Ojim.fr

Je fais un don

En soutenant aujourd’hui l’OJIM, vous nous aidez à vous informer sur ceux qui vous informent et vous maintenez un espace de liberté sur la toile. Vous avez besoin de l'OJIM ? Nous avons besoin de votre soutien ! Ensemble "on les aura !"

Je fais un don

En soutenant aujourd’hui l’OJIM, vous nous aidez à vous informer sur ceux qui vous informent et vous maintenez un espace de liberté sur la toile. Vous avez besoin de l'OJIM ? Nous avons besoin de votre soutien ! Ensemble "on les aura !"

Condamnation de Nicolas Sarkozy : qu’en dire ?

3 octobre 2025

Temps de lecture : 5 minutes
Accueil | Veille médias | Condamnation de Nicolas Sarkozy : qu’en dire ?

Condamnation de Nicolas Sarkozy : qu’en dire ?

Temps de lecture : 5 minutes

Condamnation de Nicolas Sarkozy : qu’en dire ?

Avec la con­damna­tion de Nico­las Sarkozy à cinq ans de prison avec exé­cu­tion pro­vi­soire pour asso­ci­a­tion de mal­fai­teurs, les médias sem­blent gênés aux entour­nures. Les tri­bunes et arti­cles au vit­ri­ol cèdent la place à des arti­cles plus mesurés. La peine est forte, le per­son­nage impor­tant, et le pub­lic plus divisé qu’à l’habitude.

Nicolas Sarkozy, un personnage moins clivant que d’habitude

Face à la con­damna­tion de Nico­las Sarkozy à cinq ans de prison avec effet immé­di­at, les dif­férents titres de presse français sem­blent quelque peu inter­loqués. Peut-être est-ce le car­ac­tère inédit, unique, de cette con­damna­tion, qui envoie pour la pre­mière fois un prési­dent de la République der­rière les bar­reaux. Quoi qu’il en soit, la plu­part des arti­cles rela­tant la déci­sion ne présen­tent Nico­las Sarkozy, ni comme la vic­time de juges par­ti­aux, ni comme un crim­inel qui, enfin, est puni. Il s’agit d’un ancien prési­dent de la République, qui a ses fidèles incon­di­tion­nels, notam­ment dans Les Répub­li­cains, ses opposants acharnés, à droite comme à gauche, mais surtout de nom­breux Français qui, les années passées, ont à peu près oublié son bilan. Ils savent seule­ment qu’il a occupé l’Élysée, et qu’à ce titre, il a droit à un min­i­mum d’estime. Met­tre en prison un chef d’État n’a rien d’habituel, il n’y a que deux précé­dents en France : Louis XVI et Philippe Pétain.

Du côté politique, silence radio

Les médias ne peu­vent même pas compter sur les per­son­nal­ités poli­tiques divers­es pour tenir le cra­choir dans l’un ou l’autre camp. Emmanuel Macron et son entourage, qui gar­dent, selon Le Figaro « un silence gêné ». Dès lors, les médias sont bien ennuyés pour savoir com­ment se posi­tion­ner… Et ne le font donc pas. Ils ne suiv­ront ni la gauche, qui se « fait bruyam­ment con­naître sa sat­is­fac­tion », ni la droite, qui, où un séna­teur se trou­ve « encore estom­aqué » et « bal­bu­tie ». Le Figaro se fait même grinçant à l’égard de cer­taines per­son­nal­ités de droite, comme Hen­ri Guaino ou Stéphane Le Ruduli­er, qui deman­dent à Emmanuel Macron d’accorder une grâce prési­den­tielle. « Tant pis si la grâce prési­den­tielle, prévue par l’article 17 de la Con­sti­tu­tion, ne peut s’appliquer qu’en cas de con­damna­tion défini­tive et exé­cu­toire, autrement dit après que toutes les voies de recours ont été épuisées, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », pré­cise l’article.

Défendre Nicolas Sarkozy : ceux qui s’y risquent

Cer­tains jour­nal­istes se risquent néan­moins à une défense de Nico­las Sarkozy. Arthur Cheva­lier, chroniqueur au Point, est de cela. Selon lui, Nico­las Sarkozy « avait su remod­el­er l’incarnation du pou­voir ultime. » Il est « le dernier prési­dent élu de la droite répub­li­caine » et donc « un mod­èle par nature. Pas un idéal, mais la démon­stra­tion d’une réus­site dont on étudie la for­mule pour la reproduire ».

Le service public vole au secours des juges

En par­al­lèle, alors que cer­tains mag­is­trats reçoivent des men­aces par­fois graves pour avoir par­ticipé à la con­damna­tion de Nico­las Sarkozy, Fran­ce­in­fo tente de réha­biliter le juge­ment qui con­naît cer­taines failles. Le ser­vice pub­lic con­sacre ain­si un arti­cle au doc­u­ment pro­duit par Médi­a­part en 2012, qui a ini­tié l’ensemble de l’affaire du finance­ment libyen. Les défenseurs de Nico­las Sarkozy martèle que ce doc­u­ment est un faux, et Fran­ce­in­fo déclare « ce n’est pas ce que dit le jugement ».

« Con­traire­ment à ce qu’affirment cer­tains sou­tiens de Nico­las Sarkozy depuis sa con­damna­tion jeu­di 25 sep­tem­bre, le tri­bunal n’a pas recon­nu que ce doc­u­ment était un faux. Dans son juge­ment, il est écrit qu’au regard des enquêtes déjà menées, il “appa­raît prob­a­ble­ment que cette note est un faux’. Une nuance impor­tante : la jus­tice évoque une prob­a­bil­ité, pas une certitude. »

Fran­ce­in­fo sem­ble penser avoir cloué le bec des défenseurs de Nico­las Sarkozy, ce qui paraît franche­ment exagéré.

Présomption d’innocence ?

Quoi qu’il ne soit pas ici ques­tion de défendre un prési­dent donc le bilan n’a pas grand-chose de glo­rieux, con­damn­er un homme sur la base d’un doc­u­ment « prob­a­ble­ment faux » sem­ble en curieux désac­cord avec la pré­somp­tion d’innocence. Le doc­u­ment faisant état de preuve étant prob­a­ble­ment un faux, il ne saurait prou­ver la cul­pa­bil­ité. Fran­ce­in­fo ajoute que Nico­las Sarkozy, mal­gré trois ten­ta­tives, n’a pas pu gag­n­er un procès con­tre Médi­a­part qu’il accu­sait d’avoir pro­duit un faux. Cela peut prou­ver que le doc­u­ment est vrai.

Cela peut aus­si prou­ver qu’il s’agit d’un faux par­ti­c­ulière­ment bien réal­isé, ou que l’enquête n’a pas fait de zèle. Fran­ce­in­fo décrit par la suite l’enquête menée sur ce doc­u­ment, pour con­clure que le doc­u­ment n’était pas un faux, et que « la jus­tice a été claire là-dessus (sic) et a totale­ment blanchi le site d’investigation (sic) en ligne, un gros men­songe, le nez de Pinoc­chio de la radio a dû s’allonger. » L’article est cepen­dant obligé de recon­naître que « ce doc­u­ment était trop frag­ile pour con­stituer une preuve ». Ici France I

À gauche, crucifixion des « flagorneurs » de Nicolas Sarkozy

Enfin, les médias les plus con­formistes du spec­tre médi­a­tique, tels le Huff­in­g­ton Post, se penchent sur la défense la plus vis­i­ble de Nico­las Sarkozy. Il s’agit du choix sur­prenant de Chris­t­ian Estrosi, maire de Nice, de nom­mer le futur parvis de l’hôtel des polices munic­i­pales et nationales en l’honneur de Nico­las Sarkozy, qu’il estime autant qu’un « frère ». Pour le Huff­in­g­ton Post, il s’agit d’une « flagorner­ie ultime », qui note que « on peut être (sévère­ment) puni par la jus­tice mais avoir quand même droit à des cadeaux. » Quel que soit par ailleurs la qual­ité du bilan de Nico­las Sarkozy, y com­pris en matière de sécu­rité intérieure, on pour­rait sig­naler que cer­taines com­munes pos­sè­dent des stades Lénine ou des boule­vards de l’Union sovié­tique, et que les médias de gauche n’y voient pas offense.

Adélaïde Motte

Cet article vous a plu ? Vous souhaitez en lire d’autres ? Soutenez l’OJIM, faites un don en ligne !

Mots-clefs :

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés