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Médias en Europe centrale, Věra Jourová revoit sa copie sur la Hongrie et la Pologne

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22 mai 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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Médias en Europe centrale, Věra Jourová revoit sa copie sur la Hongrie et la Pologne

Temps de lecture : 4 minutes

D’ordinaire très dure envers Budapest et Varsovie, la vice-présidente de la Commission européenne chargée des « Valeurs et de la Transparence » fonce bille en tête contre la nouvelle loi tchèque sur les médias, expliquant que cette dernière pose encore plus de problèmes que la situation de la presse en Hongrie et en Pologne.

Matraquage fiscal de la presse tchèque

Le gou­verne­ment de Petr Fiala veut que les Tchèques se ser­rent la cein­ture. Son pro­gramme d’économie budgé­taire est con­testé, par­ti­c­ulière­ment le volet con­sis­tant en une aug­men­ta­tion de la TVA sur les jour­naux, qui devrait pass­er de 10% à 21%.

Le clan de l’homme d’affaires et ancien Pre­mier min­istre Andrej Babiš est furieux, et voit dans cette aug­men­ta­tion une manière de nuire aux intérêts financiers et poli­tiques du can­di­dat mal­heureux à la prési­den­tielle de jan­vi­er 2023. Mais les médias n’appartenant pas à la sphère de Babiš sont aus­si vent debout con­tre Petr Fiala et cri­ent à une attaque con­tre la démoc­ra­tie et la lib­erté de la presse.

Jourová s’en mêle

Bien qu’elle soit un pur pro­duit de la galax­ie Soros, et aux avants-postes dans le pro­jet inquié­tant de mise en place d’un Euro­pean Media Free­dom Act, Věra Jourová est sor­tie de sa zone de con­fort pour s’en pren­dre au Pre­mier min­istre tchèque, un homme cochant pour­tant de nom­breuses cas­es des canons de la bien-pensance.

Selon elle, cette aug­men­ta­tion de la TVA aura pour con­séquence de « liq­uider » des médias et représente une mesure que « même la Pologne et la Hon­grie n’ont pas prise. » Des pro­pos plus qu’étonnant lorsqu’on sait que Věra Jourová est depuis des années une des grandes fig­ures du dji­had inclusif mené par Brux­elles con­tre Varso­vie et Budapest.

D’autres réactions outrées

Les médias con­cernés par cette aug­men­ta­tion rivalisent de pro­pos acérés à l’encontre de Petr Fiala. Le quo­ti­di­en économique de cen­tre droit Hospodářské noviny, lié aux réseaux Soros, n’y va pas de main morte et utilise la même réthorique que celle déroulée con­tre la Pologne et la Hongrie :

« Le gou­verne­ment de (Petr) Fiala donne des coups de pied aux médias. En procé­dant à des coupes som­bres, il pousse la Tchéquie hors de l’Europe. […] Peu nom­breux sont les gens sains d’esprit à douter du fait que des médias indépen­dants et sérieux sont essen­tiels au bon fonc­tion­nement d’une démoc­ra­tie. Cela est d’autant plus évi­dent actuelle­ment, alors que l’Europe est exposée à des cam­pagnes de dés­in­for­ma­tion financées par des régimes auto­cra­tiques, en par­ti­c­uli­er la Russie de Pou­tine. On s’attendrait donc automa­tique­ment à ce que le gou­verne­ment tchèque com­prenne cela et, à tout le moins, à ce qu’il ne jette pas de bâtons dans les roues des médias indépen­dants. Mal­heureuse­ment, ce n’est pas le cas. Selon le ‘paquet de con­sol­i­da­tion’ présen­té par le cab­i­net Fiala, le taux de TVA appliqué aux jour­naux passera de 10 à 21 %. C’est un coup dur économique­ment pour les médias indépen­dants. […] Jusqu’à présent, nous pou­vions con­sid­ér­er faire par­tie nous aus­si des pays dévelop­pés dans ce domaine, bien qu’avec quelques réserves, car 10%, c’était, avouons-le, déjà trop. Désor­mais, mal­heureuse­ment, à cause du gou­verne­ment Fiala, nous nous rap­pro­chons des stan­dards russ­es. Une taxe sur la presse indépen­dante dix fois plus élevée qu’en France, c’est vrai­ment de la psy­chose fis­cale tchèque. »

Prague bientôt dans le même sac que Budapest et Varsovie ?

Le cas de Fiala et de la Pologne mon­tre qu’il ne suf­fit pas de s’agenouiller devant les vach­es sacrées de la reli­gion pro-Kiev pour échap­per à la patrouille brux­el­loise. Tout comme Budapest, Varso­vie n’a pas encore reçu ses fonds qui lui revi­en­nent nor­male­ment dans le cadre du plan de relance de l’UE.

Petr Fiala était jusqu’à cette sail­lie de Věra Jourová un dirigeant pro­pre et con­ven­able, à un tel point qu’il s’est même effor­cé d’encore plus abimer la coopéra­tion de Viseg­rád, déjà en sale état en rai­son des dif­férends entre la Hon­grie et la Pologne sur la ques­tion russe. La Tchéquie rejoin­dra-t-elle le club des mou­tons noirs de l’UE ? Si Fiala n’amende pas sa lég­is­la­tion sur la presse, c’est possible.

Pho­to : crédit Lukasz Kobus. Source : Wiki­me­dia

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