand : « les migra­tions ». Les élèves d’un lycée de la Fer­rière « ont par­ticipé au choix du thème » selon le quo­ti­di­en qui pub­lie une pho­to de groupe.

Ouest France inter­viewe le 20 mars une anci­enne exilée du 3ème Reich en Alle­magne, habi­tante de la Fer­rière, qui « voue désor­mais sa vie aux migrants ». « On porte un regard faussé sur les migrants » nous assène t‑elle.

Actu.fr relaie le 28 mars l’argument d’une agence d’intérim de la Roche sur Yon : « les migrants, une oppor­tu­nité pour le ter­ri­toire ». Pour le jour­nal des Entre­prises, la ques­tion est « les migrants prêts à sauver la Vendée des ten­sions de recrute­ment ? ». Les doutes sont lev­és à la lec­ture de l’article. Pas un mot par con­tre sur le sort des autochtones issus de ter­ri­toires rav­agés par le chômage.

Vous ne trou­verez pas dans les dif­férents arti­cles ce qui est relaté dans cer­tains témoignages du doc­u­men­taire d’Eric Dick : la vis­i­bil­ité crois­sante du com­mu­nau­tarisme musul­man dans cer­taines villes vendéennes, l’essor de la pra­tique de l’islam, la con­cur­rence sur le marché du tra­vail, etc. Les médias locaux nous offrent une présen­ta­tion lisse et sans aspérités. Si « Et les cloches se sont tues » rétablit un peu de con­tra­dic­toire en la matière, ce ne sera pas le moin­dre de ses mérites…