L’indépendance ? Un mot qu’aiment employer nos dirigeants à toutes les sauces, qu’il s’agisse de l’indépendance de la presse, de la justice ou des médias. Cependant nos lecteurs savent à quoi s’en tenir, et ce ne sont pas les aveux récents de YouTube qui les feront changer d’avis.
Alphabet : vers plus de liberté sur YouTube ?
C’est dans un courrier daté du 23 septembre 2025 qu’Alphabet, la maison mère de YouTube, annonce que des créateurs de contenu bannis de la plateforme pour du contenu en lien avec le COVID 19 ou les élections américaines de 2020 verront leur chaîne rétablie.
Les raisons de ce retour sont floues. Par la voix de son avocat, la plateforme a indiqué suivre son engagement en faveur de la liberté d’expression en soulignant que les politiques de lutte contre la désinformation, qui avaient justifié ces bannissements, ne sont aujourd’hui plus en vigueur. Derrière ces motifs juridiques se situent aussi des raisons politiques. Il y a quelque temps Meta avait admis avoir reçu des pressions de l’administration Biden dans la modération de son contenu ; c’est désormais au tour de YouTube de passer aux aveux. Dans une lettre envoyée au républicain Jim Jordan, l’avocat de la plateforme note : « Ces personnes [celles qui ont fait pression en faveur de la censure], dont le président Joe Biden, ont créé une atmosphère qui cherchait à influencer les actions des plateformes en ligne ». Cet activisme s’est particulièrement illustré durant la pandémie.
Dans la même lettre, YouTube défend la place des vidéastes conservateurs, soulignant que « ces créateurs ont une large audience et jouent un rôle important dans le débat public ». Une prise de position qui change nos habitudes.
L’Europe ? Non concernée !
Et l’Europe alors ? Les mêmes politiques de lutte contre la désinformation ont aussi fait des ravages dans les rangs des youtubeurs européens. Interrogé par Le Figaro, YouTube cible le Digital Service Act (DSA). Qui interdirait la liberté relative dont vont profiter les Américains. Selon la plateforme cet accord pourrait être un risque pour la liberté d’expression en ligne en Europe et ailleurs. Rappelons qu’un certain nombre d’organisations enjoignent à l’administration Trump de faire pression sur l’Union européenne afin que le DSA soit rendu caduc.
Voir aussi : Digital Services Act : l’UE veut imposer ses normes et sa vision du monde à sens unique
Est-ce pour s’attirer les bonnes grâces de l’administration Trump que YouTube fait ces aveux et permet le retour de certains vidéastes ? Rien ne permet de le savoir. Mais le soutien de cette administration dans la lutte contre les censures ne Europe du DSA serait précieux pour les plateformes en ligne.
Ces aveux nous incitent à creuser davantage les liens étroits qui unissent les politiques et tout un pan du journalisme. Un état de fait qu’a récemment illustré l’affaire Thomas Legrand parmi bien d’autres…
Voir aussi : Réactions en chaîne, le service public audiovisuel sous pression
Corentin Catel


















