Au milieu des controverses franco-algériennes
Né le 4 juillet 1967 à Alger, Mohamed Sifaoui est une figure médiatique qui sait marquer sa présence dans les débats politiques en lien avec les tensions algéro-françaises.
Se présentant comme journaliste d’investigation et spécialiste de l’islamisme, il s’est vu toutefois accusé à de nombreuses reprises de désinformation et de manipulation.
Arrivé en France en 1999, fuyant la guerre civile en Algérie, il a fait une première incursion ratée dans le monde de l’édition, en tentant en vain de s’associer à la rédaction du témoignage d’un ancien officier dissident de l’armée algérienne, Habib Souaidia, sur les massacres en Algérie. Édité chez La Découverte au début des années 2000 sous le titre La sale guerre, cet ouvrage a valu à son auteur des poursuites en justice à Paris.
Soupçonné au début d’être à la solde des services de renseignements algériens, Mohamed Sifaoui est ensuite devenu l’un des opposants les plus acharnés au pouvoir d’Alger. Ses positions le conduiront à se rapprocher de milieux classés à l’extrême droite.
Formation
Diplômé en science politique à Alger (1988). Dans un entretien paru en 2007, il explique avoir, en plus, étudié la théologie deux ans à l’université d’Alger puis deux ans à l’institut islamique de la Zeitouna (Tunis).
Parcours professionnel
Dans les années 1990, il a été journaliste dans plusieurs quotidiens algériens, Le Soir d’Algérie, Horizons, L’Authentique, avant d’être correspondant de Jeune Afrique. En 1999, il quitte l’Algérie pour s’installer en France.
En 2003, il se fait connaître par Mes frères assassins. Comment j’ai infiltré une cellule d’Al-Qaïda (Le Cherche-Midi).
La même année, il reçoit le Grand prix Jean‑Louis Calderon au Festival international du scoop pour J’ai infiltré un réseau terroriste, suivi du prix du Grand Reporter Patrick Bourrat pour Sur la trace de Ben Laden (M6).
En 2004, il publie Sur les traces de Ben Laden (Le Cherche‑Midi).
2018 : il lance le trimestriel Contre‑Terrorisme, diffusion en kiosque.
2020 : il lance la chaîne web islamoscope.tv, diffusant des programmes sur l’islam, l’islamisme et le terrorisme.
2022‑2023 : il est nommé directeur de la communication du club de football d’Angers ; le SCO (L1) d’octobre 2022 à avril 2023, poste qu’il quittera au bout de six mois.
Parcours militant
2015 : il cofonde et préside l’association Onze Janvier, avec le soutien de l’AFVT et de Conspiracy Watch, pour « perpétuer l’esprit Charlie » et produire des contre‑discours.
2016 : il prend part au 48e congrès de la LICRA. Il en démissionne en 2017, dénonçant publiquement un « communautarisme abject ».
Controverses
Son nom a été associé au scandale lié aux Fonds Marianne, en 2023. Selon l’enquête, l’association USEPPM, dont il était l’un des responsables opérationnels, a reçu la dotation la plus élevée. Mohamed Sifaoui affirme avoir été « manipulé » et détaille sa rémunération (43 000 € nets sur 12 mois).
Il est accusé notamment de cumul de rémunérations (conseil et subvention), révélé lors de l’audition au Sénat ; éléments pointés par Marianne et Public Sénat.
En 2022, Angers SCO : sa mise en garde contre des journalistes « déstabilisateurs » provoque des réponses cinglantes de l’Union des journalistes de sport en France (UJSF) et du SNJ ; sa mission au club s’achève rapidement.
Très présent dans les milieux audiovisuels, il intervenait régulièrement sur les plateaux de CNews, aux côtés notamment d’Éric Zemmour.
En Algérie, ses révélations sur la présence de « barbouzes » algériens traquant des opposants dans l’Hexagone ont suscité de nombreuses réactions. Il a été également à l’origine d’une rumeur qui a largement circulé, faisant état d’une évacuation du président Abdelmadjid Tebboune vers un hôpital allemand.
Durant la même période, le nom de Mohamed Sifaoui revient dans les réseaux algériens, à la suite d’une intervention dans laquelle il tirait à boulet rouge sur un parti d’opposition algérien (RCD, laïc), l’accusant de « trahir sa cause ».
Un site algérien le qualifie d’« illusionniste médiatique et faussaire de l’information ».
Publications
- Mes frères assassins. Comment j’ai infiltré une cellule d’Al‑Qaïda, Le Cherche‑Midi, 2003.
- Sur les traces de Ben Laden, Le Cherche‑Midi, 2004.
- Bouteflika, ses parrains et ses larbins, Encre d’Orient, 2011.
- Histoire secrète de l’Algérie indépendante. L’État‑DRS, Nouveau Monde, 2012 ; éd. mise à jour 2014.
- Où va l’Algérie ?… et les conséquences pour la France, Cerf, 2019 ; éd. poche 2022.
- Les Fossoyeurs de la République. Islamo‑gauchisme : l’enquête inédite, Observatoire, 2021.
Collaborations
- Presse/TV : Marianne ; M6 (Enquête exclusive), France 2 ; les plateaux de CNews.
- Revue Contre‑Terrorisme (directeur de la publication, 2018).
- Rupture : média en ligne dirigé par Karim Maloum, où il publie régulièrement des éditoriaux et des entretiens.
- Réseaux communautaires/associatifs : conférences au CRIF (2018 autour de la revue ; 2024 à Strasbourg lors de la sortie de son livre sur le Hamas).
Il l’a dit
« Je considère l’islamisme comme un fascisme. », entretien avec Middle East Quarterly, 2007‑2008.
« Je ne suis pas Jérôme Cahuzac. », BFMTV, au sujet du Fonds Marianne, 18 avril 2023.
« Jean‑Luc Mélenchon est dangereux pour nous tous. », intervention citée par CNews/Radio J, 1ᵉʳ septembre 2024.
Sa nébuleuse
- Milieux laïcs et républicains : cofondateur et président de “Onze Janvier” ; liens réguliers avec Conspiracy Watch/Observatoire du conspirationnisme (Rudy Reichstadt).
- Réseaux institutionnels et communautaires pro‑laïcité : participation à des événements de la LICRA avec laquelle il rompt ensuite ; conférences/événements avec le CRIF.
- Écosystème médiatique conservateur : plateaux sur CNews.
Ils ont dit (sur lui)
« Acteur clivant de la lutte contre l’islamisme. », AFP, repris par Le Point/L’Express, juin 2023.
UJSF (syndicat de journalistes de sport), à propos de ses menaces judiciaires contre la presse locale (2022) : « M. Sifaoui s’arroge le droit de distinguer les bons et les mauvais journalistes […]. »












