Ojim.fr

Je fais un don

En soutenant aujourd’hui l’OJIM, vous nous aidez à vous informer sur ceux qui vous informent et vous maintenez un espace de liberté sur la toile. Vous avez besoin de l'OJIM ? Nous avons besoin de votre soutien ! Ensemble "on les aura !"

Je fais un don

En soutenant aujourd’hui l’OJIM, vous nous aidez à vous informer sur ceux qui vous informent et vous maintenez un espace de liberté sur la toile. Vous avez besoin de l'OJIM ? Nous avons besoin de votre soutien ! Ensemble "on les aura !"

Le sondage sur le rapport des musulmans à l’islam et l’islamisme fait vriller les médias

24 novembre 2025

Temps de lecture : 6 minutes
Accueil | Veille médias | Le sondage sur le rapport des musulmans à l’islam et l’islamisme fait vriller les médias

Le sondage sur le rapport des musulmans à l’islam et l’islamisme fait vriller les médias

Temps de lecture : 6 minutes

Le sondage sur le rapport des musulmans à l’islam et l’islamisme fait vriller les médias

L’IFOP vient de pub­li­er un rap­port sur le rap­port des musul­mans de France à l’islam et à l’islamisme. Il fal­lait en par­ler, et les médias de grand chemin sem­blent le faire à contrecœur.

Le grand remplacement, ce fantasme prouvé par les chiffres

Il faut recon­naître aux médias une cer­taine per­sévérance. Radio France rap­pelle benoîte­ment que l’islam est en France « habituel objet de fan­tasmes ». « Il n’y a ni rem­place­ment, grand ou petit, ni islami­sa­tion de la France », com­plète l’article avec des références sub­tiles à Renaud Camus. Il se trou­ve que 7 % des per­son­nes de plus de quinze ans et vivant en France se déclar­ent musul­manes, d’où la jubi­la­tion de Radio France. Une sta­tis­tique qui ne fait pas bon ménage avec une autre : entre 18 et 22 % des nou­veaux-nés por­tent un prénom d’origine musul­mane, un chiffre qui dif­fère selon les méthodolo­gies. Dans cer­tains départe­ments, cela con­cerne la majorité des nais­sances. De quoi expli­quer le fan­tasme de l’islamisation dénon­cé par Radio France.

Le Point rejoint toute­fois son analyse, affir­mant qu’« entre 1985 et 2025, la part des sondés qui se déclar­ent musul­mans a été mul­ti­pliée par sept. Toute­fois, elle reste mod­este, pas­sant de 1 % à 7 %. Pas de grand rem­place­ment religieux au pro­gramme, l’is­lam reste très minori­taire dans notre pays. » Le proces­sus n’a pas l’air de cho­quer le jour­nal­iste, qui a pour­tant mis des courbes dans son arti­cle, ce qui sig­ni­fie qu’il en maîtrise le con­cept. Le Dauphiné Libéré a lui aus­si des dif­fi­cultés sur ce point.

Ce que le sondage révèle sur le voile

Le rap­port de l’IFOP a mal­heureuse­ment le mau­vais goût de cor­re­spon­dre aux fan­tasmes, et Radio France est notam­ment oblig­ée de recon­naître que si les musul­manes ne sont « pas plus nom­breuses à porter le voile », « il se banalise chez les jeunes ». Dans la majeure par­tie des cas (59%) à cause d’une pres­sion sex­uelle et sociale, ce qui pour­rait intéress­er les fémin­istes. BFM TV ne relèvera d’ailleurs pas cette don­née, expli­quant que « les femmes choi­sis­sant de porter le voile le font majori­taire­ment pour respecter une oblig­a­tion religieuse ». Ce dernier média recon­naît néan­moins que « de plus en plus de musul­manes le por­tent par fierté et pour mon­tr­er leur appar­te­nance religieuse », ce qui mon­tre mal­heureuse­ment qu’il s’agit bel et bien d’un étendard.

Le Dauphiné Libéré ou l’art de noyer le poisson

Le Dauphiné Libéré est par­ti­c­ulière­ment doué pour maquiller les chiffres por­tant sur le voile : « Si 80 % invo­quent la reli­gion par­mi leurs moti­va­tions, près de la moitié met­tent en avant le sen­ti­ment de sécu­rité qu’il leur pro­cure, notam­ment face au regard des hommes. Seules 2 % (6 % en 2016) dis­ent le porter “sous pres­sion des proches”. » Les résul­tats du rap­port sont les suiv­ants : « Ce voile­ment est avant tout le fruit d’une injonc­tion religieuse (80%) mais il exprime aus­si une fierté d’appartenance crois­sante – 38% le font pour mon­tr­er “leur appar­te­nance à leur reli­gion” et un besoin de pro­tec­tion face aux pres­sions pesant sur les femmes dans l’espace pub­lic : 44% dis­ent le porter pour “ne pas attir­er le regard des hommes”, 42% pour “se sen­tir en sécu­rité”, 15% pour “ne pas être perçue comme une femme impudique”, et 2% “sous la pres­sion directe de proches”. » D’abord, Le Dauphiné par­le d’une reli­gion [invo­quée par­mi les moti­va­tions] des musul­manes qui se voilent. Or, selon le rap­port, il s’agit d’une « injonc­tion ». Les mots ont un sens, une injonc­tion n’est pas une moti­va­tion, et en général, les jour­nal­istes le savent. Ensuite, le jour­nal évoque par­mi les moti­va­tions « un sen­ti­ment de sécu­rité face au regard des hommes ». Il s’agit de plus que cela puisqu’il est ques­tion de [ne pas attir­er leur regard]. Enfin, un mot manque lorsque Le Dauphiné explique que « seules 2 % dis­ent le porter “sous pres­sion des proches”. » C’est « direct ». 2 % subis­sent une pres­sion directe. Les autres ont peur, par exem­ple, de pass­er pour une « femme impudique », ce qui s’assimile à une pres­sion… indirecte.

Surtout, ne parlons pas de l’intégrisme islamique

L’article de BFM TV sem­ble vouloir éviter tous les sujets qui fâchent. Il com­mence par expli­quer longue­ment que les musul­mans se déclar­ent plus religieux que la moyenne des Français, qu’ils sont plus pra­ti­quants, pour ensuite don­ner quelques exem­ples. Ils prient, ils vont à la mosquée, ils font le Ramadan, ils ne boivent pas d’alcool. Rien donc de par­ti­c­ulière­ment inquié­tant. Ce n’est qu’à la fin que l’article men­tionne le voile, puis l’intégrisme. Ce rap­proche­ment avec l’intégrisme est d’ailleurs sys­té­ma­tique­ment min­imisé. Sud-Ouest explique ain­si que « plus de la moitié (52 %) se dis­ent éloignés du courant de pen­sée des Frères musul­mans, mais l’étude con­clut qu’un musul­man sur trois (33 %) affiche de la sym­pa­thie pour au moins une mou­vance islamiste, dont 23 % pour les Frères musulmans ».

L’article omet de pré­cis­er que « 42% des jeunes musul­mans inter­rogés approu­vent totale­ment ou en par­tie les posi­tions des islamistes, soit 13 points de plus qu’en 1998 » (BFM TV). Le Point y va égale­ment de sa ten­ta­tive, et affirme que les 3% de musul­mans qui ont de la sym­pa­thie pour le dji­hadisme « sus­ci­tent un rejet franc et mas­sif chez un grand tiers des musul­mans ». Le rejet mas­sif en ques­tion est le suiv­ant : « Ils sont 37 % à se posi­tion­ner le plus loin pos­si­ble des Frères musul­mans et du dji­hadisme, sur une échelle de 1 à 10 ». On ne saura pas où se situent les 73% restants.

Haro sur l’intégrisme… catholique

Bref, les médias font tout pour noy­er le pois­son. En la matière, BFM TV a fait fort. Amélie Rosique, chroniqueuse, est allée jusqu’à se dire ter­ror­isée par l’intégrisme catholique qui gag­n­erait du ter­rain dans les pris­ons français­es. (elle s’est excusée ensuite ain­si que la chaîne). Il s’agit en fait des mou­vances d’ultradroite, et le rac­cour­ci en dit long sur les cibles des médias. D’autant que Sud-Ouest tente lui aus­si de reli­er les inté­gristes musul­mans et les inté­gristes catholiques. Il cite d’abord François Kraus, directeur de l’Ifop, qui explique que « les jeunes musul­mans se mon­trent sys­té­ma­tique­ment plus rig­oristes et rad­i­caux que leurs aînés ». Et ajoute : « Ce phénomène est aus­si per­cep­ti­ble dans le monde catholique.

En avril dernier, la Con­férence des évêques de France l’a con­fir­mé : plus de 17 800 per­son­nes devaient recevoir le bap­tême à Pâques, soit 45 % de plus qu’en 2024. Avec une forte représen­ta­tion (45 %) des 18–25 ans. » Pour Sud-Ouest, un jeune qui demande le bap­tême est un catholique rad­i­cal et rig­oriste. Qui a dit que Sud-Ouest était un quo­ti­di­en de grand chemin ?

Adélaïde Motte

Cet article vous a plu ? Vous souhaitez en lire d’autres ? Soutenez l’OJIM, faites un don en ligne !

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés