Wiki ment parfois, voire souvent, mais pas tout le temps et en fonction des sujets. Ce pourrait être un nouveau proverbe concernant l’ex-encyclopédie libre qui ne l’est plus. Le livre (Cerf éditeur) de Michel Sandrin et Victor Lefebvre lève le voile sur l’envers du décor.
Des auteurs chevronnés
Michel Sandrin est un contributeur régulier de Wikipedia pendant 15 ans, des centaines d’articles créés, des ajouts ou des modifications sur des dizaines d’autres dans un souci constant de recherche de vérité et de précision. Jusqu’au 16 avril 2021 où son compte « Michel 1961 » est bloqué indéfiniment puis transformé en bannissement à vie par les « administrateurs » de Wiki. Son crime ? Il avait critiqué le fonctionnement de l’encyclopédie. Il ne peut pas créer de nouveau compte, la décision est sans recours. Son co-auteur Victor Lefebvre est journaliste et notamment l’auteur du livre-enquête Les Derniers jours de Samuel Paty.
Wiki en France et ailleurs
La version française créée en 2001 compte plus de 2,6 millions d’articles publiés, environ 19000 contributeurs actifs et un peu moins de 150 administrateurs francophones qui y jouent un rôle stratégique. Contre-pied de l’encyclopédie imprimée, produite par des experts et qui exerce un contrôle a priori et non modifiable par la suite, l’encyclopédie numérique est produite par un grand nombre de personnes, pratique un contrôle a posteriori et est modifiable à tout moment.
Et le numérique a tué le papier. L’Encyclopædia Britannica, publiée depuis 1768, ne publie plus de nouvelle version papier depuis 2012. Sa version en France, l’Encyclopædia Universalis, valait 3660€ en 2009 ; en juin 2025, une édition complète de 1985 avec 24 volumes vaut… 43€ sur Amazon.
L’exemple des « sans pagEs »
Les premiers contributeurs de Wiki étaient plutôt des adeptes de la culture geek, technophiles, donc des hommes. C’est pour pallier ce déséquilibre que le projet collaboratif Les sans pagEs est créé en 2016, inspiré des initiatives anglophones Women in Red et Art+Feminism. Le projet est porté par la Suisse Natacha Rault, une association est fondée avec le soutien financier de Wikimedia France et de Suisse. La vice-présidente de Wikimedia France est opportunément la trésorière des sanspagEs. Natacha Rault sera embauchée sur ces fonds.
Objectif : créer le maximum de pages à des femmes ou personnes LGBT ou « racisées ». Natacha Rault exercera son militantisme lors de l’affaire de la Ligue du LOL, des journalistes masculins accusés à tort de harcèlement sexuel et licenciés par leurs rédactions. Le projet collaboratif pro LGBT (être « racisé » est un plus apprécié) se transforme en groupe de pression pratiquant la chasse aux sorcières.
En France, Wikipédia est contrôlé par une oligarchie gauchiste
Sur la version française, le nombre de contributeurs très actifs est inférieur à 1000. Le noyau dur est constitué par une petite communauté de moins de 150 personnes qui tiennent la gouvernance, bloquent ou bannissent des comptes. Si en Croatie la droite nationaliste avait réussi à contrôler le wiki local, en France c’est la gauche radicale qui domine et tout ce qui se situe à droite du Figaro est considéré comme « non fiable ». Automatiquement, les sources de gauche ou d’extrême gauche seront valorisées et les autres diabolisées.
Conclusion : si vous avez besoin de la recette du clafoutis aux cerises ou de savoir la date exacte de Marignan, vous pouvez faire confiance à l’encyclopédie. En revanche, sur tout ce qui touche de près ou de loin à la politique, vous pouvez jeter wiki à la poubelle, il y a de fortes chances que le contenu soit de la propagande. À bon entendeur…
Claude Lenormand
Michel Sandrin, Victor Lefebvre, La Face cachée de Wikipedia, Enquête sur les dérives de l’encyclopédie libre, Cerf, 2025, 20€