Chahutée par des erreurs à l’antenne et une charge publique de la CGT de France Télévi­sions, Léa Salamé tra­verse une ren­trée sous pres­sion au « 20 heures » de France 2. Les audi­ences oscil­lent autour de 3,7–3,9 mil­lions, loin de TF1. La direc­tion défend sa présen­ta­trice, mais le doute s’installe.

Lancement en fanfare

Le con­stat est sim­ple : un lance­ment très médi­atisé, une séquence d’erreurs édi­to­ri­ales qui enflamme les réseaux et une inter­syn­di­cale qui par­le désor­mais de « navire ami­ral » en train de couler. Pen­dant que TF1 garde plus d’un mil­lion d’avance, France 2 parie sur une sta­bil­i­sa­tion pro­gres­sive mais pour­rait bien avoir misé sur la mau­vaise jument.

Voir aus­si : Léa Salamé, portrait

Bourdes en plateau et mea culpa

Le 13 octo­bre, France 2 con­fond dans ses JT de 13 h puis de 20 h les cir­con­stances entourant les morts de Dominique Bernard et Samuel Paty. Léa Salamé reprend l’erreur déjà com­mise à midi, avant de présen­ter des excus­es publiques et un rec­ti­fi­catif. Sans sur­prise, la répéti­tion choque et ali­mente l’idée d’une perte de rigueur pour une présen­ta­trice qui enchaîne les couacs depuis son arrivée au JT de France 2. Déjà au cours de précé­dentes édi­tions, la vedette du ser­vice pub­lic s’était trompée d’un an pour la sor­tie d’un film pour lequel elle rece­vait l’actrice Mar­i­on Cotil­lard avant qu’elle enchaîne sur une ques­tion digne d’un mag­a­zine peo­ple sur la vie privée de cette dernière.

Au ray­on des boulettes, on relèvera aus­si la con­fu­sion en direct entre Hen­ri Guaino et Claude Guéant…

🔴 𝗔𝗟𝗘𝗥𝗧𝗘 𝗜𝗡𝗙𝗢 •#France2 • « Le 20h est en train de couler »…

Les bour­des et ques­tions édi­to­ri­ales de Léa Salamé aga­cent forte­ment des syn­di­cats salariés de France Télévisions. 

Depuis la ren­trée, la présen­ta­trice de Quelle Époque est sous le feu des cri­tiques… pic.twitter.com/hGdTIFVIkC

— Con­text (@ContextOfficiel) Octo­ber 16, 2025

La CGT de France Télévi­sions s’engouffre dans la brèche. Dans un com­mu­niqué au vit­ri­ol, le syn­di­cat dénonce « la même erreur, deux fois » con­cer­nant la con­fu­sion entre Dominique Bernard et Samuel Paty et fustige « la fail­lite d’un sys­tème » à l’antenne de France 2, deman­dant un change­ment de direc­tion. La sévérité du texte mon­tre que le malaise dépasse la seule présen­ta­trice, mais le fait que celle-ci soit la con­jointe de Raphaël Glucks­mann, député européen, prési­dent de Place publique et proche des social­istes, con­tribue prob­a­ble­ment à entretenir une cer­taine ani­mosité du côté de la CGT, réputée plus gauchère que le PS !

Audiences : entre frémissements et plafond de verre

Côté chiffres, le « 20 heures » de France 2 reste sous la barre sym­bol­ique des 4 mil­lions sur la plu­part des soirs. Cer­taines édi­tions prof­i­tent d’effets de grille comme avec l’entretien avec le Pre­mier min­istre Sébastien Lecor­nu qui a per­mis de dépass­er 4,7 mil­lions le 8 octo­bre pour ses annonces, mais la ten­dance demeure inférieure à TF1, qui garde une avance sta­ble et confortable.

La com­para­i­son avec 2024 n’est pas écras­ante mais elle ne tourne pas à l’avantage de la nou­velle tit­u­laire : la Deux stagne autour de 3,8–3,9 mil­lions quand TF1 cara­cole au-delà de 5 mil­lions. Sur la durée, la greffe Salamé n’a pas encore démon­tré de gain pour la chaîne publique.

Réflexe corporatiste et avenir incertain pour Léa Salamé

Del­phine Ernotte, prise à par­tie par FO pour sa ges­tion budgé­taire, affiche un sou­tien sans équiv­oque, salu­ant avec insis­tance un « jour­nal de très très grande qual­ité ». Des proches de la chaîne, ani­ma­teurs com­pris, pren­nent aus­si sa défense dans une par­ti­tion résol­u­ment cor­po­ratiste. Cette com­mu­ni­ca­tion pro­tège pour l’heure la prin­ci­pale intéressée, mais celle-ci pour­rait ne pas être épargnée dans les mois qui viennent.

Le cas Glucksmann

La sol­i­dar­ité de la pro­fes­sion pour­rait avoir des lim­ites et ses sou­tiens comme la con­jonc­ture poli­tique pour­raient aus­si peser sur son avenir. En effet, son con­joint Raphaël Glucks­mann, tête de liste pour les Social­istes lors des élec­tions européennes de 2024 pose un prob­lème évi­dent d’objectivité, tant celui-ci est farouche­ment hos­tile au RN et aux Insoumis. En cas de dis­so­lu­tion et d’éviction des Insoumis par le bloc de gauche, com­ment sera traitée l’information par Léa Salamé ? Si Raphaël Glucks­mann se lance offi­cielle­ment dans une pri­maire en vue de la prési­den­tielle de 2027, que fera la présentatrice ?

Autant de ques­tions sans répons­es qui ne prê­tent pas à la sérénité pour une présen­ta­trice qui se trou­ve déjà dans le creux de la vague.

Voir aus­si : Raphaël Glucks­mann, portrait

Rodolphe Cha­la­mel