Le sondage de l’Ifop sur le « rapport à l’islam et à l’islamisme des musulmans de France », publié le 18 novembre dernier et commandé par la revue Écran de Veille (éditée par Global Watch Analysis), met en lumière un profond schisme dans le monde politico-médiatique français, qui dépasse sans doute les responsables de ce média.
Pris de court par une salve de critiques, émanant notamment des hommes politiques (LFI) et des médias classés à gauche (Le Monde, Mediapart), et aussi des sites algériens, qui l’accusent de servir de relai d’officines arabes, émiraties notamment, la revue mensuelle Écran de Veille, dirigée par le journaliste algérien Atmane Tazaghart, se défend de toute accointance avec des parties occultes, et décide de passer à l’offensive.
LFI s’empare du débat
Peu connu dans le paysage médiatique, Écran de Veille parait dans une version papier, mais des articles d’information et d’analyses du même collectif sont mis en ligne dans le site Global Watch Analysis.
Dès le 20 novembre, la journaliste Nora Bussigny, membre du collectif d’Écran de Veille, annonçait déposer plainte contre le député LFI Paul Vannier, qu’elle accusait de l’avoir attaquée publiquement sur les réseaux sociaux en la présentant comme porteuse d’un « agenda islamophobe » lié au sondage.
Le parti de Jean-Luc Mélenchon s’était emparé de cette polémique dans un contexte où ses dirigeants étaient interpellés sur leur proximité avec la communauté musulmane de France.
Le 22 novembre, la rédaction du mensuel rend public son premier communiqué sur cette polémique. Signé par son fondateur et directeur de la publication, Atmane Tazaghart, et sa rédactrice en chef, Martine Gozlan, le communiqué annonce plusieurs mesures de sécurité. Ainsi, on apprend que des consignes ont été données à tous les membres de la rédaction de ne plus se rendre dans les locaux de la revue. Aussi, le télétravail est désormais obligatoire « en attendant le transfert vers des locaux provisoires et anonymisés ».
Entre défense et contre-attaque
Dans le même sillage, Atmane Tazaghart réagit aux accusations de liens avec le régime émirati dans une déclaration au Figaro. Pour lever toute équivoque, il affirme que son mensuel « a entretenu un partenariat éditorial ponctuel, aujourd’hui dissous, avec une société britannique soupçonnée d’être un relais d’influence d’Abou Dabi, le CRP (Center for Research and Public Affairs) ». Il ajoute : « C’était écrit en toute transparence dans l’ours de notre revue. Nous avons mis fin à ce partenariat en 2023, mais on continue à nous faire ce procès ! »
Dans un entretien accordé à l’AFP, Atmane Tazaghart se défend de toute connivence avec Abu Dhabi : « Nous n’avons rien à nous reprocher », a‑t-il asséné. Il jure avoir financé l’étude avec les revenus de la revue.
Le journaliste estime que « la logique voudrait que ce soit les accusateurs de notre revue qui apportent les preuves de l’existence d’un financement ou d’une ingérence étrangers ». Et d’enchaîner :
« Or, tous les médias et les députés qui nous accusent exigent que ce soit à nous et l’Ifop d’apporter les preuves qu’il n’y a pas un financement ou une ingérence d’un pays étranger. Ce qui est contraire à toutes les règles et usages de l’investigation journalistique, parlementaire ou judiciaire », insistait-il.
Questions de fond éludées
Entretemps, une plainte a été déposée par la journaliste Nora Bussigny, qui dépose plainte contre le député Paul Vannier pour cyberharcèlement, mise en danger de la vie d’autrui et menaces, en lien avec le sondage.
Fin novembre, le site Global Watch Analysis met en ligne un article dans lequel la rédaction d’Écran de Veille confirme la plainte déposée contre l’élu LFI, et affirme que, depuis la publication du sondage, ses journalistes subissaient « insultes et menaces », et annonce des mesures draconiennes pour protéger l’équipe.
Ainsi, le débat s’est brusquement judiciarisé, au lieu d’être recentré sur les questions de fond, soulevées par les résultats du sondage, aussi contestables ou dérangeants soient-ils. Car, en définitive, ce magazine n’est pas le seul média à avoir alerté sur la radicalité croissante des musulmans, dans l’Hexagone, comme partout ailleurs. Loin s’en faut.
Voir aussi : Reportage Zone Interdite sur l’islamisme : un électrochoc salutaire dans le PAF
Mussa A.


















