Lors de sa tournée des quotidiens de province sous le signe de la lutte contre la désinformation, le Président a relancé son idée de labellisation des médias, une sorte de ministère de la Vérité, une idée plus ancienne de RSF sous le nom anodin de Journalism Trust Initiative. L’envers du miroir est moins innocent.
Relance d’une vieille idée
À Arras, devant des lecteurs de La Voix du Nord, le chef de l’État disait vouloir « tout faire pour que soit mis en place un label » professionnel pour les réseaux sociaux et sites d’information, afin de signaler ceux qui seraient « dignes de confiance » et mieux lutter contre la désinformation. Il proposait de distinguer les plateformes commerciales des médias « d’information » et renvoyait l’attribution du label à des « professionnels », en citant explicitement comme référence la Journalism Trust Initiative (JTI) portée par Reporters sans frontières (RSF).
Les tentatives d’encadrer l’information n’ont pas manqué sous les présidences Macron 1 et 2. Désinfox Coronavirus pendant la pandémie de 2020 n’a laissé que de mauvais souvenirs. La commission Bronner « Les Lumières à l’heure du numérique » s’était prononcée pour la diffusion d’une liste positive à l’intention des annonceurs. Un peu plus tard, Viginum était créé pour lutter contre les ingérences étrangères (russes uniquement ; les ingérences américaines, elles, sont les bienvenues).
On se souvient aussi du défunt Decodex du Monde qui donnait des feux rouges (attention désinformation !), oranges (désinformation possible) ou verts (bonne information) aux médias. Surprise Le Monde était en vert, l’OJIM en orange et Valeurs actuelles en rouge… Les États généraux de l’information, que nous avons longuement analysés, avaient exprimé leurs réserves devant ces initiatives.
Le JTI des commissaires politiques de RSF
Reporters sans frontières (RSF) s’est transformée depuis longtemps en police des médias, abandonnant sa vocation première. C’est RSF qui a lancé le Journalism Trust Initiative en 2018. À travers 130 critères, les médias volontaires sont priés de s’auto-évaluer puis de soumettre les résultats à un cabinet indépendant labellisé par RSF. Cette analyse est payante et seulement 17 médias auraient obtenu la fameuse étiquette. L’étiquette en question permettrait d’obtenir trois choses belles et bonnes :
- une meilleure disposition des algorithmes pour diffuser ses messages.
- une bienveillance marquée pour les subventions publiques.
- une meilleure exposition publicitaire pour les annonceurs.
Pour les autres ? C’est très simple, les algorithmes les invisibilisent, les subventions publiques sont supprimées et le boycott des annonceurs suivra. La mort lente et presque discrète des médias non autorisés. Bienvenue au Miniver, le ministère de la Vérité rêvé par Orwell et dont la construction est reprise par le couple politique RSF/Macron. Bon Noël quand même !
Claude Lenormand
















