Grokipédia est une encyclopédie en ligne lancée le 27 octobre 2025 par Elon Musk et sa société xAI, qui utilise l’intelligence artificielle Grok pour créer une alternative mondiale à Wikipédia. Car, depuis 2023, Elon Musk attaque régulièrement Wikipédia qu’il juge « trop à gauche » et partiale. Avec Grokipédia, le milliardaire entend donc proposer un équivalent « plus rapide et politiquement neutre ». On l’a testé pour vous et voici ce qu’on en a pensé.
Pour vous, chers lecteurs, nous avons comparé les résultats pour plusieurs mots-clés à la fois sur Wikipédia et sur Grokipédia. Le contraste est saisissant.
Le contenu doctrinal sans l’étiquette politique
Par exemple, dans le cas du terme « Rassemblement national » (RN), au début de sa notice, Wikipédia accole l’ancienne appellation du parti – Front national – au nouveau nom du parti, le tout sans précision. La suite de l’article explique qu’il s’agit d’un parti d’extrême droite fondé par Jean-Marie Le Pen, des anciens Waffen-SS, des sympathisants néonazis ainsi que des nostalgiques de l’Algérie française.
Voir aussi : Grokipédia : que vaut le Wikipédia à la sauce Elon Musk ?
De son côté, la notice Grokipédia (uniquement disponible en langue anglaise pour le moment) décrit le parti de Marine Le Pen de manière très différente. En effet, il est dit que le RN est un parti politique français « de premier plan » qui met l’accent sur la souveraineté nationale, le contrôle strict de l’immigration et la protection de l’identité française. Grokipédia explique ensuite dans l’onglet consacré à l’histoire du parti que le RN, « anciennement FN », a été fondé par « Jean-Marie Le Pen, ancien parachutiste et homme politique, en collaboration avec des militants issus de divers groupes nationalistes, dont l’Ordre nouveau, une organisation néofasciste récemment dissoute, ainsi que des monarchistes, des anticommunistes et d’anciens membres de l’OAS opposés à l’indépendance de l’Algérie. »
Les deux articles sont factuellement véridiques. Toutefois, Grok met davantage les informations en perspective et insiste sur la doctrine du parti tandis que Wikipédia cible uniquement les « origines nazies du parti » – excluant de fait les fondateurs qui n’ont pas collaboré.
Les partis à la loupe
Nous avons ensuite tapé le nom d’Éric Zemmour. Sur sa notice Wikipédia, il est décrit comme journaliste, écrivain, essayiste, éditorialiste, chroniqueur, polémiste et homme politique français d’extrême droite. Du côté de Grokipédia, le mot « far-right » (extrême-droite en anglais) n’apparaît que dans les sources, comme pour la notice du RN. Le président de Reconquête est présenté comme « essayiste, journaliste politique, auteur et homme politique français connu pour ses critiques du multiculturalisme, des politiques d’immigration et du déclin de l’identité nationale française ».
Grokipédia semble donc faire abstraction du positionnement politique donné par les médias de grand chemin dans ses notices, sauf quand il s’agit de partis de gauche ou du centre. Pour La France Insoumise (LFI), Grokipédia précise dès le début qu’il s’agit d’un mouvement politique populiste de gauche français. Sur Wikipédia, la FI est décrite comme « relevant de la gauche radicale, classée à la gauche de l’échiquier politique, voire, selon quelques observateurs, à l’extrême gauche », ce qui tranche avec Grokipédia.
Dans le cas du parti Renaissance, Grokipédia le caractérise comme étant un parti libéral centriste, alors que Wikipédia, contrairement au RN et à LFI, n’assigne aucun positionnement politique, précisant simplement qu’Emmanuel Macron en est le fondateur.
Contrairement aux noms de partis, sur la notion d’antifascisme, les deux encyclopédies ont sensiblement la même description : opposition organisée au fascisme apparue lors de l’entre-deux-guerres en réaction à la dictature fasciste en Italie et au nazisme en Allemagne.
Grokipédia précise pour sa part que le fascisme promeut l’ultranationalisme, une autorité dictatoriale et la restriction des libertés individuelles par la coercition étatique. L’encyclopédie Wikipédia, quant à elle, précise que l’antifascisme a été « instrumentalisé par les communistes pour discréditer tout opposant idéologique selon plusieurs chercheurs ».
Une encyclopédie encore en développement
Les détracteurs de gauche affirment que Grokipédia possède un biais volontairement favorable aux partis de droite nationaliste. Un ex-professeur à Cambridge, Richard J. Evans, affirme sans surprise dans le quotidien britannique de gauche The Guardian que sur Grokipédia « les contributions des forums de discussion ont le même statut que les travaux universitaires sérieux ».
Malgré les critiques, le PDG de Tesla reste confiant dans son projet. Il a d’ailleurs expliqué, dans un podcast vidéo américain, le 31 octobre 2025, que Grokipédia n’était pour l’instant qu’à la version 0.1 et en voie d’amélioration. Il assure que lorsque son encyclopédie atteindra la version 1.0, « ce sera dix fois mieux ». Il faudra donc attendre encore quelques jours, voire quelques mois, pour que l’encyclopédie alimentée par Grok atteigne son niveau optimal.
Jean-Charles Soulier

















