En nommant Sonia Mabrouk directrice de la collection Pensée libre, les Éditions Fayard, sous l’égide de Vincent Bolloré, confirment leur ancrage.
La journaliste, figure de CNews et Europe 1, promet des essais audacieux pour nourrir les débats contemporains.
Les Éditions Fayard, maison historique fondée en 1857, viennent de confier à Sonia Mabrouk, journaliste de 47 ans et figure emblématique de CNews et Europe 1, la direction d’une nouvelle collection intitulée Pensée libre. Annoncée le 11 juin 2025, cette nomination s’inscrit dans la stratégie de la maison d’édition, propriété du groupe Vivendi de Vincent Bolloré, de renforcer son positionnement autour de quelques figures phares. Les premiers titres, attendus à l’automne 2025, promettent des « essais percutants » destinés à « nourrir les débats de notre temps » selon le communiqué de l’éditeur.
Un recrutement interne
Sonia Mabrouk n’est pas une inconnue chez Fayard. En septembre 2023, elle y publiait son roman Et si demain tout s’inversait, une dystopie audacieuse imaginant une Europe en proie à la violence et au « brouillage des identités », où des milliers de réfugiés fuient depuis les côtes méditerranéennes. Ce récit, qui inverse le paradigme des croisades, reflète les thématiques chères à la journaliste : la défense de l’identité occidentale, la critique de la permissivité morale et une certaine forme d’inquiétude quant aux évolutions sociétales. Ce premier pas dans l’édition littéraire semble avoir convaincu le PDG de Fayard, Lise Boëll, de lui confier les rênes de cette nouvelle collection.
Une collection au service d’une « pensée forte »
Pensée libre ambitionne de devenir une tribune pour des « personnalités qui osent interroger, provoquer et éclairer les enjeux politiques, sociaux et culturels contemporains », précise Fayard. Lise Boëll, nommée à la tête de la maison en juin 2024, loue « l’indépendance, la rigueur et la hauteur de vue » de Sonia Mabrouk, qu’elle juge idéale pour porter ce projet. Cette initiative s’inscrit dans la lignée des choix éditoriaux récents de Fayard, qui a accueilli des figures comme Jordan Bardella, président du Rassemblement national, Philippe de Villiers, Éric Ciotti ou encore l’essayiste Alain de Benoist. Autant de noms qui illustrent l’ancrage à droite de la maison sous l’ère Bolloré.
Cette nomination marque une étape supplémentaire dans le parcours de Sonia Mabrouk, après son implication dans le conseil pédagogique de l’ESJ, une école de journalisme rachetée, en parti, par la Compagnie de l’Odet du groupe Bolloré.
À gauche, cette nomination n’est pas sans inquiéter des médias comme Les Inrocks qui craignent « une ligne éditoriale de plus en plus réactionnaire ».
Sonia Mabrouk, elle, revendique une ambition : « Face au prêt-à-penser, nous choisissons la liberté de penser. Face à la peur de déplaire, nous revendiquons le courage d’exprimer ». Des mots qui résonnent avec son style médiatique, où elle n’hésite pas à bousculer les conventions.
À l’automne 2025, les premiers ouvrages de Pensée libre seront donc scrutés avec attention, tant par les soutiens que par les critiques de cette nouvelle orientation. Une chose est sûre : en nommant Sonia Mabrouk à la tête de la collection, Fayard joue à contre-courant en choisissant de miser sur une « vedette » de la galaxie CNews pour un secteur du livre souvent considérer comme en déclin.