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Procès Meta : Instagram et WhatsApp, un démantèlement historique en jeu ?

2 mai 2025

Temps de lecture : 3 minutes
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Procès Meta : Instagram et WhatsApp, un démantèlement historique en jeu ?

Temps de lecture : 3 minutes

La Fed­er­al Trade Com­mis­sion (FTC) attaque Meta en jus­tice, accu­sant le géant d’avoir racheté Insta­gram et What­sApp pour écras­er la con­cur­rence. Ce procès, ouvert le 14 avril 2025 à Wash­ing­ton, pour­rait boule­vers­er l’empire de Mark Zucker­berg.

Pratiques anticoncurrentielles

Le 14 avril 2025, un procès reten­tis­sant s’est ouvert à Wash­ing­ton, opposant la Fed­er­al Trade Com­mis­sion (FTC) à Meta, accusé de pra­tiques anti­con­cur­ren­tielles via ses acqui­si­tions des appli­ca­tions Insta­gram (2012, 1 mil­liard de dol­lars) et de What­sApp (2014, 19 mil­liards). Ce face-à-face judi­ci­aire, présidé par le juge James Boas­berg, pour­rait redessin­er le paysage des réseaux soci­aux en forçant Meta à céder ces deux plate­formes phares. Les enjeux sont colos­saux : au-delà de Meta, c’est la régu­la­tion des géants tech­nologiques qui est en question.

Meta joue à « marche ou crève »

La FTC reproche à Meta, anci­en­nement Face­book, d’avoir adop­té une stratégie dite de « buy or bury » (acheter ou écras­er) pour main­tenir son mono­pole sur les « réseaux soci­aux per­son­nels », un marché cen­tré sur les inter­ac­tions avec proches et amis. Selon l’agence, les rachats d’Instagram et What­sApp visaient à neu­tralis­er des con­cur­rents émer­gents plutôt que de rivalis­er par l’innovation. Des e‑mails internes de Mark Zucker­berg, dévoilés dès l’ouverture, ren­for­cent cette thèse. En 2012, il écrivait ain­si : « L’impact poten­tiel d’Instagram est vrai­ment effrayant, c’est pourquoi nous devri­ons envis­ager de pay­er beau­coup d’argent. » Ces mots, qual­i­fiés de « preuve acca­blante » par la FTC, pour­raient sug­gér­er une volon­té de con­trôler le marché mais égale­ment plus sim­ple­ment d’acquérir un fleu­ron des réseaux sociaux.

Meta, de son côté, rejette ces accu­sa­tions. Mark Zucker­berg, pre­mier témoin à la barre, a défendu des acqui­si­tions béné­fiques pour les con­som­ma­teurs, arguant qu’Instagram (2 mil­liards d’utilisateurs aujourd’hui) et What­sApp n’auraient pas atteint une telle enver­gure sans les investisse­ments mas­sifs de Meta. « Des acqui­si­tions pour faire grandir et amélior­er n’ont jamais été illé­gales », a plaidé l’avocat de Meta, Mark Hansen, soulig­nant la com­péti­tiv­ité du marché face à Tik­Tok, YouTube ou X.

Un débat juridique autour de la nature du marché des réseaux sociaux et messageries

Un point clé du procès repose sur la déf­i­ni­tion du marché. La FTC sou­tient que Meta domine un secteur spé­ci­fique, exclu­ant Tik­Tok ou YouTube, jugés plus ori­en­tés vers le diver­tisse­ment. Meta con­teste cette vision, affir­mant que les fron­tières entre réseaux soci­aux, mes­sagerie et diver­tisse­ment sont floues. Cette bataille séman­tique et par exten­sion juridique devrait déter­min­er l’issue du verdict.

Le con­texte poli­tique ajoute une couche de com­plex­ité. Bien que la plainte ait été déposée sous l’administration Trump en 2020, Mark Zucker­berg a ten­té de se rap­procher du prési­dent réélu, via des dons et des nom­i­na­tions stratégiques mais égale­ment en met­tant fin au très ori­en­té (à gauche) « fact-check­ing. Cepen­dant, Andrew Fer­gu­son, nou­veau prési­dent de la FTC nom­mé par Don­ald Trump, sem­ble déter­miné à pour­suiv­re l’affaire, écar­tant un règle­ment à l’amiable.

Si la FTC l’emporte, Meta pour­rait être con­traint de céder Insta­gram et/ou What­sApp, un précé­dent his­torique qui ébran­lerait la Sil­i­con Val­ley. Mais la tâche est ardue : le juge Boas­berg a aver­ti que la FTC devra sur­mon­ter des « ques­tions dif­fi­ciles » pour prou­ver un préju­dice aux con­som­ma­teurs. Ce procès, prévu pour dur­er huit semaines, s’inscrit dans une vague d’actions antitrust con­tre Google, Apple et Ama­zon, mar­quant une ère de régu­la­tion accrue des géants technologiques.

Rodolphe Cha­la­mel

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