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Censure : la page facebook des « Bobards d’or » rendue inaccessible en France

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20 décembre 2015

Temps de lecture : 3 minutes
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Censure : la page facebook des « Bobards d’or » rendue inaccessible en France

Temps de lecture : 3 minutes

L’état d’urgence a bon dos et permet – au-delà de la légitime lutte contre les partisans de l’état islamique – d’atteindre tout ce qui pourrait être considéré comme « politiquement incorrect ».

La cen­sure de la page Face­book d’un site par­o­dique est révéla­trice. Les « Bobards d’or », créés par Jean-Yves Le Gal­lou, remet­tent chaque année de fauss­es dis­tinc­tions « au jour­nal­iste le plus servile » ou « à la plus belle dés­in­for­ma­tion ».

Leur page Face­book avait mis en ligne le 14 novem­bre la fameuse pho­to du mas­sacre du Bat­a­clan que le gou­verne­ment ne voulait absol­u­ment pas que les Français voient, pho­to où l’on voy­ait la « fos­se » de la salle de con­cert jonchée de cadavres et mac­ulée de sang. Cette pho­to a fait l’objet d’une demande de retrait du min­istère de l’Intérieur pour « atteinte grave à la dig­nité humaine » et « atteinte au secret de l’enquête » (sic), demande de retrait trans­mise aux réseaux Face­book et Twit­ter. Le 18 novem­bre, et sans expli­ca­tions aucune, le post con­cerné a été sup­primé, et la page elle-même a été ren­due inac­ces­si­ble depuis la France unique­ment. On pour­rait à la lim­ite com­pren­dre – même si cela est dis­cutable – que le post soit cen­suré mais que la page elle-même dis­paraisse dans le même temps sig­nale l’empreinte d’une dérive total­i­taire dont le pre­mier min­istre donne par­fois des signes inquié­tants. Une requête auprès de Face­book est en out­re restée sans réponse.

Cette affaire autour d’une pho­to évoque un autre cliché : celui du corps du petit syrien échoué sur les cotes turques. On s’en sou­vient, loin d’être cachée, cette image avait été servie jusqu’à la nausée par tous les médias européens. Comme le dis­ait alors l’écrivain Slo­bo­dan Despot que nous citions dans un arti­cle du 7 sep­tem­bre dernier : « les européens… ne sont pas des citoyens qu’on veut con­va­in­cre mais des chiens qu’on veut dress­er ».

Ajou­tons pour faire bonne mesure que le directeur général de Face­book France, Lau­rent Sol­ly, un ancien préfet, est l’ancien directeur-adjoint de la cam­pagne de Nico­las Sarkozy en 2007, lequel déclarait à l’époque : « la réal­ité n’a aucune impor­tance, il n’y a que la per­cep­tion qui compte » (cité par Yas­mi­na Reza dans L’Aube le soir ou la nuit) ».

On ne saurait mieux dire.