Ouest-France, c’est une famille, ou plutôt deux familles, les Hutin et les Desgrées du Loû qui se partagent l’empire Sipa-Ouest-France (voir notre infographie en fin d’article). Les familles riches ont des « family offices », des sociétés dédiées qui gèrent les liquidités et les placements de la famille. SofiOuest, le family office breton, est dans la panade et entraîne le groupe dans le rouge vif.
Les malheurs de Sofi
SofiOuest investit pour la famille, et donc pour le groupe, tant les intérêts sont mêlés, dans l’immobilier, les valeurs technologiques, l’industrie. Des investissements bien malheureux puisqu’avec ses pertes le groupe dans son ensemble double son déficit qui passe de 15 M€ à 30 M€ en 2024, largement à la suite de placements malheureux.
Les 25 M€ de pertes de SofiOuest ont coûté son poste à Patrice Hutin qui a démissionné en juin 2025 après 8 ans d’activité comme directeur général. Ses investissements (source La Lettre) dans les logiciels destinés aux jeunes entreprises se sont révélés hasardeux et le Crédit Mutuel, actionnaire minoritaire, a manifesté son mécontentement.
Voir aussi : François-Régis Hutin, portrait
Ouest-France résiste
Le navire amiral est stable dans la tempête, le journal reste le premier quotidien régional français entre les ventes au numéro (50 000), les abonnements (167 000) et le numérique qui progresse de 10%. Les investissements passés plombent le résultat qui reste en rouge.
Novo 19 en danger
Ces résultats médiocres tombent au plus mauvais moment, celui du lancement de Novo 19, le canal TNT aimablement accordé par l’ARCOM qui a vu avec faveur disparaître C8, trop mal noté politiquement. Il faut trouver un strict minimum de 60 M€ pour les premières années d’exploitation, et encore avec un objectif d’audience ultrambitieux de 2.5% qui paraît bien optimiste.
Le groupe Pinault, propriétaire du Point et voisin breton, a été sollicité pour rentrer au capital mais sa pépite Gucci est mal en point et il se laisse tirer l’oreille. On parle d’un fabricant de montres de Rennes pour investir ; ce sont surtout les filiales déficitaires comme les éditions qui doivent s’attendre à un tour de vis pour donner un peu d’air financier à la télévision. Avec un risque de nouvelles pertes à venir pour les Hutin et les Desgrées du Loû.
Voir aussi : Ouest-France, infographie
Claude Lenormand
















